Affaire des passeports diplomatiques : La Police et la Gendarmerie se regardent en chien de faïence

Ce sont les dégâts collatéraux causés par l’affaire des passeports diplomatiques. Le Directeur général de la police somme ses agents de ne plus répondre aux convocations de la gendarmerie.

Les auditions et confrontations effectuées par la Division des investigations criminelles (DIC) concernant les deux gendarmes (Ousseynou Bâ en service à la Présidence et Assane Ndione du ministère des Affaires étrangères), cités dans l’affaire des passeports diplomatiques, ont été retirées de la procédure.

Une décision qui n’a pas plu à la hiérarchie des limiers qui n’a pas tardé à sonner la charge. Après cet incident, la police a purement et simplement demandé à ses agents à ne plus répondre aux convocations de la gendarmerie.

La Gendarmerie avait décidé de «récupérer» ses deux éléments arrêtés par la Division des investigations criminelles pour confier l’enquête à la Section de recherche de Colobane. Selon le journal Les Echos, la Police vient de prendre une décision qui sonne comme une riposte à celle des pandores. À travers une note interne adressée à tous les Directeurs et chefs de service de la Police nationale, le Directeur général de la Police nationale instruit ses hommes de veiller à ce que les personnels placés sous leurs ordres, mis en cause dans des procédures judiciaires, ne donnent plus suite aux convocations des Officiers de police judiciaire de la gendarmerie, sans délivrance expresse d’un ordre de poursuite du ministre de l’Intérieur. L’Inspecteur général de police Seydou Bocar Yague assimile cette décision à une application des dispositions du code de justice militaire aux fonctionnaires de police.

Selon Les Echos, la pilule est donc restée en travers de la gorge de la Police nationale qui n’a pas apprécié le manque de considération de la Gendarmerie nationale qui a tout bonnement récupéré deux de ses éléments arrêtés par la Division des investigations criminelles (Dic) dans l’affaire des passeports-diplomatiques qui secoue la République. La Gendarmerie, ayant considéré que la Police n’est pas habilitée à auditionner des gendarmes qui sont des militaires, a décidé de confier le dossier à la Section de recherches de Colobane.
D’ailleurs, les auditions et confrontations effectuées par la Division des investigations criminelles concernant les deux gendarmes (Ousseynou Bâ en service à la Présidence et Assane Ndione du ministère des Affaires étrangères) ont été retirées de la procédure. Selon nos informations, il est reproché à la Dic d’avoir auditionné les deux gendarmes sans ordre de poursuite délivré par le Haut commandant de la gendarmerie. Les procès-verbaux d’audition établis au niveau de la Dic ont ainsi été tous supprimés de la procédure, informe toujours la source.

Si au niveau de la Police la décision a été accueillie avec enthousiasme, à la Gendarmerie, on se presse d’indexer ses insuffisances. Un gradé de la Maréchaussée déclare : «si cette autorité fait allusion à l’affaire de l’Adjudant-chef de la gendarmerie arrêté par la Dic, eh bien elle n’a pas raison. Les faits ont été commis dans l’exécution du service ou bien à l’occasion du service, donc la Dic ne devait pas mettre le gendarme en garde à vue. C’est une faute qu’ils (les enquêteurs de la Dic, ndlr) ont commise». Un autre de révéler qu’«ils (les policiers et gendarmes, etc.) peuvent être entendus dans le cadre d’une affaire judiciaire, mais pas être arrêtés». Avant qu’un autre ne précise : «même pour une audition, il faut une continuation d’enquête par sa corporation. Dans la pratique, le militaire ne doit même pas être mis en garde à vue. Il est confié à son corps dans les locaux disciplinaires. On établit un procès-verbal de renseignement judiciaire le temps que la Direction de justice militaire règle la question de l’ordre de poursuite. S’il est accordé, il est conduit devant le parquet».
La rivalité entre la Gendarmerie et la Police ne date pas d’aujourd’hui…

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