Amadou Ba – Premier Ministre : que «l’Afrique consomme ce qu’elle produit, produit ce qu’elle consomme»

Amadou Ba trace le chemin de l'Afrique des solutions avec une agriculture moderne

Le Premier Ministre Amadou Ba a présidé ce vendredi au CICAD, la cérémonie de clôture de la 2ème édition de la Conférence internationale de Dakar sur l’agriculture organisée autour de la thématique : « nourrir l’Afrique, souveraineté alimentaire et résilience ».

Cet important événement, organisé conjointement par le Gouvernement du Sénégal et la Banque africaine de Développement a réuni des sommités qui ont échangé et partagé durant trois jours sur les enjeux d’une agriculture moderne en Afrique capable de nourrir les africains. Les experts ont passé en revue les décisions issues du dernier Sommet de Dakar, afin de déterminer les voies et moyens de leur mise en œuvre rapide et intégrale.

Dans son allocution de clôture, le Premier Ministre a évoqué le chemin de l’Afrique des solutions avec une agriculture moderne qui va assurer la souveraineté alimentaire.

« Il y a le chemin de l’Afrique des problèmes, qui nous maintient dans le statut quo d’une agriculture qui continuera de nous exposer à la précarité alimentaire, et le chemin de l’Afrique des solutions, qui nous met dans la perspective d’une agriculture moderne, et nous conduit, au-delà de la résilience, vers la souveraineté alimentaire », a dit Amadou Ba.
Selon lui, Dakar 2 s’inscrit résolument dans la dynamique de l’Afrique des solutions ; une Afrique qui puise dans son énorme potentiel pour se nourrir par elle-même et aider à nourrir le monde.


De l’avis du Premier Ministre, les récents chocs exogènes de la pandémie de la COVID-19, les changements climatiques et la guerre en Ukraine ont mis en évidence, l’importance pour nos Etats, de relever les défis de sécurisation de nos populations par le renforcement de nos capacités endogènes de défense nationale et de souveraineté alimentaire.


Selon lui, ces enjeux devenus priorités et conditions préalables à tout développement appellent tous les citoyens africains, notamment les dirigeants politiques, les leaders communautaires, les chercheurs, les producteurs et autres acteurs, à se regrouper autour d’un agenda africain défini par les Africains et piloté par les Africains.
Il cite à titre d’exemple, les nombreuses initiatives prises à l’échelle du continent dont l’Agenda 2063 de l’Union africaine, le NEPAD, les engagements de Maputo visant à garantir un financement budgétaire minimum de 10% et les 5 priorités de la BAD dont le Programme « Nourrir l’Afrique ».


A en croire le le Premier Ministre Amadou Ba, c’est aussi le combat que mène le Président Macky Sall, qui, « depuis qu’il est porté à la tête de notre organisation continentale, ne cesse de plaider pour que l’Afrique soit présente dans les instances de gouvernance mondiale. Ce qui permet à l’Afrique de défendre elle-même son agenda et de proposer les réformes nécessaires sur le plan multilatéral ».
Par ailleurs, parlant de la flambée des prix des denrées de première nécessité, le chef du Gouvernement du Sénégal souligne que depuis 60 ans, jamais l’accès aux denrées alimentaires de base n’avait été aussi difficile et coûteux. Il relève ainsi le paradoxe évoqué par le président Macky Sall lors de la cérémonie d’ouverture. « A la suite de nos chefs d’Etat, nous l’avons tous souligné, c’est un paradoxe que l’Afrique, continent le plus vaste du monde avec 30 millions de km2, plus de 60% de la population active et disposant des plus importantes ressources en eau, en terres arables, et en énergie renouvelable, soit le continent le plus dépendant pour assurer la subsistance de ses enfants, a ajouté Amadou Ba.
Il soutient que l’engagement politique des leaders réaffirmé à Dakar, commande de passer à l’action en apportant les ruptures nécessaires, en commençant par changer de paradigme. « Il est venu le moment de rompre avec la dépendance vis-à-vis d’autres pays, parfois moins dotés en ressources mais qui ont réussi à se rendre incontournables sur le marché mondial des produits alimentaires », invite le Premier Ministre Ba.


D’après lui, le nouveau paradigme de souveraineté alimentaire préconise que « l’Afrique consomme ce qu’elle produit, produit ce qu’elle consomme ». Il priorise un approvisionnement par cercle concentrique de proximité allant de l’échelle de terroirs locaux à l’échelle continentale, en passant par l’échelle nationale et sous régionale.
Il reste convaincu que la transformation économique du continent ne pourra se faire sans une agriculture axée sur les nouvelles technologies, résiliente aux changements climatiques, créatrice d’emplois viables et de richesses et qui promeut la santé.


Pour Amadou Ba, la vision du développement de la souveraineté alimentaire, va au-delà de la production et des marchés ; elle prend en compte toute la chaine de valeur et l’articulation avec l’industrialisation. Il dit : « c’est le sens des agropoles que le Sénégal est en train de mettre en place dans chaque zone économique en fonction des filières dominantes, pour une transformation sur place des produits primaires afin d’augmenter la valeur ajoutée locale et de créer des emplois ».


Poursuivant, il ajoute : « notre vision de la souveraineté alimentaire intègre aussi l’environnement social et le bien-être des populations rurales qui doivent vivre dans des conditions décentes avec un accès facilité aux services sociaux de base ».
C’est tout le sens, dit-il, de la stratégie de souveraineté alimentaire du Sénégal dont le coût de mise en œuvre à l’horizon 2028 est estimé à 8 milliards de dollars soit environ 5000 milliards de Francs CFA.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.