ABDOULAYE DAOUDA DIALLO PRESIDENT DU CESE : Macky Sall met en place son puzzle

La nomination de Abdoulaye Daouda Diallo comme président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ressemble à un premier pas décisif du chef de l’Etat en direction de la présidentielle de 2024. Le dauphin a désormais un visage. Il s’appelle Abdoulaye Daouda Diallo. Il a été choisi pour pérenniser le vote du vote en faveur de Benno Bokk Yaakaar. Car, au regard de la dynamique implacablement descendante qui enserre l’électorat de la mouvance présidentielle, en 2024, Benno s’expose au pire : mordre la poussière dès le premier tour. Et Macky Sall n’est vraisemblablement pas prêt à essuyer une défaite. Il n’est pas, non plus, disposé à vendanger son statut de bâtisseur et le leadership qu’il s’est construit en Afrique en sortant « petitement » du palais de la République.

La démission de Monsieur Idrissa Seck, président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et de ses deux ministres (Yankhoba Diatara et Aly Saleh Diop) a tout l’air de répondre à un agenda préétabli. En plaçant aussitôt Abdoulaye Daouda Diallo à la tête du Cese, Macky Sall semble poser le premier acte fort qui le conduit à la présidentielle de 2024. A l’apparence, le chef de l’Etat devrait se résoudre à renoncer à l’élection présidentielle de 2024. Lui qui a souvent répété qu’il ne ternirait jamais l’image de la démocratie et qu’il ne détruirait pas ce qu’il a bâti. Le voile se lève donc désormais sur le dauphin dont on lui reproche de ne guère mettre en selle.

Abdoulaye Daouda Diallo part pour être le poulain de Macky Sall à la présidentielle de l’an prochain. Et les arguments qui en convainquent le chef de l’Etat ne manquent pas.

Fidèle parmi les fidèles de Macky Sall, Abdoulaye Daouda Diallo a récolté succès après succès au ministère de l’Economie et des Finances comme en témoigne l’extrême sortie de crise lors de la difficile grève des enseignants et la bonne tenue des finances du pays qu’on lui a prêté. Même si juste après les Législatives, personne ne pouvait imaginer son départ-limogeage de l’Economie et des Finances à 16 mois de la cruciale Présidentielle de 2024.

Le premier argument qui emporte la conviction de Macky Sall est la personnalité idéale pour pérenniser les votes « soviétiques » au Fouta ? Qui pour assurer à Benno ces avances aussi confortables comme lors des dernières Législatives ? En dehors de Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des Finances et du Budget, difficile de trouver le bon profil. Dans cette partie du Sénégal, Benno a généralement enregistré des scores-fleuve au point de susciter les accusations de fraude de l’opposition. Cet électorat est, en effet, un solide acquis pour la mouvance présidentielle dans n’importe quel scrutin. Et Macky Sall ne le perd nullement de vue. D’ailleurs, n’eût été cet apport massif de voix venu du Fouta, Yewwi Askan Wi aurait ravi la majorité à BBY.

A quasiment 10 mois de la Présidentielle, ADD, nommé président du Cese va renforcer son ancrage dans la coalition et le pays tout entier. Il est désormais en face d’une bonne partie d’acteurs politiques venant de tous les coins du pays. En plus, personne ne lui connaît une humeur encombrante. Courtois et pondéré, ADD a de sérieux atouts pour conduire la présidentielle et conquérir le palais.

Et comme si on le préparait à cette mission, ADD avait donné l’impression d’être, ces derniers temps, sur une bonne étoile. Au charbon des crises sociales les plus coriaces comme la dernière crise scolaire, Diallo s’en sort toujours plutôt bien. Là où dans le passé, des PM ont mordu la poussière. Après, en effet, d’âpres et longues négociations avec les syndicats d’enseignants, la délégation gouvernementale conduite par le ministre Abdoulaye Daouda Diallo arrache in extremis des accords historiques avec les grévistes.

Cette parenthèse fermée, s’annonce alors un autre serpent de mer : la grève dans le secteur de la santé. Là aussi, Abdoulaye Daouda Diallo, chef de la délégation gouvernementale trouve un accord avec les syndicats. Sur les fiches de paie, une nette augmentation de 100 000 FCFA sera notée en fin mai. En 2024, 175 000 FCFA sera majorée aux salaires.

Au plan économique, le ministre des Finances et du Budget multiplie les succès sur le marché financier international, se glorifie d’avoir une dette soutenable et une inflation maîtrisée.

Sur le terrain politique, Abdoulaye Daouda Diallo ne cède rien. Comme en témoignent les dernières Législatives où Benno a raflé l’ensemble des bureaux de vote (522) dans les 22 communes du département, soit 91653 voix, plaçant le département de Podor en tête des 46 départements du Sénégal.

La voie semble donc balisée pour le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, dans la course pour le palais de la République au sein de Benno. Sauf si Macky Sall décide de braver la clameur publique en se présentant pour la troisième fois à l’élection présidentielle.

Mais au regard des résultats des dernières Législatives où sa coalition n’a pu atteindre la majorité (82 députés contre 83 pour être majoritaire), tout porte à croire que le chef de l’Etat ne va pas se risquer à une nouvelle candidature. Une dynamique implacablement descendante enserre, en effet, l’électorat de la mouvance présidentielle. En dépit des faux-fuyants du genre « la Présidentielle est un rendez-vous entre un homme et le peuple ». Benno Bokk Yaakaar perd du monde de scrutin en scrutin. Et tout indique que le mauvais génie qui le traque ne le lâchera pas de sitôt. En clair, en 2024, Benno s’expose au pire : mordre la poussière dès le premier tour. Macky Sall n’est vraisemblablement pas prêt à essuyer une défaite. Il n’est pas, non plus, disposé à vendanger son statut de bâtisseur et le leadership qu’il s’est construit en Afrique en sortant « petitement » du palais de la République. Ensuite, les drames auxquels une nouvelle candidature de Macky Sall à la Présidentielle expose le pays sont normalement assez dissuasifs pour lui. En 2011, il y a eu 11 morts dans les échauffourées contre la candidature de Wade. La sagesse devrait donc prévaloir et garrotter toute velléité de candidature de Macky Sall.

Félix DIAGNE – laviesenegalaise.com

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