Visite de cinq jours à Paris : La France déroule le tapis rouge à Macky Sall

Invité par le Président Hollande, le Président sénégalais va débarquer à Paris, ce dimanche 18 décembre, après un passage à Abuja pour participer à la réunion des chefs d’Etat de la Cedeao sur la Gambie, dans les habits de chef d’un Etat respecté sur la scène internationale. Un séjour qui sera certainement riche en honneurs, mais aussi en accords bilatéraux avec l’ancien pouvoir colonial. «Monsieur émergence», profitera aussi de ce séjour officiel en France pour se rendre à Strasbourg en TGV pour visiter les ateliers de l’entreprise Alstom, qui participe au chantier du Train express régional (Ter) devant rallier Dakar au futur Aéroport international Blaise-Diagne. Le Président Sall sera également reçu au Conservatoire national des arts et métiers et à l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles, où il a subi une part de sa formation académique. Plongée dans une visite qui a déjà mis la France en effervescence.Macky Sall et François Hollande

 

DECRYPTAGE

Pourquoi Macky a été invité par Hollande

 

Le Sénégal est un pays qui compte sur la scène mondiale, aujourd’hui plus que jamais. Invité de la France pour une visite d’Etat de 5 jours, le pays confirme son leadership en Afrique. Et de l’avis de l’analyste politique Yoro Dia, si le Sénégal a été choisi, c’est parce qu’il a un avantage comparatif. «Dans un monde dominé par les tendances terroristes et djihadistes, le Sénégal est une puissance symbolique, et à mon avis, c’est pour cela qu’à chaque fois qu’un Président américain vient en Afrique, le Sénégal est le seul pays francophone qu’il visite. Aussi bien la France que les Etats-Unis se disent que le Sénégal est important dans leur dispositif», explique-t-il. Suivant Yoro Dia, chaque pays définit la géographie de son intérêt national, et la France a défini la sienne en estimant devoir inviter le Sénégal. «L’explication est simple pour moi, le Sénégal est un pays qui intéresse le monde parce qu’il bat en brèche les thèses culturalistes. La France est confrontée aujourd’hui à un problème islamiste, et on dit souvent que la démocratie n’est pas soluble dans l’Islam, mais le Sénégal prouve le contraire. Et c’est un bon exemple pour la France.» Poursuivant, l’analyste souligne que le Sénégal est l’une des rares sociétés africaines à être complètement détribalisée. «Il n’y a pas de problèmes ethniques, ce qui fait que pour les Etats-Unis comme pour la France, le Sénégal est un pays du pré carré, mais aussi un symbole pour le monde. Et dans un contexte d’intolérance mondiale, le Sénégal est le seul pays musulman à avoir eu un Président catholique pendant 20 ans, et ce sont des discours que les gens ont envie d’entendre.»

«Le Sénégal est un Etat pivot dans le dispositif français en Afrique»

S’agissant des relations entre les différents chefs d’Etat, Yoro Dia indique que la qualité des relations entre le Sénégal et la France n’est pas liée à des Présidents. «Abdou Diouf avait des rapports très particuliers avec Chirac, une relation personnelle, ce qui fait que les relations entre les deux pays étaient excellentes, Wade a eu des relations conflictuelles avec Sarkozy, puis avec Hollande, et cela n’a pas entaché la qualité des relations entre les pays. Donc pour des raisons géopolitiques et géostratégiques, les Présidents en place importent peu sur la qualité de la relation.» Yoro Dia rappelle en outre que le Sénégal a été la première colonie française, ce qui fait qu’il y a une relation historique exceptionnelle entre les deux pays. Et selon lui, la France est restée une puissance grâce à son savoir-faire en Afrique. «Et quand on a un savoir-faire en Afrique, on a besoin d’alliés, la position stratégique du Sénégal fait que le pays est un Etat pivot dans le dispositif français en Afrique, et c’est cela qui fonde la qualité de la relation.» Du point de vue économie et business, le Sénégal est une sorte de porte d’entrée pour la France, fait savoir l’analyste. «Près de 90% des interventions de la France se font en Afrique, raison pour laquelle on dit que la France est une puissance africaine, c’est parce que la France intervient en Afrique qu’elle est considérée comme une grande puissance», affirme-t-il. S’y ajoute l’Armée sénégalaise, réputée professionnelle et républicaine. «La France veut stabiliser le continent et elle s’appuie beaucoup sur le Sénégal à travers ses soldats et ses diplomates», avance Yoro Dia.

