Déroute du candidat de Bby Amadou Ba : Chronique d’une défaite programmée

La défaite du candidat Amadou Ba a mille et une explications : Pour certains, c’est la volonté divine qui s’est abattue sur la coalition Benno Bokk Yakaar. Sans doute, mais, à y voir de près, Macky Sall y a contribué en fragilisant son candidat dont le sort est scellé depuis la libération du célèbre opposant Ousmane Sonko et son numéro 2, désormais, président élu, M. Bassirou Diomaye Faye.Déroute du candidat de Bby Amadou Ba - Chronique d'une défaite programmée

«Il faut être fier d’avoir hérité de tout ce que le passé avait de meilleur et de plus noble. Il ne faut pas souiller son patrimoine en multipliant les erreurs passées», disait Gandhi. Hélas !

Qui est surpris ? Certains ont cru à une éventuelle victoire, mais tous les ingrédients étaient réunis pour une cuisante défaite du candidat de Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba à l’élection Présidentielle du 24 mars dernier. Sa chute a été voulue et programmée. En effet, il portait les étendards de BBY, mais la réalité est que Macky Sall, qui a pourtant porté son choix sur lui, a travaillé pour sa défaite. En vérité, la machine de Benno Bokk Yakaar n’a même pas été mise en branle par le Président Sall. Elle s’est écroulée face au raz de marée de la coalition Diomaye Président. Et au-delà, la classe politique de la vieille garde est envoyée à la retraite. C’est symbolique. Le monde contemporain est devenu beaucoup plus exigent. Comme un match de football, l’arène politique aussi, a ses réalités. Encore pire, dans le jeu politique, il n’y a pas de nul. Soit on gagne ou on perd. Benno Bokk Yakaar a ainsi joué dans la tricherie et a perdu devant un parti très jeune (moins de dix ans) et qui était d’ailleurs dissous par le régime. Ce fut d’échecs, de crocs en jambes qui ont été fatals à l’ex-Premier ministre, qui s’est retrouvé avec 35% pourtant.

Quid du candidat, l’ex-Premier ministre ? Selon certains analystes politiques, «la dynamique qui a conduit à la déroute de Amadou Ba a été enclenchée depuis 2021». Mais, la balle était encore dans son camp. Lors de l’annonce par Macky Sall à la date du 3 février dernier de l’abrogation du décret convoquant le corps électoral entrainant sine die le report de la présidentielle, en tant que Premier ministre, Amadou Ba aurait pu prendre ses responsabilités et ses distances. Refuser de contresigner le décret et prendre l’opinion à témoin de son désaccord puisqu’il était la cible des faucons. Ce qui fait dire à Moussa Diaw, Docteur en Sciences politiques à l’UGB, interrogé par L’Obs, que «Amadou Ba a été trop attentiste pour qu’on lui offre tout sur un plateau d’argent alors que la politique, c’est la bataille des idées, le courage et la combativité».

Il ajoute que l’ancien Premier ministre a commis «l’erreur» de «dire qu’il s’inscrit dans la continuité de la politique du Président sortant alors que celle-ci est rejetée et n’a plus le soutien des citoyens pour des raisons de mal gouvernance, d’impunité et d’arrogance de certains responsables politiques». Cette indépendance lui aurait permis d’avoir une autre vision mieux éclairée de la suite du régime Sall.  

Mais, il n’avait pas les coudées franches, car il n’a pas d’appareil. Il était un «successeur désigné» sans parti politique à son effigie. Le plus grand perdant, c’est l’Apr (Alliance Pour la République) de Macky Sall, ce parti dont il n’a pas voulu quitter la tête après douze ans à la tête d’une République. Un parti qui depuis sa création en 2008 à nos jours, n’est pas encore structuré au niveau national.

Aujourd’hui, c’est une évidence pour tout le monde : Au-delà du changement voulu, cette cuisante défaite, dont l’artisan n’est personne d’autre que le chef de file de Benno qui a scié la branche sur laquelle était suspendue Benno Bokk Yakaar, on va inéluctablement vers l’implosion de cette coalition historique : Il faut prévoir des départs en cascade dans les prochains jours, prochains mois des responsables politiques de l’Apr et des autres partis pour rallier le pouvoir ou vers d’autres formations plus organisées en vue des prochaines échéances électorales (locales et législatives), pour un avenir loin de l’opposition et de la sécheresse.

 

Djiby DEM – laviesenegalaise.com

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