DENI BIRAME NDAO : 100 ha octroyés en bail pour un projet immobilier

Pris au dépourvu le 28 mars par des bulldozers qui ont détruit un hectare de manguiers, des exploitants agricoles dans la zone de Déni Birame Ndao (commune de Bambylor) ont étalé leur frustration samedi. Détenteurs de délibération délivrée par l’ancienne communauté rurale de Sangalkam, ils se sont résignés à quitter le fruit de leur labeur de nombreuses années. Tout ce qu’ils demandent, c’est d’être indemnisés comme il était convenu avec le promoteur immobilier.

Un hectare de manguiers détruits et une superficie plus importante en sursis dans la zone de Déni Birame Ndao (commune de Bambylor). C’est pour dénoncer cette situation que les populations de la localité ont réagi pour alerter l’opinion. «Si vous voyez la colère des gens aujourd’hui, c’est que le 28 mars, un promoteur immobilier du nom de Abdoulaye Dieng a envoyé ses bulldozers détruire un hectare de manguiers, soit 200 arbres qui étaient en phase de production», a noté samedi Bira Cissé, porte-parole de la coopérative agricole Saam sa moomél.

Cette opération est intervenue alors qu’ils s’en attendaient le moins. «Le mercredi, on est allé voir le préfet et il nous a rassurés que nous ne serions pas dépossédés sans au préalable être indemnisés. Et le lendemain, M. Dieng est venu avec ses bulldozers», a expliqué le porte-parole, appelant les autorités à «ramener à la raison» ce dernier qui, à la faveur d’un bail, a bénéficié de 100 hectares sur la zone présentement occupée par pas moins de 32 exploitants agricoles.

Les terres en question sont situées sur le Tf 19/75, connu sous le nom de Bertin et objet de fréquents litiges. «Ce que nous demandons, c’est que les autorités qui ont donné ces terres rappellent au promoteur ses obligations. Elles doivent exiger de lui qu’il respecte ses engagements», a soutenu Babacar Diop, un exploitant d’un champ de 10 hectares. «Nous ne sommes plus tranquilles. Chaque jour, nous arrêtons toutes nos activités et venons nous regrouper ici pour ne pas être surpris à nouveau», a t-il expliqué. «Si on peut donner un bail à un étranger qui n’a jamais mis un arbre fruitier dans la zone, pourquoi on ne donnerait pas des baux à ceux qui, depuis des années, exploitent ces terres», a regretté dans la lancée M. Diop. Tout ce qu’ils demandent, c’est d’être indemnisés avant de quitter. «Ils (les exploitants) sont d’accord pour quitter, mais à condition qu’on leur paye intégralement les sommes évaluées par la commission des impenses», a posé comme préalable Bira Cissé, malgré la modicité de la somme issue de l’évaluation. «C’est le président de la Commission d’évaluation des impenses, en l’occurrence l’adjoint du préfet de Rufisque, sous la supervision des structures concernées, à savoir le Cadastre, les Eaux et forêts, les agents de l’Agriculture qui a fait l’évaluation et qui l’a présentée.

Les propriétaires avaient donné leur accord bien que les sommes évaluées ne correspondaient pas aux valeurs réelles et M. Dieng avait assuré qu’il allait le faire», a rappelé M. Cissé circonspect du revirement opéré par le promoteur. «Il s’est soudainement ragaillardi pour dire qu’il ne va plus payer parce que ces terres lui appartiennent et qu’on doit déguerpir.

Dans cette zone, la Caisse des dépôts et consignations a indemnisé, la Caisse de sécurité sociale a fait de même, mais lui dit qu’il ne va indemniser personne. Qui est-il pour poser cet acte ?», s’est interrogé le porte-parole.

Les esprits se sont réchauffés lors de la rencontre qui a vu la présence d’une centaine de personnes. «Abdoulaye Dieng est venu derrière nous pour détruire nos propriétés. Il clame qu’il ne va indemniser personne. Nous l’attendons, lui et ses bulldozers, car la prochaine fois qu’il viendra ici, il ne s’en sortira pas indemne», a averti Pathé Fall, propriétaire d’une exploitation de 5 hectares sur le site. Ancien député sous le magistère de Abdoulaye Wade, originaire de la région de Matam, Abdoulaye Dieng que nous avons joint pour recueillir sa version a juste promis de réagir ultérieurement.

  • LeQuotidien
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.