ADAMA DIENG

HOTEL HYATT PARIS MADELEINE

Un paradis à 230 750 FCfa la nuitée pour la délégation de Macky

Les ministres et journalistes de Macky Sall seront choyés, lors de la visite d’Etat du Président sénégalais en France. La délégation sera au cœur du raffinement de la capitale française. C’est un hôtel au luxe grandeur nature de 5 étoiles, le Hyatt Paris Madeleine qui va servir de gîte à la délégation sénégalaise. Sur Internet, le réceptif hôtelier dresse déjà le couvert et ses lits bien reposants se monnaient à 355 Euros la nuitée (environ 230 750 FCfa). Le contribuable sénégalais peut se calmer, ce sera la France qui prend les factures salées de cette visite d’Etat préparée et réglée par la Diplomatie française comme du papier à musique. Sur le site bien achalandé du groupe Hyatt, les infos et mots ne manquent pas pour mettre de l’eau à la bouche des éventuels candidats intéressés par un séjour dans ce réceptif XXL. Le Hyatt Paris Madeleine est situé au cœur de Paris, à proximité des meilleurs quartiers commerçants comme la rue du Faubourg Saint Honoré et de nombreux grands magasins. L’hôtel est situé à deux pas des principaux centres d’intérêt parisiens, les Champs Élysées, le Louvre et l’Opéra et de quelques Monuments célèbres, comme l’Arc de Triomphe, Montmartre, la Tour Eiffel, les Champs Élysées, il est à deux pas des musées d’Orsay, Louvre, Picasso… Ça vous campe déjà la classe de cet hôtel.

Des accords sur l’Agriculture, la Défense, l’Education

Si pour le moment ni l’Elysée ni le Palais de l’avenue Roume n’ont encore levé le voile sur le nombre d’accords à signer et les secteurs concernés, l’ambassadeur de France au Sénégal a filé quelques indices. Evoquant la visite d’Etat du Président Sall, son Excellence Christophe Bigot a expliqué à Dakaractu que «la relation franco-sénégalaise est étroite, intime». Sur les axes de coopération, ce sur quoi porteront les accords de Paris, le diplomate révèle : «La partie visible de l’iceberg, ce sont de très nombreuses visites ministérielles. Je ne suis arrivé qu’à la mi-juin, mais je constate que depuis, pas moins de 7 ministres importants du gouvernement français se sont rendus au Sénégal. Manuel Valls, en septembre, alors Premier ministre, est venu co-présider le dialogue stratégique de haut niveau entre nos deux pays. Son successeur, le nouveau Premier ministre, à l’époque où il était ministre de l’Intérieur, M. Cazeneuve, s’est déplacé pour renforcer la coordination anti-terroriste entre nos deux pays. Le ministre des Affaires étrangères, Jean marc Ayrault, est venu échanger sur la diplomatie mondiale et africaine. M. Le Drian, le ministre de la Défense, a participé au Forum paix et sécurité de Dakar, exercice auquel il a fortement contribué dès sa fondation.  Mme Nadjat Valaud Belkacem, ministre de l’Education, est allée à la rencontre des écoles françaises au Sénégal. Le ministre de l’Agriculture, porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, est venu dans le Ferlo appuyer le travail mené par les chercheurs agronomes français et sénégalais et plaider en faveur de l’initiative 4 pour 1000.» En langage décodé, les accords porteront donc sur la Défense, l’Agriculture, l’Education…

CEREMONIE D’UNE VISITE D’ETAT

De la cérémonie d’accueil au diner d’Etat

 

Le chef de l’Etat est attendu, ce dimanche 18 décembre 2016, en France où il devra effectuer une visite d’Etat de 5 jours. En quoi cela consiste-t-il ? Quelle signification a ce type de visite ? «L’Observateur», par le biais du «Figaro», vous plonge au cœur de cette cérémonie, la plus importante dans la hiérarchie protocolaire française.

