Refus d’amnistie : Témoignages poignants des victimes de l’attaque à Yarakh

Blessé dans l’attaque au cocktail Molotov contre le bus Tata de la ligne 65 à Yarakh en août dernier, Modou Guèye refuse de pardonner. Selon L’Observateur, il est le vieil homme filmé lors de l’incident, se traînant pour échapper aux flammes après avoir réussi à sortir du bus attaqué par quatre individus encagoulés.

Le sexagénaire, résidant à Keur Massar, affirme que « ses brûlures ne sont pas encore guéries » et qu’il continue de recevoir des soins pour récupérer l’usage de ses bras. « Mes enfants ont vu leur vie perturbée par mes blessures », confie la victime. « Ils sont toujours à mes côtés, et depuis huit mois, ils se relaient pour m’accompagner à l’hôpital. En raison de mes brûlures au dos et sur mes deux mains, je suis incapable de prendre les transports en commun. À chaque rendez-vous médical, mes enfants doivent louer un véhicule. »
Le vieil homme en veut toujours aux auteurs de l’attaque qui a coûté la vie à deux personnes : « Leur intention était de nous tuer tous. Ils ont partiellement réussi. Je fais partie des derniers à avoir réussi à sortir du bus. C’est à ma sortie de l’hôpital que j’ai appris que les deux jeunes filles assises juste derrière moi ont été retrouvées mortes, leurs corps carbonisés. »

Khady Sarr, interrogée par le quotidien du Groupe futurs médias (Gfm), admet qu’elle était également à bord du bus. Elle rentrait chez elle à Colonane après une mission à « Poste Thiaroye » lorsque l’attaque a eu lieu. Elle a été évacuée à l’hôpital de Pikine, situé dans le camp militaire de Thiaroye.

Comme la première victime interrogée, la seconde, âgée de 42 ans, souffre toujours de séquelles : « À ma sortie de l’hôpital, je n’ai pas voulu rester à Dakar, qui me rappelait trop de mauvais souvenirs. Je suis retournée directement dans mon village pour des soins traditionnels. »
Alors qu’elle poursuit sa rééducation, elle a également perdu son emploi. Elle explique : « Je travaillais dans la confection et j’avais loué une chambre. Depuis mon retour, c’est la survie. Je suis hébergée par une amie. »
Les deux victimes s’opposent à la loi d’amnistie adoptée mercredi par l’Assemblée nationale, comme elles l’ont exprimé dans L’Observateur. Ils rejettent cette initiative gouvernementale qui prétend apaiser le climat politique. « À cause d’eux, j’ai failli perdre la vie », déclare Khady Sarr. « Je porte encore les cicatrices. Je suis fatiguée des allers-retours au tribunal où j’ai eu plusieurs entretiens avec le juge. On me demande un certificat médical que l’hôpital refuse de me délivrer si je ne paie pas 15 000 F CFA. Je m’en remets à Dieu, mais que l’État sache que je m’oppose à l’effacement des faits qui m’ont placée dans cette situation. »

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