Le Sénégal vers de nouvelles manifestations tendues

Le Sénégal se prépare à de nouvelles manifestations tendues avec le procès de l’opposant Ousmane Sonko. Les partisans de l’ancien député et maire de Ziguinchor accusent le pouvoir d’instrumentaliser la justice pour empêcher leur champion de se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Journées sous haute tension en perspective au Sénégal où des manifestations à risques peuvent avoir lieu ce jeudi 30 mars à Dakar malgré l’interdiction par les autorités des marches annoncées par Yewwi Askan Wi.

La coalition Yewwi Askan Wi a appelé les Sénégalais à se joindre à une marche pacifique mercredi après-midi à Dakar, veille du procès programmé de l’opposant Ousmane Sonko, poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, pour « diffamation, injures et faux ». Il faut dire cette marche interdite par le préfet de Dakar n’a pas pu avoir lieu.

Ousmane Sonko et ses supporteurs accusent le pouvoir d’instrumentaliser la justice pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de février 2024. Le parti présidentiel accuse Ousmane Sonko de vouloir paralyser le pays et de se servir de la rue pour échapper à la justice. Ce jeudi, jour de son procès, tout ou presque est au ralenti. Les écoles, instituts et universités ont anticipé les fêtes de pâques. Plusieurs établissements, notamment bancaires ont annoncé leur fermeture exceptionnelle ce jeudi.

Depuis plusieurs mois, le président Macky Sall laisse planer le doute sur une candidature à un troisième mandat, contestée par l’opposition. Interrogée sur l’antenne de France 24, l’ancienne Première ministre du Sénégal, Aminata Touré, assure que la Constitution « est très claire » sur ce point et que le chef de l’État ne peut pas se présenter à la prochaine élection présidentielle.

« Actes subversifs »

Le préfet de Dakar a interdit les manifestations de mercredi et jeudi dans la capitale en invoquant des « menaces réelles de troubles à l’ordre public ».

En prévision d’éventuels troubles, l’Université de Dakar et les écoles sénégalaises ont avancé le début des vacances de Pâques à mardi, au lieu respectivement du 1er avril et du 31 mars.

La justice a par ailleurs annoncé mardi avoir arrêté des membres d’un groupe qui visait, selon eux, à « semer le chaos et l’insurrection » dans le pays pour empêcher le procès jeudi à Dakar de Ousmane Sonko.

Des investigations ont établi des « faits mettant en jeu la stabilité du pays. L’intention (de ce groupe) était de mener des actes subversifs et de porter atteinte à des personnalités publiques dans la justice, l’appareil d’État, dans les milieux religieux et la presse », a affirmé le procureur général de la République Ibrahima Bakhoum, lors d’une rencontre avec la presse.

Elles ont permis de découvrir « la confection » par ce groupe « de produits explosifs, de fumigènes, de cocktails Molotov et de herses » et un déplacement de ses membres pour se procurer des armes dans un marché sous-régional proche de la Guinée, a dit Ibrahima Bakhoum.

Quatre personnes ont été interpellées pour « association de malfaiteurs, actes et manœuvres de nature à troubler l’ordre public, incendie criminel » et 19 sont recherchées, selon le procureur général.

Un des individus arrêtés « se réclame du MFDC (la rébellion indépendantiste en Casamance) et serait l’organisateur de toutes les manifestations violentes de Pastef (le parti d’Ousmane Sonko) à Bignona », un fief d’Ousmane Sonko dans le sud où un jeune a été tué le 20 mars lors de heurts entre manifestants et forces de l’ordre. Cet individu se « présente comme le responsable des affaires mystiques de Sonko », a précisé le procureur.

Au moins une autre personne avait été tuée dans des heurts à Dakar le 16 mars, jour du début du procès d’Ousmane Sonko qui avait été renvoyé à jeudi.

Le gouvernement avait en juin 2022 annoncé l’arrestation à Dakar de rebelles de Casamance lors d’une manifestation de l’opposition, ce qui avait été réfuté par Ousmane Sonko.

L’opposant politique, Ousmane Sonko a informé mercredi la suspension d’un de ses conseils en l’occurrence Me Ousseynou Fall par le bureau de l’ordre des avocats du Sénégal. «Maître Ousseynou Fall, l’un de mes principaux avocats, vient de m’informer de sa suspension par le bureau de l’ordre des avocats du Sénégal, sur plainte du juge en charge du dossier, Pape Mohamed Diop, suite à des échanges lors de l’audience du 16 mars dernier», a dit Ousmane Sonko.

Il faut également signaler que l’union nationale des travailleurs de la justice a décrété une grève totale de 48h à partir de ce jeudi. Selon les travailleurs de la justice, cette décision est motivée par “l’indifférence de l’autorité de tutelle qui n’a manifesté aucune volonté d’apporter des réponses satisfaisantes au différents points de revendications”.

Source France 24 avec AFP
Par laviesenegalaise Avec Seneplus
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.