Me Madické Niang sur les EUROBONDS: « Il y a eu un dépassement budgétaire de plus de 600 milliards de F Cfa »
Le débat autour des eurobonds récemment émis par l’Etat du Sénégal est loin de connaitre son épilogue. Certains députés de l’opposition, réunis hier en conférence de presse, ont révélé qu’en fait, l’Etat a outrepassé les autorisations budgétaires de l’Assemblée nationale. Ce qui est grave et traduit un manque de respect du pouvoir Législatif, selon Me Madické Niang.
À quoi sert le marathon budgétaire au Sénégal ? Voilà une question qui mérite d’être posée. En effet, conformément aux principes qui gouvernent les finances publiques, aucune dépense, aucune recette ne peut être exécutée sans l’autorisation de l’Assemblée nationale.
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Au Sénégal, ce principe tend à devenir une véritable exception. Les dépassements budgétaires sont la règle. Pour Me Madické Niang, Président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, ces débordements ne sont ni plus ni moins qu’un manque de respect pour l’Assemblée nationale. Il en veut pour preuve la récente émission des eurobonds par l’Etat du Sénégal. “Le gouvernement, dans une opacité manifeste, a emprunté sur le marché financier international des eurobonds d’un montant de 1 200 milliards de francs Cfa.
Un chiffre qui dépasse de très loin le montant de 641 milliards autorisé dans la loi de finances 2018. Un non-respect des autorisations qui a comme conséquence l’augmentation sans précédent de l’encours de la dette qui était déjà programmé pour un montant doublement inférieur’’, fustige le député. Pire, estime le parlementaire, ces euro-obligations levées par le Sénégal ne font qu’aggraver la situation économique et sociale du pays qui croule sous le poids de la dette.
Un record historique
“En une année, le Sénégal s’est endetté à hauteur de près de 1 500 milliards de francs Cfa. Un record historique ! Le niveau d’endettement dépasse 65 % du Pib, si on tient compte des chiffres annoncés par le gouvernement. Mais, dans la réalité, le Sénégal dépasse les normes de l’Uemoa, à savoir 70 %. Les services de la dette ont atteint 37 % des recettes fiscales dans la loi de finances 2018. Une situation inédite qui risque de se détériorer avec l’eurobond’’, renseigne Me Madické Niang.
Le parlementaire estime que l’heure est grave. En tant que député, il tient à alerter la population. “Il est de notre devoir et de notre responsabilité de dénoncer cette situation et de tirer la sonnette d’alarme. C’est pourquoi nous attirons l’attention des Sénégalais sur le danger qui guette notre pays, intimement lié au manque de respect de notre institution par le gouvernement.
Il ne fait plus aucun doute que le pays va vers un marasme total, si des mesures urgentes et vigoureuses ne sont pas prises’’, informe-t-il. Pour le libéral, si le pays est dans une telle situation, c’est parce que le gouvernement a pris des “décisions tatillonnes et irréfléchies en matière d’investissement, sans évaluation économique et financière, sans analyse coût/bénéfice, mais sur la base de recherche de prestige personnel.
Pour ne pas avoir associé le parlement, le gouvernement assume seul les conséquences de ces choix qui ont conduit aux difficultés auxquelles notre pays fait face. Le gouvernement viole les lois du pays pour espérer arriver, en vain, à bout de cette difficile situation du pays dans une approche calamiteuse. L’avenir du pays est en train d’être hypothéqué’’, fulmine le parlementaire, non sans ajouter que la signature du Sénégal est en train d’être mise en péril par les services d’Amadou Ba.
Pour étayer ses propos, il invoque les récentes sorties du Fonds monétaire international (Fmi) qui est allé jusqu’à demander au gouvernement de reporter l’utilisation d’une partie des eurobonds sur le prochain budget. Le bras droit d’Abdoulaye Wade est convaincu que Macky Sall et son régime sont en train de tout faire pour tromper le peuple. Il dit : “Nous dénonçons l’opacité de la gestion de nos finances publiques. Nous dénonçons le maquillage des chiffres par le ministère de l’Economie et des Finances.’’
- EnQuete