Guéri du Covid-19, Moustapha Guirassy se confie et lance un appel fort aux Sénégalais

Moustapha Guirassy s'est confié à Intelligences Magazine

L’ancien ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement du Sénégal, entre 2009 et 2012, raconte, dans un entretien exclusif accordé à Intelligences Magazine l’expérience personnelle difficile qu’il a traversée pendant sa contamination au Covid-19. Désormais guéri, le Président du Groupe IAM revient avec émotion sur cette épreuve pour lui et pour sa famille, en tire des enseignements à portée universelle, et invite ses compatriotes à la vigilance, à l’agilité et à la prospective.

Moustapha Guirassy
                               © Photo/ intelligences.info

« C’était plutôt un sentiment de soulagement dans un premier temps parce que je savais à présent le pourquoi de ce syndrome respiratoire aigu sévère qui infectait peu à peu mes poumons, pourquoi ces maux de tête, pourquoi cette fièvre inhabituelle et ce sentiment de malaise général…
J’étais aussi soulagé parce qu’enfin, me disais-je, je serai pour de bon confiné à l’hôpital où j’espérais être entre de bonnes mains. Mais ce sentiment de soulagement fut très vite rattrapé par une conscience troublée par de lancinantes questions encore plus torturantes que la maladie elle-même : ma famille, mes collaborateurs, mes amis, les personnes rencontrées les derniers jours. Bref toutes ces personnes ne courent-elles pas le risque d’être contaminées par moi ? Ma responsabilité devant un tel scénario me donnait déjà un fort sentiment de culpabilité et me rendait encore plus malade. Les premières heures après l’annonce ont donc été plutôt marquées par ce sentiment de soulagement associé à un sentiment terrible de peur et de culpabilité. C’était atroce et affreux, surtout en pensant à mes enfants.
J’avais d’abord un sentiment de malaise général, une fièvre périodique, une fébrilité et des maux de tête. Je n’avais pas de rhume. Je n’avais pas de maux de gorge. Je ne toussais pas. Et les premiers jours, je n’avais aucun souci respiratoire. Pendant quelques jours, j’attribuais tout cela à de la fatigue passagère.
J’ai rencontré le médecin d’un grand cabinet de la place qui a conclu malheureusement qu’il ne s’agissait pas de covid19 puisque les symptômes n’y étaient pas.
La « grippe » ne faiblissant pas, j’ai dû appeler le centre d’appel national dédié au Coronavirus pour me faire dépister. Le premier appel n’a pas eu d’effet puisque les réponses que je donnais au téléphone ont fait dire au médecin que je n’étais pas un cas suspect.
J’ai rappelé deux (2) jours après plus anxieux et inquiet en insistant sur mon désir de me faire dépister. La réponse fut la même. Je commençais à être vraiment déçu et inquiet. Ils pensaient me rassurer en me disant que je n’étais pas un cas suspect mais moi je commençais à me suspecter de fort belle manière ; je me confinais de plus en plus à la maison même si la réponse du centre était que je n’étais pas un cas suspect. Cette situation était très inconfortable. Tout en disant que je n’avais pas le covid19, je continuais de me soupçonner infecté.
Deux jours après le deuxième appel, j’ai dû rappeler, mais en trichant cette fois-ci, en répondant systématiquement oui à toutes les questions posées pour être sûr d’être traité comme un cas suspect. « Vous êtes un cas suspect » je m’entendis dire ; « on vous envoie une équipe de dépistage ». Et vers 18 heures, une équipe fut envoyée à la maison pour le dépistage. 24 heures plus tard, on m’appelait pour m’annoncer la « bonne nouvelle » : « M Guirassy, il y a plus de peur que de mal. Votre test a été négatif ». Bien sûr que j’ai commencé par louer Allah mais au fond de moi je doutais très fort du résultat. Je continuais à être inquiet par cette « grippe » et ces difficultés respiratoires qui s’accentuaient de jour en jour. Miraculeusement, je fus rappelé le soir même par le centre pour me signaler qu’il y avait une erreur me concernant : j’étais bel et bien positif.
Cela peut paraître étrange, mais j’ai encore plus loué Allah car étant enfin soulagé d’avoir une confirmation de ce que je soupçonnais.

Le Coronavirus comme une grippe ?

Je ne sais ce que ressentent les autres mais moi j’avais le sentiment d’avoir le paludisme. Exactement les mêmes peines ; les mêmes douleurs ; la même fébrilité. La différence majeure serait peut-être au niveau respiratoire. Dans le cas du Covid19, plus cela durait en effet, plus j’avais des difficultés pour respirer. Et de jour en jour ça se compliquait pour moi. Heureusement que cette infection a peu à peu baissé d’intensité. Et je n’ai pas eu à porter d’appareil respiratoire. Les tests ECG et de radio pulmonaire aussi ont été tous rassurants Le covid19 c’est donc comme le paludisme en terme symptomatique pour ceux qui connaissent cette maladie tropicale, mais plus sournoise et plus dangereuse car infectant assez vite les poumons. On est très fébrile et on a de la fièvre à des moments variables de la journée. Tout cela accompagné de perte d’odorat et d’appétit.

L’ancien maire de Kédougou termine son entretien par une qui interpelle tous. « La Nation toute entière est interpellée, car même après ce covid19 sanitaire, l’économie mondiale fonctionnera désormais en mode #CovidEconomie, c’est-à-dire avec des défis et des chocs désormais transfrontaliers et tous planétaire ».

Source Intelligences.info
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