ENTRETIEN – Bill Gates appelle à la coopération internationale pour produire des milliards de doses de vaccin

Le créateur de Microsoft en appelle à la coopération internationale pour produire des milliards de doses de vaccin.  Dans un entretien, Bill Gates se dit très inquiet et prédit la fin de la pandémie du Coronavirus en fin 2021.

En 2015, lors d’une conférence en ligne qui totalise à ce jour 30 millions de vues, vous tiriez la sonnette d’alarme sur l’état d’impréparation de la planète face aux épidémies virales.

Etes-vous toujours aussi inquiet ?
Bill Gates. Oui, très inquiet. Je regrette amèrement qu’on n’ait pas agi plus tôt. Si nous avions investi dans les bons outils, nous aurions pu contenir le Covid-19 et éviter la catastrophe que nous connaissons. En 2018, j’ai écrit dans la revue scientifique “The New England Journal of Medicine” un article où j’expliquais comment maîtriser une pandémie. Clairement, nous n’y sommes pas arrivés, même si quelques initiatives ont essayé de répondre à l’enjeu, comme la fondation Cepi [NDLR: Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies], dotée d’un budget modeste soutenu par des acteurs privés et des Etats, dont la France. Je m’inquiète aussi des dégâts causés à l’économie mondiale et aux systèmes de santé, notamment dans les pays en développement, où la lutte contre l’épidémie rend plus difficile le combat contre la malaria ou le VIH… Ce sont évidemment les plus démunis qui souffrent le plus car, pour eux, le télétravail et la scolarisation des enfants à domicile sont beaucoup plus compliqués.

Quand en aurons-nous fini avec la pandémie ?
Je pense que fin 2021 le Covid sera derrière nous. Pour l’essentiel. Le Covid-19 a déjà tué 690 000 personnes dans le monde, dont 155 000 aux Etats-Unis.

D’après vous, quel sera le bilan final ?
Le nombre de décès va malheureusement continuer à augmenter dans les trois ou quatre prochains mois. Le bilan mondial devrait dépasser le million de morts. Si tout va bien, ce chiffre pourrait être inférieur à 1,5 million. Mais c’est le scénario “rose”, celui selon lequel les médicaments et les vaccins arrivent vite…

Vite… C’est-à-dire ?
Pour le traitement, ce sera, je pense, dans les prochains mois, au plus tard vers la fin de l’année. Il y a plusieurs technologies en lice, dont celle des anticorps monoclonaux, qui me donne beaucoup d’espoir. S’agissant du vaccin, ce sera fin 2020, dans le meilleur des cas, ou dans la première moitié de 2021. Après, il faudra l’homologuer, puis le diffuser, et le principal défi se posera à ceux qui en ont le plus besoin mais n’auront pas les moyens de l’acheter, c’est-à-dire les pays en développement… Notre fondation y travaille. Nous finançons de nombreux projets scientifiques et tentons d’orchestrer la fabrication de ce vaccin en quantités très importantes. Tous les jours, je parle à des dirigeants de laboratoire que j’essaie de mettre en contact avec des fabricants “compatibles”, en Inde ou ailleurs, qui permettront de produire tout de suite des milliards de doses. Nous travaillons ainsi avec un grand nombre de candidats aux profils très différents, ce qui me réjouit et me rend optimiste.

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