Formation des partis politiques au Sénégal : Etat des lieux

Au Sénégal, les partis politiques sont conscients de l’intérêt de former leurs militants. Les plus grands et les mieux structurés essaient de les animer, avec les moyens du bord.

Etat des lieux

  • APR

A l’Alliance pour la République(APR), l’université républicaine est l’aboutissement d’une année de formation où tous les pans du parti se retrouvent avec son président Macky Sall, pendant deux jours, pour échanger sur une thématique (le PSE en 2016 à Mbour). Créé au lendemain de la naissance de l’APR (2008), l’école du parti regorge d’un comité de réflexion scientifique qui s’occupe de la formation permanente et intermittente. ‘’Un militant doit pouvoir saisir la nuance et la relation qui existent entre une idéologie, une doctrine et un programme. Tout part de la doctrine, pour forger l’idéologie et à partir de l’idéologie forger un programme.

De ce programme, seront inspirées les politiques publiques de l’Etat.’’, explique Me Djibril War, directeur de l’école du parti de l’Alliance pour la République. Il est donc évident que pour un parti au pouvoir, la formation est axée sur les programmes politiques, publics et les réalisations du gouvernement, afin de permettre à leurs militants de mieux se les approprier et les vulgariser.

Pour ce faire, renseigne le député Me War, un ministre est invité à l’Ecole du parti, tous les 15 jours, devant l’auditoire composé de militants de toutes les tranches d’âge, pour faire un état des lieux sur ce qu’il a trouvé, ce qu’il est entrain de faire, l’évaluation et les perspectives.

C’est pourquoi, estime-t-il, ‘’Il est inconcevable qu’une militante, même non instruite, qui se trouverait au fin fond de la Casamance, ne puisse pas connaître c’est quoi le PUDC, le PSE, la CMU, les bourses de sécurité sociale etc.’’, lance Me War dont le credo à l’enseigne de l’école du parti est ‘’un militant bien formé est un citoyen modèle ‘’

  • PDS

Au Parti démocratique sénégalais (PDS), la structure qui s’occupe de la formation s’appelle l’Institut libéral de formation supérieure. Son directeur général, Dr Malick Dieng, assure que la formation donnée ne laisse aucun pan de l’évolution de l’ex-parti au pouvoir : de ses 26 ans de conquête du pouvoir, aux 12 ans de son exercice jusqu’à sa reconquête actuelle. ‘’Nous avons un module intitulé ‘’le parti et son évolution : de l’épisode de Mogadiscio à nos jours’’. Mogadiscio, c’est là où nous avons obtenu de Senghor son accord de créer le Pds qui était, au départ, un parti de contribution avant de devenir plus tard un parti d’opposition légal, le premier en Afrique’’, informe Dr Malick Dieng.

 Le secrétaire national chargé de la formation de l’idéologie du Pds de louer la richesse de son institut : ‘’nous avons toute la documentation. Une bibliothèque fournie de plus 50000 ouvrages dont les ouvrages personnels de Wade, ses anciens écrits, ses documents en version audio et vidéo, ses anciennes conférences, les prises de parole des députés à l’Assemblée nationale, de 74 à nos jours. Ça n’existe nulle part’’, se glorifie-t-il, en confiant cette anecdote : ‘’J’ai reçu un professeur de Sciences Pô qui venait de l’Université de Chicoutimi (Canada); nous avons beaucoup discuté et il m’a fait savoir qu’il n’a jamais vu ça dans le monde qu’il dit avoir sillonné.’

  • AFP

A la formation politique de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, le Centre de Formation, de Documentation et de Communication (CFDC), autrement appelé l’Ecole du parti, est chargé de la formation militante. Il est piloté par le Professeur Mawloud Diakhaté. A côté de ce centre, il existe une cellule de communication composée de cinq à six personnes chargées de représenter l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) où le besoin se fait sentir et de monter en première ligne si l’actualité l’exige. Le responsable de cette cellule est le docteur Malick Diop, porte-parole du parti. ‘’L’absence de formation est le ferment des violences constatées sur l’échiquier politique sénégalais. Nous autres, à l’AFP, nous en sommes conscients et organisons, tous les étés, une « Université d’été » pour la mise à niveau de nos militants, au-delà bien entendu des activités d’animation et de formation que nous menons toute l’année’’, indique le professeur Diakhaté.

  • PIT

Au Parti pour l’Indépendance et le Travail (PIT), il n’y a pas une entité dédiée exclusivement à la formation des militants. Ce qui, tout de même, ne signifie pas qu’on accorde moins d’importance à la question dans ce parti de gauche. ‘’Au PIT, nous avons dans nos organigrammes et à tous les niveaux, un camarade chargé de la formation, de l’éducation. Mais ce camarade n’agit pas seul. D’autres avec leur domaine dédié sont aussi obligés de former, d’apprendre et d’aider à apprendre…’’, informe son Secrétaire général, Samba Sy.

  • PS

En matière de formation militante au Sénégal, le Parti socialiste (PS) a joué un rôle pionnier. De ce point de vue, il peut se targuer d’être dépositaire d’une certaine légitimité historique pour avoir fait de l’éducation et de la formation politiques un de ses leviers, surtout pendant les deux premières décennies qui ont suivi son accession au pouvoir. Cependant, après moult et vaines tentatives de recueillir la contribution des responsables de la formation du Ps à ce travail, nous étions obligés de nous rabattre, malgré nous, sur les recherches documentaires et témoignages d’autres acteurs. D’après l’ouvrage intitulé ‘’Le parti socialiste : De Senghor à Abdou Diouf’’, préfacé parce dernier et rédigé par le Groupe d’Etudes et de Recherches (CER), une des instances de réflexion du parti, ‘’l’école du parti Socialiste est une institution de formation et d’éducation politique (art.19 des Statuts)’’.

 Définie par l’article 31 du règlement intérieur, l’Ecole du parti est une structure autonome, spécialisée, rattachée au Bureau politique par l’intermédiaire du Secrétaire national chargé de la Formation permanente qui en assure directement la tutelle. ‘’Les programmes de formation sont adaptés à chaque structure, en fonction du niveau considéré et des objectifs définis, encollant à la réalité quotidienne de la vie de ses structures, des hommes et des femmes qui les animent et s’intéressent aux problèmes qui préoccupent localement les populations concernées ’’, lit-on à la page 129 dudit livre.

Autres thématiques qui intéressent  les partis politiques dans leurs modules de formation, les questions comme les enjeux du monde contemporain, le management et leadership politiques, le panafricanisme, le syndicalisme patriotique, les positions politiques historiques du Sénégal, l’histoire des idées politiques, la prise de la parole en public ou dans les médias…

  •     EnQuete
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