Pour un Sénégal émergent, une seule certitude : Un dialogue Politique Constructif Par Dr Amadou Tidiane LY

Ceux qui s’intéressent aux événements politiques majeurs du Sénégal peuvent constater que les débats, les publications et même les sermons religieux qui se rapportent à ces sujets, sont axés, depuis quelques semaines, autour de deux  maîtres-mots : Dialogue politique.Leur utilisation abusive finit par faire oublier leur véritable nature et par embrouiller les esprits.Amadou Tidiane LY, UCAD, Responsable politique APR, Bokidiawé

Dans un monde en pleine effervescence marqué par une obsession sécuritaire consécutive notamment à la flambée des groupes terroristes, il est important de se faire du dialogue politique une idée claire.

De toute évidence, confirme le professeur Djibril AGNE de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’UCAD, le dialogue de son origine grecque, « échange de propos, tour de parole, droit à la parole» met en présence des personnes ou des groupes d’intérêt différents qui s’engagent à se pencher sur une question dont les enjeux sont mutuels, mais pas nécessairement communs.

Il suppose que les personnes de positions et de circonstances différentes ont des points de vue divergentset qu’elles s’accordent de les afficher avec la lucidité et la sérénité que requiert leur commune volonté, sinon d’annihiler du moins d’atténuer leurs écarts.Si la conception du dialogue politique est généralement confidentielle, sa mise en œuvre suppose à la foisun espace de liberté et une bonne maîtrise, par les acteurs, de la question posée ;ils devront partager les mêmes etfortes convictions pour construire un havre de paix, de stabilité et de responsabilité.

Le dialogue entre partis politiques est un concept dont la définition peut prendre plusieurs contours. Pour certains analystes, ce terme recouvre, dans son acception la plus large,  tout dialogue se déroulant entre des partis politiques.

Au demeurant, la Charte des Nations Unies et l’Acte constitutif de l’Union africaine constituent des instruments de promotion d’un certain nombre de valeurs universelles, celles du dialogue, de l’écoute, de l’ouverture, que chacun, par les moyens qui lui sont propres, doit s’efforcer de respecter et de soutenir. Pour ces institutions autant que pour nous, le dialogue politique est la voie indispensable, la seule possible, vers la réalisation d’une stabilité durable dans les pays en quête d’institutions fortes. Le règne du dialogue politique est l’astre conducteur d’une démocratie apaisée. Au temps de la confrontation électorale et de la diabolisation de l’adversaire dictée très souvent par l’ambiance des campagnes électorales,doit succéder le temps du dialogue politique.

Celui-ci s’effectue généralement dans le cadre institutionnel et, dans le cas du Sénégal, dans les espaces existants, parmi lesquels l’Assemblée nationale, le Conseil Economique Social et Environnemental, les Conseils locaux, les commissions et les groupes parlementaires.

Faut-il alors, soutenir comme le pensent certains qu’il n’y a, dès lors, plus de place à la concertation et au dialogue notamment sur certaines questions d’intérêt national ? Ma surprise est grande de les entendre égrener un chapelet d’arguments reposant essentiellement sur le fonctionnement correct de nos instituions et l’absence de crise politique. Or, c’est justement à ce moment précis, moment où le Maître de jeu garde la plénitude de ses pouvoirs qu’il faut envisager le dialogue. Je suis tenté,dans un wolof approximatif, de convoquer un adage assez célèbre dont le contenu « magum waxonnako mo gen magum xamonnaako » peut rappeler la primauté de la prévention en toute circonstance.

Heureux alors les pays en voie de développement dont les responsables politiques sont des Hommes d’État accomplis, des Hommes de dialogue, qui, ens’inspirant de leur tradition et de leur vécu historique, osent définir une stratégie capable d’élever leur nationau rang de pays émergent car la stratégie pour un Étaten voie de développement ambitieux, c’est d’assurer d’abord la stabilité pour une meilleure mise en œuvre des politiques publiques savamment réfléchies.En réalité, le Président Macky SALL est persuadé que la réussite du Plan Sénégal Emergent appelle l’amorce d’un dialogue politique constructif dans lequel toutes les parties s’accordent sur l’essentiel : le Sénégal.

Le Président Macky SALL se situe à ce niveau et certaines dispositions constitutionnelles adoptées lors du référendum du 20 mars 2016 confirment cette posture présidentielle. Le Président reste convaincu que des mécanismes de dialogue entre partis politiques doivent être mis spécialement en place afin de leur proposer un espace protégé leur permettant de communiquer ouvertement, de résoudre les conflits, de poser les bases d’une coopération et de travailler ensemble sur des mesures de réforme politique et des problématiques électorales ou spécifiques aux partis.

L’État, cette coquille vide, dont parle Léon DUGUIT, a justement besoin de toutes ses potentialités économiques et financières mais davantage de ses ressources humaines engagées sans réserve pour son développement et pour le respect de ses valeurs.L’invite au dialogue et aux retrouvailles libérales du Président Macky SALL s’inscrit dans cette perspective et ne constitue nullement des facteurs de dépréciation de notre démocratie. Ainsi que l’écrit Hans KELSEN, la démocratie ne peut sérieusement exister que si les individus se regroupent d’après leurs fins et leurs affinités politiques, si, entre l’individu et l’État, viennent s’insérer ces formations collectives dont chacune représente une certaine orientation commune à ses membres, un parti politique. La démocratie est donc nécessairement et inévitablement un État de partis.

Certes, le dialogue politique est à l’épreuve de nombreux défis, mais les positions affichées par certains acteurs politiques permettent de rester optimiste. Dans cette perspective, les médias dont le développement fantastique des moyens de communication en a fait unpilier de la consolidation démocratique, ont un rôle important à jouer. Ils ont en effet la capacité de conditionner l’opinion publique et d’exercer des pressions significatives sur les pouvoirs institutionnels.

Puisse le Sénégal rester gagnant en tout cela !

Dr Amadou Tidiane LY, UCAD

Responsable politique APR,

Commune de Bokidiavé, MATAM

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