Bargny-émigration clandestine : Au milieu du chagrin et de l’effroi, subsiste l’incertitude

Dans la paisible ville de Bargny, le calme règne en maître, mais sous cette tranquillité en apparence, se cache un drame humain silencieux et déchirant.

Bargny est devenue le point de départ de nombreuses pirogues chargées d’âmes en quête d’une vie meilleure, rassemblant des personnes de diverses nationalités, notamment des Guinéens, des Gambiens, des Maliens, et bien sûr des Sénégalais.

Alors que des rumeurs alarmantes circulent sur les réseaux sociaux évoquant des centaines de décès liés à la tragédie de la migration irrégulière en mer, les informations restent rares et incertaines.

Khalifa Ababacar Ndour, infirmier de formation et père de deux jeunes filles décédées dans un tragique accident au large des côtes de la Mauritanie, partage son expérience : « Mes deux filles sont mortes lors de l’accident de Nouadhibou. Contrairement à certaines informations non confirmées, nous n’avons pas encore de nouvelles du naufrage de Guédiawaye. Mes filles sont décédées loin de chez nous et ont été inhumées sur place après leur identification. Mais la situation tragique dans cette affaire, c’est que les familles ont du mal à obtenir des informations fiables.»

Le désespoir des familles se trouve exacerbé par l’absence d’informations claires et les difficultés pour identifier les victimes. Khalifa Ndour continue en expliquant que le capitaine de la pirogue a pris la fuite après l’accident, ce qui a retardé la confirmation de la tragédie. Il est temps, poursuit-il, d’attendre l’identification des corps pour connaître le sort des disparus et des survivants.

À Bargny Guedji, la plage est déserte d’activités, et seuls deux pêcheurs discutent de la situation. Interrogé sur les rumeurs de centaines de morts en mer, l’un d’entre eux tempère : « Ce n’est pas encore confirmé. Il est trop tôt pour tirer des conclusions, mais il est certain que les décès signalés récemment ont eu lieu à Nouadhibou. C’est tragique pour nos jeunes, car les conditions actuelles ne sont pas propices aux voyages vers l’Europe. »

Bien que les informations sur le naufrage au large de Guédiawaye fassent l’objet de discussions animées, aucune famille n’a encore de confirmation sur le sort de leurs proches. Abdou Aziz Ndiaye, enseignant, sonne l’alarme et appelle les communautés à sensibiliser les jeunes sur les dangers de la migration clandestine et exhorte l’État à prendre des mesures appropriées.

À Bargny, le nombre de jeunes qui ont perdu la vie en mer demeure incertain. Les familles reçoivent des photos de survivants pour tenter d’identifier les victimes et implorent l’État de les soutenir dans cette tâche difficile.

Elles adressent également un appel pressant aux jeunes, les exhortant à éviter de prendre la mer en cette période dangereuse, car les conditions de navigation sont extrêmement précaires. Cependant, malgré les avertissements, certains jeunes sont prêts à risquer leur vie pour tenter l’aventure vers les îles espagnoles.

Avec Dakaractu

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