Les partisans de Sonko affrontent les forces de l’ordre : ça casse, ça brûle !

Ce lundi 8 février, le quartier Cité Keur Gorgui s’est transformé en théâtre d’affrontements entre les sympathisants de l’opposant Ousmane Sonko et les forces de l’ordre. Seulement, il n’a pas été le seul à accueillir ces échauffourées. Ailleurs, d’autres foules se sont défoulées.

«N’y touchez pas» ! Tout sauf les habits exposés sur les deux voies de Liberté 6. Pas la marchandise des pauvres commençants. Le camion-grue que la foule en liesse a trouvé au niveau du rond-point n’a cependant pas eu cette grâce. Ainsi en est-il de la station Total à quelques mètres. Le saccage a été total, sous le regard impuissant des travailleurs. Sonko, le nom est scandé et les pierres accompagnent l’orchestre désarticulé de pierres qui fusent.

Des jeunes, pour la plupart, dans la vingtaine, barrent la route et réduisent en miettes tout ce qui est cassable. Pour légitimer la casse de la boutique express de la station d’essence, l’un d’eux lance dans le vent : «ça appartient aux Français» ! La foule ne pense pas, entend-on souvent dire. Ces jeunes révoltés, qui expriment leur furie par la violence, en offrent la preuve éclatante. Les portes en verre de la boutique s’affaissent sous une pluie de pierres lancées avec énergie. L’instinct incite les uns, les autres suivent : on s’approvisionne des produits de ladite boutique. Sur les trottoirs, les passants expriment leur consternation : «Ce ne sont pas des manifestants, mais des agresseurs», s’offusque-t-on. Le peu de lucidité qui reste dans les veines surchauffées des casseurs a fait éviter le pire. Un manifestant extrême a failli incendier la station. On le dissuade de poursuivre son entreprise qui exposerait tout ce beau monde amassé autour de la station.Affrontement chez Sonko - Cité Keur Gorgui - DAKAR

La foule migre, aux environs de 16h, en direction du Front de terre. Le même modus operandi est maintenu. La route est barrée, des déchets versés sur la route, les pluies de pierres se chargeant de défigurer les édifices qui longent la route. Et, gare à celui qui voudrait filmer les scènes de casse. Cette foule folle ne prévient qu’une seule fois avant de s’attaquer à tout indiscret qui s’improvise reporter d’images.

Ça chante, ça progresse et ça casse. Les chants de ce bataillon, refrain et couplets compris, se résument à : «Sonko». Le leader du Pastef a déclaré, le 7 février dernier, dans la nuit, que le moment du combat était venu. Ce, suite à une accusation de viol à son encontre par une masseuse. Dans son discours, Ousmane Sonko avait fait comprendre qu’il n’allait pas répondre à la convocation des enquêteurs, brandissant du coup son immunité parlementaire. Le moins qu’on puisse dire, c’est que son appel à la résistance est bien suivi. Surtout par les jeunes.

Mettre en miettes tout ce qui est cassable

Ceux-là qui avaient emprunté la voie du Front de terre ont eu l’aubaine de rencontrer sur leur chemin une maison peinte en marron et beige, les couleurs de l’Alliance pour la République du Président Macky Sall qu’Ousmane Sonko, dans son point de presse, avait désigné être derrière le «complot politique» qui a soulevé cette question de viol. La foule a fait d’une bouffée les fenêtres en verre de cette maison où flotte une banderole représentant le Président et un de ses soutiens. Dans d’autres quartiers, des supermarchés Auchan ont été saccagés.

Peut-être craignaient-ils de rencontrer une voiture de police : en effet, les manifestants ont changé de trajectoire. Ils investissent les ruelles et abandonnent la route principale. Les voilà à Castors. Seulement, à force de fuite, ils sont tombés dessus. Pas de round d’observation. A la vue de la foule, les policiers déclenchent des tirs. Les bombes lacrymogènes infestent l’air, la panique s’installe dans les rangs. Ceux qui semaient la terreur de leurs mains armées de pierres s’en remettent maintenant à leurs jambes. Sauve qui peut ! La panique s’empare des rangs et on cherche à se réfugier dans les maisons aux alentours. Pas de chance, puisque les habitants du quartier de Castors ne veulent héberger personne. C’est alors par la force que les fuyards pénètrent dans les maisons pourtant interdites d’accès par les propriétaires. Ce qui n’a pas été sans conséquences.

Dans l’une des maisons, une jeune femme est à terre, bousculée qu’elle a été par les manifestants qui se disputaient l’entrée avec un jeune homme qui s’active à les repousser. Ce qui devait être un affrontement entre manifestants pro Sonko et forces de l’ordre s’est transformé en échauffourées entre des habitants d’un quartier dont la tranquillité est perturbée par les envahisseurs manifestants. «Tu te tais et tu sors d’ici.» Le jeune homme qui interdisait l’accès à sa maison familiale se chauffe et crie sur un fuyard qui n’a que son silence pour répondre. D’autres sont sur le toit de la maison d’en face. Ils en sont chassés. «Sonko n’en vaut pas la peine. Ou alors, vous n’avez qu’à attendre l’élection présidentielle pour changer la donne», crie une résidente.Ousmane Sonko - Affrontement chez Sonko - Cité Keur Gorgui

Moussa SECK

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