L’inflation atteint des records partout dans le monde

Les banques centrales à la peine

Pour l’endiguer, les banques centrales occidentales réduisent progressivement les apports de liquidités injectées au plus fort de la crise pour soutenir les marchés face à la crise sanitaire. La prochaine étape, prédisent les investisseurs, c’est la hausse des taux d’intérêts. Et cela suscite des inquiétudes du côté des Etats les moins développés. Le FMI a prévenu, ils devront se préparer en 2022 à des « épisodes de turbulences économiques »…

Le FMI, dont les dernières prévisions de croissance actualisées sont attendues mardi prochain, redoute lui aussi les effets de la hausse des taux américains. Car en général, ils se répercutent immédiatement par une hausse des taux d’intérêts à long terme pour les pays émergents et encore plus lourdement pour les pays les plus pauvres. Les coûts d’emprunt en dollars, s’ils sont encore faibles pour beaucoup, ont déjà augmenté. Plusieurs Etats ont augmenté leur taux d’intérêts l’an dernier pour répondre à l’inflation qui sévit partout. C’est le cas du Brésil, de la Russie et de l’Afrique du Sud… Il leur coûte déjà plus cher de se financer.

Ce qui est à craindre aussi, c’est la fuite des capitaux des pays émergents
Un scénario vécu en 2013… À l’époque, une action brutale de la FED, la banque centrale américaine, avait entraîné une cascade de sorties de capitaux internationaux des pays émergents vers des placements en dollars plus rémunérateurs et plus sûrs. C’est ce spectre auquel a fait allusion ce lundi le président chinois. Lors du lancement du Forum de Davos lundi, Xi Jinping a prévenu la banque centrale américaine de ne pas agir trop vite au risque de renforcer la volatilité des marchés, avec des retombées négatives pour les pays émergents dont les devises se déprécient face au dollar. Un avertissement encore plus vrai pour les pays à faibles revenus.

Car beaucoup sont déjà très endettés…
Trop endettés même : 60% des pays à faibles revenus sont surendettés ou sur le point de l’être selon la Banque mondiale. Alors qu’on est loin d’en avoir fini avec la pandémie, il est encore plus compliqué pour ces pays d’affronter tous les défis : celui de stabiliser les prix, de gérer la crise sanitaire tout en pensant aux investissements pour préparer l’avenir.

Vous le savez, depuis le début de la crise, certains de ces pays, une vingtaine en Afrique, bénéficient de mesures d’assouplissement de leurs dettes (via l’initiative de suspension du service de la dette qui a été décidée au printemps 2020 par les Etats les plus riches, ceux du G20). Mais ce dispositif de gel a pris fin au début de ce mois. Les Etats débiteurs doivent reprendre le paiement à leurs créanciers et cela dans le pire des contextes. Alors que la persistance du virus grève considérablement leurs revenus et entrave une éventuelle reprise de leur économie.

Voilà pourquoi certaines voix demandent un allègement du fardeau de la dette
Oui, parce que s’il y a eu des prêts d’urgence sans précédent du FMI avec l’allocation des droits de tirages spéciaux pour 650 milliards de dollars -dont 21 milliards pour les pays à faibles revenus- cela ne saurait suffire.

Il faudrait envisager l’effacement de la dette pour certains Etats. C’est la directrice générale du FMI qui le préconisait en fin d’année dernière. Pour l’heure, certains Etats sont toujours en discussion pour une restructuration de leurs dettes. C’est le cas du Tchad, de la Zambie et de l’Ethiopie qui discutent avec leurs créanciers au sein de ce qu’on appelle le « cadre commun du G20 ». Un processus complexe et lent que le FMI appelle à simplifier et à étendre rapidement aux pays les plus endettés… tout en accordant une nouvelle pause dans le paiement des créances le temps des négociations.

En bref,
En Chine, au contraire, la banque centrale baisse les taux d’intérêts : c’est la deuxième baisse en un mois ce jeudi. Et cela pour accélérer la reprise qui s’essouffle dans le contexte sanitaire. La demande intérieure est à la peine… Déjà abaissée en décembre, la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages subit une nouvelle baisse afin de faciliter les crédits immobiliers. Les ventes dans le secteur sont en repli ces derniers mois alors que les acteurs du secteur comme Evergrande sont en difficulté financière. La construction et l’immobilier, c’est on le rappelle un quart du PIB chinois…

Par : Aabla Jounaïdi

Source Rfi
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