La Grand Muraille Verte, une urgence climatique pour revégétaliser l’Afrique

Continent africain - Sputnik Afrique, 1920, 30.12.2022

L’Afrique, en première ligne dans les défis climatiques, débute la transformation de sa zone désertique d’Est en Ouest. L’Union Africaine est à l’initiative de cette reforestation grâce à un mur végétal. Les enjeux, nombreux, sont détaillés dans notre article.

Focus sur les enjeux de la Grande Muraille Verte en Afrique

Face au réchauffement climatique, une préoccupation prise en compte à l’échelle planétaire, un projet a été érigé pour lutter contre le risque de désertification qui menace de plus en plus l’Afrique. C’est dans ce cadre que le projet de Grande Muraille Verte a vu le jour il y a une quinzaine d’années. En quoi cela consiste ? Quels sont les enjeux, les contraintes et les perspectives ? Est-ce réalisable ? Tout de suite, quelques explications…

Grande Muraille Verte : de quoi s’agit-il ?

Présenté en 2007 par l’organisation Union Africaine, composée de 55 pays africains, le projet intitulé Grande Muraille Verte a été élaboré pour trouver une solution à la problématique de désertification.

En l’occurrence, il n’est pas anodin que l’ONU ait inscrit cette initiative dans le programme de restauration mondiale. Rappelons que l’Afrique représente 6 % de la terre, avec 2 milliards de personnes. La zone désertique constitue 30 % du continent, soit 5000 km. Or cette même zone gagne du terrain avec le réchauffement climatique et les activités humaines, ce qui impacterait significativement ce continent. 

Ce projet de reboisement consiste donc à créer une véritable muraille avec de la végétation et des arbres, traversant l’Afrique dans sa largeur, soit 8000 km sur 15 km de large. Ceci pour créer une séparation entre les zones désertiques au Nord et les forêts denses au Sud. L’objectif est donc de freiner l’avancée du désert au niveau du Sahel, et ce avant 2030.

L’importance de ce projet est telle qu’il a fallu 10 ans pour le valider.

Les bienfaits de la végétation pour l’Afrique

Ce projet, bien que complexe, comporte de nombreux avantages. La végétation permettrait notamment de:

  • protéger la biodiversité
  • assurer le retour des pollinisateurs et des insectes
  • réduire le risque d’érosion des sols
  • restaurer les terres en état de dégradation
  • séquestrer l’équivalent de 250 millions de tonnes de carbone
  • faciliter la sécurité alimentaire
  • créer près de 10 millions d’emplois, notamment dans le secteur de l’élevage, mais aussi en prenant en compte les enjeux du développement économique, qui se traduisent par la volonté de créer des nouveaux métiers, comme ceux du casino africain, qui soient en même temps éco-responsable

Les défis et contraintes de la Grande Muraille Verte

A partir d’un projet de reboisement, quelles sont les contraintes géopolitique et sociales, et les perspectives durables ?

Un projet de reboisement complexe

Reboiser une zone désertique suppose de ne pas choisir les arbres de manière aléatoire. En effet, le climat, la nature des sols, les lieux de plantation et la population sont autant de critères qui doivent être pris en compte. Le climat étant relativement hostile, sept espèces conviendraient à ce projet, mais des vérifications préalables sont nécessaires. Les arbres capables de survivre dans ces conditions sont par exemple l’Acacia, le Jujubier et le Dattier du désert. Ce dernier peut d’ailleurs survivre sans apport d’eau pendant deux ans. Il s’avère particulièrement résistant et a une durée de vie qui peut aller jusqu’à 100 ans.

Un contexte géopolitique et social qui complexifie la démarche

Ce projet est aussi quelque peu ralenti en raison des conflits ayant lieu actuellement sur le continent. La Grande Muraille Verte n’apparaît donc pas, dans ce cadre, comme une priorité. De plus, les fonds dédiés à ce projet n’ont pas toujours été utilisés pour ce projet. En raison de la corruption existante, il a été établi que 170 millions d’euros seulement (38 millions d’euros uniquement pour l’Afrique) sur 760 millions d’euros ont été dépensés pour ce projet. 

Des perspectives encore incertaines

A ce stade, il est peu probable que l’objectif portant sur un reboisement de 100 millions d’hectares soit atteint en 2030. La restauration des terres est de 57 % pour l’Ethiopie, 20 % pour le Niger et seulement 3 % pour le Sénégal. Au total, la Grande Muraille Verte n’est réalisée qu’à 20 %.

Ce sont donc des résultats assez faibles que l’on constate pour l’instant, que ce soit en raison d’un financement insuffisant et au regard des conflits actuels.

Pour toutes ces raisons, la démarche Reset GMV a été lancée en 2023 pour faire le point et capitaliser sur les actions déjà menées, établir des solutions durables et instaurer des connexions pour approfondir les connaissances. Cette communauté de recherche interdisciplinaire est mise en œuvre sur un périmètre national et régional et se focalise sur différents éléments comme les services écosystémiques, la gouvernance des territoires et la gestion des ressources.

En résumé, si l’initiative est plus que salutaire au regard des risques existants et du réchauffement climatique, le projet n’a que peu progressé. Conflits, corruption, postures différentes… sont autant de sujets qui retardent significativement cette démarche. Espérons donc que Reset GMV et d’autres démarches permettent de mieux ancrer cette Muraille au sein des territoires. Nous vous invitons à continuer la lecture de cet article sur les dons pour les œuvres caritatives pouvant également bénéficier à cette grande cause écologique.

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