Le climat délétère qui sévit actuellement entre les travailleurs affiliés au Sutsas et le Directeur du Centre hospitalier d’Ourossogui est au centre de toutes les préoccupations dans cette zone du Nord du pays. Raison suffisante pour revenir sur l’écheveau, deux jours après le sit-in des agents membres du Sutsas And Guesseum de Matam, pour réclamer de meilleures conditions de travail et le respect des accords signés avec la tutelle.
Les agents de santé affiliés à la sous-section Sutsas And Guesseum de Matam, qui restent déterminés à poursuivre le combat jusqu’à la satisfaction intégrale de leur plateforme revendicative, ont manifesté encore avant-hier, jeudi, leur engagement à lutter pour l’acquisition de meilleures conditions de travail et le respect des accords signés avec la tutelle durant un sit-in tenu au sein du centre hospitalier de Ourossogui. La direction avait pourtant indiqué interrompre la tenue de rassemblement sur le site à travers une mesure induite par le fait « qu’en référence à l’alinéa 2 de l’article L 276 du Code de travail, il est formellement interdit, en cas de grève, d’occuper les locaux et les abords immédiats de la structure, sous peine d’encourir les sanctions prévues dans les articles L 275 et L279 du même code ».
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Une décision qui avait subséquemment buté contre la détermination des syndicalistes qui ont brandi « leurs droits de pouvoir revendiquer sur leur lieu de travail ». Sur le fait, ce fut le hall principal de la structure hospitalière qui avait encore servi de chute pour accueillir les agents de santé de la sous-section SUTSAS And Guesseum à l’occasion du sit-in qu’ils ont observé.
Alors que la satisfaction intégrale de leur plateforme revendicative continue de motiver leur rassemblement, le déroulement du 4ème plan d’action des syndicalistes au niveau local pour « des questions liées essentiellement à l’attitude du directeur du centre hospitalier de Ourossogui», se positionne aussi sur le registre des urgences. A cet égard, les membres de l’organisation syndicale après avoir annoncé leur détermination à poursuivre le combat jusqu’ à la satisfaction intégrale de leur plateforme revendicative, ont profité de la circonstance, pour dénoncer de nouveau « une décision unilatérale d’augmentation des indemnités du directeur, en décriant de fausses facturations liées à la gestion des fonds Covid et des attitudes d’abus d’autorité du chef».
Le relèvement exclusif des indemnités du directeur continue d’attiser le courroux des syndicalistes qui exigent une généralisation des augmentations. Tout serait parti de la décision du conseil d’administration, présidé par le président du Conseil départemental de Matam, Amadou Djibril Diallo, d’augmenter les indemnités du directeur de 650.000 à près de 1 million de francs Cfa. Après de nombreuses sorties autour de la question, Mamadou Lamine Sano, le secrétaire général régional du Sutsas reste toujours inflexible dans son combat pour que la hausse accordée au directeur soit généralisée à tous les autres travailleurs. Sa perception étant « qu’au moment où tous les travailleurs participent à la production des recettes, il est normal, en cas de redistribution, que tous les prestataires soient concernés, et chacun selon son niveau ».
On se rappelle que face à la tension qui prévalait au niveau de la structure hospitalière, Dr Ousmane Guèye, le directeur de l’hôpital, s’était adressé à la presse, par rapport, comme il le déclarait ,« aux griefs portés à l’encontre de sa personne, portant sur cette prétendue décision unilatérale d’augmentation de ses indemnités et notamment sur des allégations de fausses facturations et d’abus d’autorité ».
« Au sujet de mes indemnités, à ce niveau, il convient de convoquer la régularité de la dépense. Dois-je rappeler que la revalorisation de 400 mille F CFA de mes indemnités, contrairement à ce qui est soutenu par mes pourfendeurs, procède d’une décision du conseil d’administration. Cette augmentation n’est donc pas une décision unilatérale de la direction, mais plutôt celle de l’organe délibérant de l’établissement public. Est-ce que cela fait-il de moi un privilégié, comparativement à mes homologues de niveau équivalent ? Est-ce que, ce que je perçois est supérieur par rapport à ce que reçoivent mes autres collègues, je suppose que non. Et vous pouvez faire la vérification et si c’est le cas, je suis prêt à renoncer à cette augmentation, soutient-il. Je suis loin d’être un privilégié », avait-il annoncé.
