Au Sénégal, le lac Rose a perdu sa couleur

Sur les bords du lac Rose, les extracteurs de sel minés par la montée des eaux, selon Rfi. Au Sénégal, le lac Retba, surnommé « lac Rose », qui attire chaque année des centaines de milliers de touristes, a perdu sa couleur à la suite de fortes pluies. Un coup dur pour l’industrie du tourisme, mais aussi pour les extracteurs de sel qui y travaillaient depuis des années et ne peuvent plus récolter le précieux or blanc.

Sur les rives du lac Rose, l’ancien quartier des extracteurs de sel est à l’abandon. Boubou Gaye, un guide qui vend aussi du sel, ne reconnaît plus le paysage. « Il y avait presque des montagnes de sel ici. À l’arrivée, on apercevait ces montagnes de loin », raconte-t-il à nos confrères de Rfi.Vers des actions urgentes pour sauver le Lac Rose, Photo Abdoulaye LY Le Berger HitechFin août dernier, l’activité s’est arrêtée brutalement. Après de fortes pluies, le niveau du lac a augmenté de 3 mètres. Du jamais vu pour Maguette Ndiour, président de la coopérative des exploitants de sel du lac Rose : « Auparavant, c’étaient seulement les eaux de pluies qui tombaient dans le lac, cela ne posait pas de problème. Mais cette année, toutes les eaux de la banlieue ont été drainées ici : Keur Massar, Bambilor, Rufisque… Ce qui a causé d’énormes problèmes pour ceux qui travaillent dans l’extraction du sel », regrette M. Ndiour.

Les extracteurs artisanaux ne peuvent plus récupérer le sel cristallisé au fond du lac devenu trop profond. Ils soupçonnent aussi qu’une partie s’est dissoute. Sur les rives du lac, il ne reste plus que quelques dizaines de gros sacs de sel à vendre. À côté, les machines à ioder le sel prennent la poussière : « Ça ne tourne plus, vous avez vu dans quel état elles sont. C’est rouillé, il y a la corrosion, des toiles d’araignées. Plus personne ne travaille ».

Le bureau de Maguette Ndiour est désormais fermé la plupart du temps. Trois mille extracteurs se sont retrouvés au chômage, sans compter les emplois indirects comme la transformation et le commerce. « Il y avait des marchands qui venaient vendre les petits déjeuners, d’autres pour vendre des cacahuètes… »

Ouba Sagna travaillait comme extracteur de sel depuis dix ans. Il pouvait gagner jusqu’à 15 000 francs CFA (23,04 euros) les meilleurs jours. Quand il a perdu son emploi en août, il a dû partir à Dakar chercher du travail : « On était obligé d’aller chacun de son côté pour trouver quelque chose à faire. Comme cela n’allait plus au lac, j’ai été obligé de partir ».

Beaucoup de travailleurs venus des pays voisins comme le Mali ou la Guinée attendent, eux, la reprise des travaux des champs à la saison des pluies. En attendant, les acteurs du secteur ont décidé de se mobiliser pour tenter de faire baisser le niveau de l’eau du lac. « On est en train de voir avec des pompes comment faire pour baisser le niveau d’eau. C’est une chose difficile et on commence avec les moyens du bord. On a commencé le 25 février à pomper les eaux du lac pour que ça baisse et pour que nous puissions reprendre l’activité. Mais jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune aide des autorités ».

Les pertes sont déjà immenses : la vente du sel représente plus de 4 milliards de francs CFA par an, soit près de 6,5 millions d’euros, selon la source.

Source Avec RFI
Par Juliette Dubois
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