Macky Sall est le premier Chef d’État africain à être convié par le Medef à Paris

Le Président de la République, Macky Sall, est attendu en France les 26 et 27 août prochains pour une visite de travail dans le cadre de la relance des activités économiques post-Covid-19. Devant le patronat français qui l’invite à son Université d’été 2020, le Chef de l’État portera la voix de l’Afrique, du Sénégal en particulier, pour exposer notamment l’environnement favorable des affaires qu’offre notre pays à ses partenaires mondiaux. Ce, sans exclusivité. Dans cet entretien, l’ambassadeur Magatte Sèye revient sur l’importance de cette visite et toutes les mesures, particulièrement sécuritaires, qui l’entourent dans un contexte de crise sanitaire mondiale.

Le Président de la République a répondu favorablement à l’invitation du Mouvement des entreprises de France (Medef) pour prendre part à la 21ème édition de son Université d’été qui se tient depuis 1999. Selon l’ambassadeur du Sénégal en France, cette rencontre est d’une grande importance, car elle est l’activité économique de la rentrée en France. C’est, entre autres, un moment pour le patronat français de définir les grandes orientations économiques pour le secteur privé. Le choix porté sur le Président de la République exprime la reconnaissance d’un leadership au niveau national certes, mais également à l’échelle régionale. Il convient de souligner que Macky Sall est le premier Chef d’État africain à être convié à ce rendez-vous important. Sa gestion de la crise sanitaire du coronavirus au niveau national mais aussi les grandes thématiques qu’il a portées au niveau continental ont, entre autres, motivé le choix du Medef pour en faire l’invité d’honneur de l’Université d’été édition 2020. Ainsi, le Chef de l’État portera bien évidemment la voix du Sénégal mais également celle de l’Afrique.

La pandémie de la Covid-19 nous a poussés à réfléchir sur nos modèles économiques, nos interactions et nos dynamiques de partenariats. La question des chaines de production a été un sujet brûlant qui a interpellé Gouvernements et secteur privé. Elle a également fait ressortir la problématique de la souveraineté économique avec pour corollaires les nécessités de relocalisation de certaines industries. Dans ce contexte de quasi refondation de l’ordre économique mondial, il est essentiel que la voix de l’Afrique soit entendue et ses positions prises en compte. Il est important de projeter l’image réelle de l’Afrique qui a un potentiel énorme, offrant de réelles opportunités et qui ne présente pas plus de risques que les autres destinations. C’est donc dire qu’il est plus que jamais nécessaire d’engager la réflexion et d’entreprendre les actions idoines pour un partenariat rénové entre l’Afrique et ses partenaires occidentaux, en particulier la France. Un tel partenariat pourrait se structurer autour d’une volonté de bâtir un espace de souveraineté économique euro-africain. Cela offrirait aux entreprises françaises, par exemple, l’opportunité de délocaliser certaines unités de production au Sénégal qui est seulement à cinq heures de vol et qui a un environnement des affaires favorable et une stabilité politique avec un ancrage démocratique solide. Pour l’Afrique, en général, et le Sénégal, en particulier, un tel partenariat aiderait à renforcer le tissu industriel et à créer des emplois et de la valeur ajoutée.

La dette africaine est un fardeau qui pèse sur l’ensemble des pays du continent. La gestion de la pandémie de la Covid-19 qui a nécessité la mobilisation de ressources exceptionnelles a fait ressentir plus que par le passé le besoin pour nos économies d’être soulagées du service de la dette et ainsi réinvestir ces ressources dans des secteurs prioritaires comme celui de la santé. Cette question doit être discutée, de manière lucide et objective, entre l’Afrique et ses partenaires si, en plus, on tient compte du fait que la dette africaine qui tourne autour de 350 milliards d’euros représente moins de la moitié du plan de relance de l’Union européenne. Mais, il convient de retenir que même si la question de la dette reste un sujet important, le Président Macky Sall a également porté des sujets tout aussi importants que la définition d’un nouvel ordre économique mondial dans lequel l’Afrique jouerait pleinement son rôle. Cela est d’autant plus impérieux qu’en dépit des projections alarmistes sur les conséquences de la pandémie de la Covid-19 en Afrique, des pays comme le Sénégal ont montré une réelle capacité de résilience. La gestion transparente des informations liées à la pandémie, les mesures sociales importantes, l’accompagnement accordé au secteur privé national et l’assistance à la diaspora sont, par exemple, des actions menées par le Président Macky Sall et qui ont été saluées un peu partout, particulièrement en France. C’est donc dire qu’en plus de la question de la dette, la voix du Chef de l’État est attendue sur beaucoup de sujets d’importance.

Devant le patronat français, le Président de la République pourrait évoquer les mesures adoptées au niveau national pour endiguer la pandémie afin de soutenir la population et les entreprises en ces périodes difficiles mais aussi le Plan de relance de l’économie nationale. Puisque le coronavirus pourrait être parmi nous pour encore quelques temps, il nous faut apprendre à vivre avec lui. Macky Sall devrait ainsi partager avec ses hôtes ses réflexions sur les nouvelles manières d’organisation du travail, les nouveaux types de partenariat entre les Gouvernements et les orientations qu’il convient de donner à nos économies.

Les relations entre la France et le Sénégal sont anciennes, solides et fondées sur la confiance réciproque. Mais, elles ont besoin d’être toujours consolidées et revisitées pour éviter la routine et des perceptions déformées par le prisme des pseudo-certitudes. En France comme au Sénégal, des dynamiques nouvelles s’instaurent, portées par de nouveaux leaderships. Pour ce qui est du Sénégal, des efforts importants ont été réalisés dans pratiquement tous les secteurs avec l’accompagnement de plusieurs partenaires y compris la France. Aujourd’hui, le Sénégal a élargi son cercle d’amitiés et il n’y a aucune exclusivité pour aucun de nos partenaires au développement. Cependant, nos rapports avec la France restent privilégiés, car pour ne citer qu’un exemple, celui du tourisme, ce pays est le premier marché pour le Sénégal. Plusieurs entreprises françaises sont implantées au Sénégal et notre coopération économique est excellente. Nous avons également, sur le plan politique, de très bonnes relations et des échanges sur les grands enjeux globaux. Un aspect important de ma feuille de route en tant qu’ambassadeur est de promouvoir les investissements du secteur privé français au Sénégal et d’inciter à l’implantation de certaines entreprises dans notre pays. Cela, nous le faisons, conformément aux instructions du Chef de l’État, avec le secteur privé sénégalais. En effet, le Président Macky Sall tient particulièrement à ce que le secteur privé national soit pleinement impliqué dans la promotion des investissements directs étrangers en vue de lui offrir la possibilité de nouer des partenariats pouvant assurer sa pleine participation au développement économique du pays, d’après le diplomate.




Avec Le Soleil

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