Double nationalité : Karim Wade pourra t-il être Président du Sénégal ?

En décidant de saisir la justice française pour connaitre de l’affaire Karim Wade, les avocats de l’ancien ministre d’Etat, n’excluraient-ils par le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) à la Présidentielle 2017, sans le vouloir ? Selon Sud Quotidien qui s’est intéressé sur ce dossier, tout porte à le croire. 

Surtout, si l’on se fie à l’article 28 de la constitution qui stipule que «Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise (…)». Ironie de l’histoire, c’est en 2001 que l’adverbe « exclusivement » a été introduit dans la charte fondamentale du Sénégal par son père Abdoulaye Wade.

Les raisons évoquées par les conseils de ‘’Wade fils’’ pour porter le dossier ‘’Karim Wade’’ auprès du Tribunal de grande instance de Paris pour détention «arbitraire», surprennent plus d’un. En effet, pour prouver les compétences dont dispose la France pour se saisir de ladite affaire, Me Ciré Clédore Ly, un des avocats de Karim, a brandi l’argument de la nationalité française dont bénéficie l’ancien ministre.

Dans les colonnes du quotidien l’Observateur, la robe noire indique que «c’est l’un des critères qui peuvent permettre que la France soit compétente, comme le Sénégal l’est». Cependant, une telle déclaration risque de porter un coup dur à la volonté du Parti démocratique sénégalais (Pds), qui tient vaille que vaille à faire du fils de l’ancien chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, son candidat à la prochaine présidentielle. Cela, au vu des dispositions clairement inscrites dans la Constitution sénégalaise.

L’article 28 de la Constitution du Sénégal du 7 février 2001 stipule : «Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de 35 ans au moins le jour du scrutin. Il doit savoir écrire, lire et parler couramment la langue officielle». Dans les 15 propositions de projet de réforme constitutionnelle, faites par le chef de l’Etat, Macky Sall, il y a juste le plafonnage de l’âge des candidats, à savoir les 75 ans au plus le jour du scrutin, qui y a été ajouté. L’adverse «exclusivement» écarte d’emblée, les candidats ayant la double nationalité. Ce qui semble être le cas pour Karim Wade dont les avocats viennent de porter plainte devant le Tribunal de la Grande Instance de Paris, en raison de la nationalité française du fils d’Abdoulaye Wade, pourtant retenu comme candidat du Pds, à la présidentielle prochaine.

L’option identitaire,  «Un couteau à double tranchant»

Pour un éclairage sur la question, la rédaction de Sud Quotidien s’est attaché les services d’un professeur juriste à l’Ucad. Pour le constitutionnaliste, qui a préféré garder l’anonymat, cette option du Pds «est un couteau à double tranchant». Tout d’abord, il fait remarquer que par cette voie, les avocats du fils de Wade montrent clairement qu’ils n’ont pas confiance à la justice sénégalaise. Pour l’autre aspect, le professeur fait voir qu’en utilisant cet argument, le candidat du Pds s’expose à la critique de ses adversaires politiques et des Sénégalais, qui auront un autre regard sur sa personne, à savoir «un français qui compte diriger le pays».

Cependant, le juriste a fait savoir que juridiquement, l’affaire Karim Wade est close au Sénégal, dans la mesure où la Crei a condamné le mis en cause, qui a tout de même fait appel, avant que la Cour suprême ne confirme le précédent verdict. Pour ces raisons, il a trouvé qu’il ne reste que l’option politique à ‘’Wade Fils’’. Ainsi donc, le professeur informe que Karim Wade sera tenu de renier sa nationalité française, s’il tient toujours à se présenter comme le candidat du Pds. L’autre option, qui peut paraître périlleuse pour lui, c’est de demander une Grâce présidentielle, ce qui montrerait qu’il a accepté ce qui lui est reproché. Cependant, il convient de noter que le fils d’Abdoulaye Wade a longtemps écarté cette piste écrit le journal.

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