Mama Sy, la sénégalaise d’Etampes à Molenbeek pour « mieux comprendre la radicalisation

Elle a fait le déplacement « pour chercher des réponses et mieux comprendre la radicalisation ». Mais surtout pas « pour faire du buzz ». Mama Sy, adjointe (SE) à la jeunesse à la mairie d’Etampes, a fait partie de la délégation d’une quinzaine d’élus et de militants associatifs de la banlieue parisienne invités par la municipalité de Molenbeek.

Mama Sy, la sénégalaise d’Etampes à Molenbeek
Molenbeek, dimanche. Mamay Sy (en noir avec un sac blanc), adjointe à la jeunesse d’Etampes et éducatrice spécialisée en Seine-Saint-Denis s’est rendue dans cette ville de Belgique qui a la réputation d’être un fief de djihadistes. (DR.)

Elle s’est donc rendue ce dimanche dans cette ville en banlieue de Bruxelles en Belgique qui a la réputation d’être un fief de djihadistes et où Salah Abdeslam, l’un des terroristes présumés des attentats du 13 novembre à Paris, a été arrêté. « Je n’ai pas été sollicitée en tant qu’élue mais en tant qu’éducatrice spécialisée en Seine-Saint-Denis et représentante associative, précise Mama Sy. Mais mon poste d’élue à Etampes me permet d’aborder le problème dans son ensemble. Cette question du terrorisme et de la radicalisation des jeunes me préoccupe énormément. J’estime que c’est à nous tous de nous y atteler pour combattre ce fléau. Mais pour cela, il faut d’abord bien connaître le problème, sans nier aucune réalité. »

Le déplacement jusqu’à Molenbeek a donc été bénéfique. Mama Sy aurait cependant préféré que cela se fasse plus discrètement. « Je regrette qu’il y ait eu tant de communication en amont, lâche l’élue. Quand nous sommes arrivés à Molenbeek, nous étions suivis par les caméras de BFM et autres médias. Franchement, je me désolidarise de cela. Pour le reste, la visite a été enrichissante. Je trouve qu’au final, on n’est pas si mal en France, même si ce n’est pas en une journée qu’on peut se faire une idée précise de ce qui se passe dans une commune. »

« Chaque communauté est dans son coin »

L’adjointe d’Etampes a été stupéfaite que certains quartiers de Molenbeek soient habités par 80 % de Maghrébins. « Elle est où l’intégration, s’étonne Mama Sy. On ne peut pas parler de vivre ensemble dans ce contexte. La mixité sociale est très importante. Nous avons rencontré des habitants, et j’ai eu l’impression qu’ils vivaient les uns à côté des autres, c’est tout. C’est fermé, chaque communauté est dans son coin, il n’y a pas d’échanges. »Mama Sy, la sénégalaise d'Etampes

Mama Sy ne s’est pas nourrie que de l’expérience belge. Parmi la délégation, il y avait aussi des élus de Trappes (Yvelines). « Ils nous ont expliqué que 80 jeunes étaient partis faire le djihad, c’est énorme, n’en revient-elle pas. Trappes, ce n’est pas si loin d’Etampes, cela m’inquiète pour notre jeunesse. Moi, je suis sur le terrain tous les jours, en tant qu’éducatrice et en tant qu’élue. Je connais par cœur les quartiers. Il ne faut pas nier les problèmes. Mais je reviens de Molenbeek avec un message d’espoir. »

Elle a déjà envisagé les prochaines étapes : rencontrer des politologues et des sociologues. « En tant qu’élue à la jeunesse, je me demande tous les jours ce que nous, les politiques, proposons pour endiguer le problème. Et pour être honnête, pas grand-chose. J’ai lu les 80 mesures annoncées ce lundi par le Premier ministre pour lutter contre le djihad. Ce plan intervient un an et demi après les premiers attentats à Paris, c’est trop tard. Il est temps de prendre le taureau par les cornes. »

leparisien fr

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.