 

Sommet protocolaire

Comme le rappelle le ministère des Affaires étrangères, le Protocole français distingue quatre types de visites : les visites d’État, les visites officielles, les visites de travail et les visites privées. «De cette classification, découleront l’organisation de la visite et le type d’honneurs qui seront rendus au visiteur étranger», précise le Quai d’Orsay. La visite d’État est la plus importante dans la hiérarchie protocolaire. Elle se veut le symbole de l’amitié entre les deux chefs d’État et leurs pays respectifs. Seules trois à cinq visites de ce type sont organisées chaque année.

 

Seuls les chefs d’État reçus

Une visite d’Etat ne s’effectue qu’entre chefs d’Etat, à la différence des visites officielles qui peuvent impliquer des chefs de gouvernement, ministres ou encore des diplomates. Le chef d’État reçu en visite d’État a, au préalable, été invité par son homologue. La visite est ensuite organisée d’un commun accord. Des visites de repérage ont lieu avant la visite, afin de fixer précisément son déroulé.

 

Une cérémonie d’accueil

Chaque visite d’État débute, après l’arrivée en France du chef d’État invité, par une cérémonie d’accueil marquée par son caractère militaire. À ce moment-là, l’invité passe en revue les troupes françaises et reçoit les honneurs militaires. Généralement organisée aux Invalides, elle peut également avoir lieu à l’Arc de Triomphe. Comme cela l’avait été avec la Reine d’Angleterre en 2014, où une gerbe avait été déposée sur la tombe du soldat inconnu à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement.

Des cérémonies d’accueil similaires peuvent être organisées lors de visites officielles. Dans le cas d’une visite d’État, cette cérémonie se tient, cependant, la plupart du temps, en présence du président de la République. À ces occasions, l’avenue des Champs-Élysées est ornée du drapeau du pays du chef d’État invité.

 

Des rendez-vous incontournables

Certains éléments figurent au programme de toute visite d’État. C’est le cas de l’entretien avec le président de la République, à l’Élysée, généralement avant le dîner d’État ; de l’entretien avec le Premier ministre à Matignon ; d’une réception à l’Hôtel de Ville de Paris, en présence du maire de la ville. Une visite à l’Assemblée nationale ou au Sénat est également de mise, suivie d’un discours devant les députés. Ce dernier n’est toutefois absolument pas obligatoire, certains chefs d’État dérogeant à ce rendez-vous.

 

Un dîner d’État

Riche en décorum et convoité, le dîner d’État constitue le moment incontournable des visites d’État. Le chef des cuisines de l’Élysée et son équipe, déjà coutumiers d’un certain standing, mettent alors les petits plats dans les grands pour satisfaire les membres de gouvernement, diplomates, personnalités et autres invités privilégiés, tous vêtus d’une tenue de gala. Rassemblant autour de 200 convives choisis par les deux chefs d’État, ces rendez-vous gastronomiques offrent aux convives un menu étayé -gardé secret jusqu’au bout- en l’honneur de l’invité et une dégustation des vins de l’Élysée. Le plan de table est défini à l’avance et le dîner débute toujours par un toast des chefs d’État. En plus de ces traditionnels rendez-vous, d’autres déplacements peuvent être organisés. La visite d’État peut donner lieu à des déplacements en province – généralement le dernier jour -, à des rencontres avec des ressortissants du pays ou à des visites culturelles.

L’Obs

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.