Sur les traces des présumés Djihadistes de Matam : Alassane Sow le seul témoin à avoir vu les suspects, mais…

Une semaine après la fameuse découverte, le décor semble figé. L’anxiété est immense chez la population du Dandé mayo (du bord du fleuve). Divers ont été les éléments qui continuent d’attirer l’attention. Des traces de pneus, des vélos appartenant aux 4 suspects qui refusent de s’effacer, un arbre, qui a servi d’escale, témoin de bien de choses mais hélas muet, une peur ambiante visible à l’œil nu chez les paysans, des autorités qui se barricadent et qui refusaient de communiquer… Autrement dit, juste des éléments qui, si intégrés, renseignent sur un état d’esprit incommode. Matam, à une centaine de mètres de la Mauritanie, interpelle Dakar, à plus de 500 kilomètres, sur sa sécurité secouée par un homme dont le témoignage a bouleversé ce coin paisible du Sénégal. Rencontre avec Alassane Sow qui fait l’actu malgré lui….

Âgé d’une quarantaine d’années, polygame et père de 9 enfants, Alassane a accepté de revenir, avec Dakaractu, sur les lieux, une semaine après, jour pour jour. Il est accompagné de trois de ses frères. Nous marchons dans la forêt de Tiguéré pendant une trentaine de minutes. L’inquiétude nous gagne petit-à-petit. Tout semble louche. Nous prenons la précaution de lancer un sms à la rédaction pour donner notre position, au cas où il surviendrait malheur.
Plus de peur que de mal. Nous sommes à destination.

Alassane Sow nous montre l’arbre qui servait de lieu d’escale aux quatre hommes. « Ils étaient assis sous cet arbre. Lorsque je suis passé, revenant des champs, l’un d’entre eux m’a apostrophé. J’ai répondu. A trois, quatre mètres de lui, ce denier m’a donné l’ordre de m’arrêter. D’un ton qui rappelle celui des peuls du Macina, il m’a demandé de lui indiquer le chemin qui mène vers le pont de Diamel. Je me suis exécuté en lui indiquant l’est. Il m’a ensuite intimé l’ordre de ne dire à personne que j’avais fait leur rencontre. J’ai acquiescé… Ils étaient encagoulés. Ils portaient des gilets kaki avec des grenades visibles de là où j’étais. Ils avaient, garés tout près, quatre vélos. J’ai eu la peur de ma vie ». Une histoire déjà racontée.

Par contre ce qui étonne, c’est ce qu’il va nous confier, répondant à une de nos questions dans ce sens. « A ce jour, jamais je n’ai été entendu par la police ». Une autre surprise de taille. Les traces des pneus des vélos aux roues de mototaxis Jakarta sont encore perceptibles. Nous prendrons la précaution de filmer. Non loin de là, d’autres traces de véhicules. Il s’agit des 4X4 de l’armée, nous dit-on. Ils étaient venus fouiller la forêt dans le cadre d’une opération coup de poing réalisée le samedi même dans l’après-midi. Depuis, ils ne sont plus revenus…pas à la connaissance de nos interlocuteurs qui sont, parfois, des journalistes ou des dignitaires locaux.

REPORTAGE DAKARACTU

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