Doit-on adopter la peine de mort au Sénégal ?

La recrudescence de la criminalité à Dakar et dans sa banlieue remet au goût du jour le débat sur la peine de mort. Avec, d’une part, des organisations religieuses qui exigent son adoption et des droits de-l’hommistes qui s’y opposent formellement. Mais, selon le journal « EnQuete », de l’avis de Mame Matar Guèye, Secrétaire général du Rassemblement démocratique sénégalais (Rds) par ailleurs vice-président de l’Ong Jamra, la vie des tueurs n’a pas plus de valeur que celle des victimes.

Ainsi, il appelle les pourfendeurs du droit musulman à avoir l’humilité de reconnaître, “face à la hausse vertigineuse du taux de criminalité, que nous en soyons réduits à poser la problématique de l’opportunité, ou non, d’abroger la loi 2004-38 du 28 décembre 2004, qui avait aboli la peine de mort au Sénégal, constitue en soi un aveu d’échec, en termes d’éducation des masses, de sécurité publique, de chômage endémique, de paupérisation des couches sociales déshéritées, de toxicomanie juvénile, de prolifération des salles de jeux et des bars clandestins… véritables racines du mal”.

En d’autres termes, il estime que l’application de la peine capitale devrait être la dernière des coercitions, la priorité devant consister à résorber ces maux sociaux qui constituent le terreau dont se nourrit la criminalité.

Selon Mame Matar Guèye, des droits-de-l’hommistes qui prétendent dénoncer une “instrumentalisation de la Charia” ont fait dire au Coran que “quiconque tue un seul être humain, c’est comme s’il a tué toute l’humanité”. Mais, à l’en croire, ils ont tronqué un passage important de la Sourate 5, Al-Maidah, La Table servie, V32 qui dit : “Quiconque tue un seul être humain, non convaincu de meurtre (la précision est de taille !) ou de sédition sur la Terre, est considéré comme un meurtrier de l’humanité tout entière.” “Dieu s’oppose certes à l’anéantissement de tout être humain, mais s’est empressé d’ajouter “non convaincu de meurtre”.

C’est cette condition que les droits-de-l’hommistes ont occultée dans leur restitution, à leur corps défendant, du verset coranique”, défend-il. Non sans rappeler que le Fiqh (droit islamique), à travers ses légitimes dépositaires que sont les “Oulamaou-tafsir” (exégètes), toutes jurisprudences confondues (Anafit, Chafit, Anbalit et Malikit), est donc formel : la Loi du Talion a pour vocation de constituer un préventif contre les représailles disproportionnées et de prévenir toute escalade de la violence dans la société.

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