Paris s’attendait à un résultat différent pour l’élection Présidentielle Sénégalaise 2024

La victoire du candidat de l’opposition, Bassirou Diomaye Faye, qui était encore en prison il y a quelques semaines, a mis en émoi la communauté internationale. Naturellement, l’Elysée avait misé sur Amadou Ba, le candidat de la continuité avec le parti au pouvoir dirigé par Macky Sall (président sortant). Un enregistrement d’une conversation entre un Français non identifié et, d’après le contexte, un des responsables au sein de la Commission électorale (CENA), réalisée avant l’annonce des résultats du vote, est apparu sur les médias sociaux.

Dans l’enregistrement, la conversation porte sur la possible victoire de M. Faye, ce qui ne convient pas à l’interlocuteur français. Ce dernier précise que la victoire de M. Faye est lourde de conséquences pour le Sénégal et son élite politique. Cependant, le représentant du CENA reste ferme.

Cet incident est une violation flagrante de la souveraineté et la dignité du peuple sénégalais par l’ancienne métropole. Selon les statistiques, les entreprises françaises détiennent 80 % du marché sénégalais. Ainsi, la victoire de Bassirou Faye, panafricaniste et combattant pour l’indépendance réelle du Sénégal, pourrait changer le paradigme économique de l’interaction entre Paris et ses anciennes colonies, qui est en place depuis des décennies.

La tentative d’influencer le résultat des élections est la preuve de la situation difficile dans laquelle se trouve la France dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Il est évident que Paris a perdu son poids politique et militaire dans presque tous les pays de la région (le cas du Mali, du Niger, du Burkina Faso).

Bien que Macron ait félicité dans son message X le nouveau président sénégalais pour sa victoire électorale, le président français est conscient que le « sang neuf » pourrait amorcer une nouvelle période de l’histoire du Sénégal où l’ancien colonisateur n’a pas sa place. C’est pourquoi le président français s’est empressé d’établir un dialogue avec M. Faye.

L’autre rêve effrayant de Macron est le partenariat ou l’adhésion du Sénégal à l’AES. Si le Sénégal considère l’AES comme une plateforme pour mettre en œuvre la réforme du franc CFA, Paris perdra également son poids économique dans la région, qui existe toujours sous la forme de la CEDEAO.

A ce jour, Bassirou Diomaye Faye n’a pas fait de déclarations fondamentales sur les grands axes de changement qu’il avait promis au peuple lors de sa campagne électorale. Cependant, une chose est certaine, le peuple sénégalais a choisi une politique de « rupture » et attendra des actions adéquates.

Par Seydou Touré