Morts des émeutes de mars au Sénégal : Crimes sans coupables

Annoncée après les évènements tragiques de mars 2021, la Commission d’enquête libre et indépendante n’a jusque-là pas existé. Un an après, les morts semblent être les plus grands perdants de ces émeutes.

Par Babacar Guèye DIOP – 3 mars 2021, Ousmane Sonko est convoqué par le doyen des juges d’instruction. Accusé de viols répétitifs suivis de menaces de mort, l’arrestation du leader a déclenché une vague de violence inouïe dans le pays. D’après le gouvernement, ces manifestations ont en effet occasionné 13 décès, plus de 300 blessés parmi les manifestants et plus de 100 du côté des Forces de l’ordre. «Elles ont aussi provoqué des dégâts et pertes matérielles inestimables, dont le décompte et l’évaluation sont encore en cours», a listé le mémorandum du gouvernement produit en avril 2021. Mais, la grosse interrogation de ces émeutes demeure les suites judiciaires. Le gouvernement, à travers Sidiki Kaba, ministre des Forces armées, avait annoncé la mise en place d’une commission indépendante pour élucider cette affaire. Un an plus tard, aucun acte n’a été posé. Le 10 décembre dernier, lors du vote du budget du ministère de la Justice, Malick Sall a été plusieurs fois interpellé, en vain, par les députés sur l’état de ladite commission.
Au nom de la sauvegarde de la paix sociale, toutes les personnes arrêtées lors de ces émeutes ont été libérées. Jusqu’à présent, la commission annoncée reste à l’état d’annonce. Pourtant, le gouvernement avait montré sa ferme volonté d’aller jusqu’au bout de l’enquête, non sans désigner Ousmane Sonko comme le principal responsable des «actes insurrectionnels» qui ont secoué le pays. Au moment d’établir le bilan, le gouvernement faisait état de «plus de 145 édifices et biens publics saccagés, plus de 139 biens privés y compris des maisons, des magasins, des stations-services et des banques, tous attaqués et pillés, parfois par des individus armés». Le mémorandum en déduisait : «C’est pour cela, en respect de ces principes sacro-saints, que le gouvernement a décidé souverainement de mettre en place une Commission d’enquête libre et indépendante, afin que toute la lumière soit faite sur ces malheureux événements et que surtout les responsabilités soient situées.»
A l’inverse, le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2d), regroupant l’opposition et des organisations de la Société civile, avait lui aussi présenté son mémorandum. Il avait saisi la Cour pénale internationale pour incriminer l’Etat. Là non plus, rien n’a bougé.

Source Le Quotidien
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