Avant d’informer que le même conseil d’administration a eu à octroyer des primes de garde et d’astreinte, une semaine après sa nomination et a aussi autorisé le paiement de prime de logement à la place des logements conventionnés.
« Je suis arrivé dans cet hôpital, le 06 janvier 2021, la première décision que j’ai prise le 31 mars 2021, a été d’introduire dans les primes de motivation, le personnel stagiaire qui était laissé en rade. Actuellement, ils sont au nombre de 25 et tous bénéficient de la prime de motivation. Pour renforcer les services, rien qu’en 2021, j’ai recruté 25 stagiaires rémunérés. J’avais aussi trouvé des revendications de primes de logement pour 13 surveillants de service. On n’arrivait pas à trouver des logements pour les héberger, alors, ils ont demandé à ce qu’ils soient payés en numéraire en raison de 60.000 frs. J’ai accédé à leur demande. J’avais aussi trouvé des revendications de prime de garde et d’astreinte. Cela aussi nous a coûté 20 millions», note-t-il.
Travailler pour l’équité et la justice
Seulement, Il se trouve qu’au-delà de la revendication portant sur la hausse “unilatérale’’ reprochée au directeur, les syndicalistes continuent d’accuser l’administrateur de l’hôpital d’avoir fait usage de fausses factures pour capter les fonds Covid liés à la prise en charge des malades hospitalisés du Covid. Le directeur de l’hôpital qui, dans sa réplique, s’est également exprimé sur les accusations de surfacturation avait demandé aux syndicalistes de saisir les juridictions compétentes. Ces derniers qui se fixent les attributs de travailler pour l’équité et la justice, ont jugé que cette prérogative relevait des compétences des corps de contrôle et des auditeurs.
« En ce qui concerne les factures Covid, je rappelle que nous sommes des citoyens sénégalais et par ricochet des travailleurs de l’hôpital, ces fonds sont des fonds du Sénégal, de l’argent du contribuable. S’il y’a de l’irrégularité autour de l’utilisation de ces fonds destinés à la prise en charge des malades atteints du Covid, je pense que nous sommes très bien placés pour dénoncer ces irrégularités. Maintenant, il appartient au corps de contrôle et aux auditeurs de prendre leurs responsabilités. Nous n’avons pas changé d’un iota par rapport à ce que nous avions dit, car nous détenons par devers nous les témoignages du chef du service administratif et financier et du président de la commission médicale des établissements représentant l’ensemble des médecins, qui se sont prononcés devant un huissier de justice par rapport à la déclaration du directeur dans son bureau le 3 décembre 2021, où il dit avoir utilisé une facture vierge pour des fonds destinés à la prise en charge des malades covid pour que ces fonds n’échappent pas à l’hôpital. Rien n’a été inventé », a précisé le secrétaire régional du syndicat.
Et de poursuivre, « nous maintenons toujours la demande d’éclairage que nous avons demandé au directeur sur les indemnités mensuelles de 500.000 frs qui sont versées au président du conseil d’administration de l’hôpital. On ne peut comprendre que l’ancien directeur de l’hôpital qui a fait des réalisations concrètes durant cinq ans de service, n’ait jamais eu de proposition d’augmentation de ses primes de la part du PCA qui l’a fait cependant pour le nouveau directeur, trois mois tout juste, après sa prise de fonction. Les informations qui disent que le PCA est en train de percevoir 500.000 frs d’indemnité mensuelle, au niveau de l’hôpital demandent un certain éclairage, nous voulons voir clair, sinon c’est le doute qui envahit nos esprits».
En conclusion, Mamadou Lamine Sano, le secrétaire général régional du Sutsas a demandé de « relativiser les bonnes recettes déclamées par le directeur, car au moment où ces agitations se font, le service de la radiologie est en panne et les patients sont référés à l’hôpital de Matam».
Pape Moctar Ndiaye