Affaire des rétro-commissions de 12 milliards à Cheikh Amar : Dakaractu maintient ses informations et charge l’homme d’affaire, « 22 milliards pompés à la CDC »

La lettre réponse du Procureur général auprès de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) brandit par Cheikh Amar pour se dédouaner du paiement de 12 milliards obtenus de MDL ne change rien aux faits que Dakaractu a publiés, lit-on sur le site en question. Nous maintenons toutes nos informations : à savoir que la Section de recherches de la gendarmerie, à la demande de la justice, avait envoyé deux lettres à la Bicis, aux fins de requêtes. Les dites correspondances sont datées du 30 novembre 2012 et du 7 décembre 2012. À ces correspondances, la direction de la conformité de la BICIS, a répondu le 12 décembre en signalant des mouvements suspects sur les comptes de MDL avec des paiements de plusieurs chèques à milliards. Il faut dire que la requête concernait plusieurs personnalités, dont Me Madické Niang et une partie de sa famille, et c’est par incidence que la BICIS a découvert les mouvements de fonds en faveur de Cheikh Amar.

Dès lors que la banque avait mis la justice sur une piste, il appartenait aux enquêteurs d’approfondir et d’éclaircir ces terrifiantes révélations. Des procureurs se sont succédé à la tête de la CREI. Chacun d’entre eux avait sa feuille de route. Nous savons tous qu’une liste de plusieurs personnalités avait été établie. La suite est connue avec les résultats mitigés des poursuites qui ont été abandonnées sans qu’on explique à l’opinion pourquoi.

Dans un article publié ce jeudi, Dakaractu charge encore Cheikh Amar, révélant comment ce dernier aurait pompé 22 milliards de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) (le conditionnel employé par laviesenegalaise.com est à prendre en compte, puisque nous reprenons in extenso les écrits de nos confrères).

« C’est un vrai carnage financier, à coups de milliards, qui a été opéré par Cheikh Amar sur les comptes de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Au point que l’institution et la Cour des comptes lui réclament une somme de plus de 22 milliards de F Cfa. Somme que l’homme d’affaires a pompée dans les caisses de la CDC par des méthodes ubuesques, qui ont indigné les magistrats de la Cour.

 Tout commence en 2009, Cheikh Amar, comme le souligne le rapport de la Cour des comptes, propose un terrain de 5 ha 68 a 50 ca (56 850 m2) à 9 096 000 000 F Cfa à CDC. Le terrain sis aux Mamelles, là où le même Amar construit des villas moyen standing qu’il revend à d’honnêtes sénégalais. « Cette acquisition est financée par un emprunt bancaire de 5 milliards F Cfa nanti sur un dépôt à terme d’égal montant payable 50% au comptant, soit 4 548 000 000 F Cfa et le reliquat en 4 traites semestrielles », mentionne le rapport. 

Grand gagnant de l’opération, Cheikh Amar empoche 9 milliards et se voit proposer par la CDC une joint-venture pour construire des biens immobiliers. Le projet des Mamelles consiste à construire sur ce site des logements, appartements et bureaux de grand standing avec la Société d’Etude, de Réalisation et de Construction (Serc) qui n’avait même pas encore vu le jour. Le rapport de la Cour des comptes dénonce une absence totale d’autorisation du ministre des Finances de l’époque, Abdoulaye Diop, qui a refusé d’approuver la vente. « L’achat du terrain des Mamelles par la CDC n’a pas été prévu dans le budget approuvé le 24 mars 2009 par le ministre de l’Economie et des Finances et arrêté à la somme de 4 230 478 103 FCFA. Il n’est pas non plus retracé par l’arrêté n°1088 du 09 février 2010 portant réajustement du budget de 2009 ainsi que les trois décisions de réaménagement budgétaire de la période », dit le rapport.

 Cette vente créera un autre problème à la Caisse des dépôts : un redressement fiscal pour avoir fait passer la vente par une simple déclaration.  

L’acte de vente a été enregistré aux droits simples de 2000 FCFA occasionnant ainsi un redressement fiscal de 1 748 597 031 FCFA, recouvré par l’avis à tiers détenteur n° 299 du 22 mai 2013, lancé par le Trésor Public. Ainsi, l’homme d’affaires Cheikh Amar fera perdre directement la somme de 1, 7 milliard à la CDC, qui a caché cette opération aux Impôts. 

 Alors qu’on pensait que la CDC a tiré les leçons de cette mésaventure, un autre directeur général, Thierno Seydou Niane, celui-là même qui a été remplacé par Aliou Sall, redonne le terrain acheté à 9 milliards, à Cheikh Amar à travers sa société dénommée SERC qui a été créée le 18 décembre 2013, pour se voir rétrocéder le terrain de 5 hectares le 31 décembre 2013, soit seulement 13 jours plus tard. 

En outre, la Cour des comptes indique clairement dans son rapport que la création de la SERC s’est faite uniquement dans « l’optique de la cession du terrain en question ». Pire, dans la même journée, non content de rendre le terrain à Cheikh Amar, la CDC lui verse la somme de 5 milliards pour s’associer à… Cheikh Amar dans le but de construire des immeubles, qui d’ailleurs n’ont jamais vu le jour. 

Quelques mois plus tard, alors que Cheikh Amar n’avait posé une seule pierre dans le cadre de ce projet, la CDC lui avance encore 3 milliards. Soit 8 milliards en quelques semaines et depuis plus personne ne parle du projet. Cheikh Amar devait payer 14, 4 milliards à la CDC pour la reprise du terrain, il n’a versé que moins de 2 milliards. Et les chantiers ? Et les immeubles ? 

Rien n’a été fait. Le site abrite déjà des maisons appartenant à d’honnêtes sénégalais, mais ces derniers se sont retrouvés dans une cité sans assainissement et n’ont pas encore vu les papiers de leurs maisons. La société Serc qui devait construire les immeubles de la CDC n’a jamais dépassé le bureau du notaire et est restée une société-tiroir, juste pour lever l’argent de la Caisse des dépôts et consignations. « Dans cette transaction, il apparaît, de toute évidence, que SERC n’a rien déboursé et reste débitrice envers la CDC de plus de 21 milliards FCFA au 31 décembre 2014 en raison des facilités consenties au titre de la convention de compte courant », indique le rapport.

Mais le pillage de Cheikh Amar opéré sur les comptes de la CDC ne se limite pas à des montages de projets douteux. Il y a aussi des rachats de crédits. En 2013, toujours avec Thierno Seydou Niane, la CDC rachète un crédit de 2, 7 milliards à TSE, une autre société de Cheikh Amar. Un crédit qui a été racheté sans aucune base légale et qui est resté impayé de la part du débiteur. 

Avec cette dette rachetée, Cheikh Amar doit à ce jour une somme de plus de 22 milliards à la CDC et l’ancien directeur général l’a toujours couvert et n’a jamais réclamé ses créances malgré les recommandations de la Cour des comptes. « 

Pour le reste, Cheikh Amar, doit s’expliquer sur les 12 milliards qui ont transité dans ses comptes et nous parler de cet argent de la caisse de dépôt et de consignation. L’opinion l’attend sur ce point précis!

  • Dakaractu
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