ALERTE CORONAVIRUS : Matam exposée, les autorités sur le pied de guerre

Onze régions sur les quatorze que compte le Sénégal sont déjà touchées par le Covid-19. Matam, Kaffrine et Kédougou, sont les régions encore épargnées. Pour préserver cette partie du Fouta, les autorités déroulent leur stratégie de riposte, mais la menace est réelle.


Jusque-là épargnée, la région de Matam est selon nos informations, exposée au Covid-19 si la sécurité n’est pas renforcée. Le non-respect des gestes barrières, le mouvement de gens qui viennent d’autres localités vers Matam place la région à hauts risques. En effet, même si les autorités veillent au grain pour prémunir la région et ses habitants, il n’en demeure pas moins que les populations sont exposées. Seule la vigilance et le respect des gestes barrières sont pour l’heure, le seul remède contre cet ennemi invisible.
Le véritable casse-tête constitue le déplacement clandestin de marchands ambulants qui empruntent divers voies et moyens de transport pour rejoindre les villes et villages de la région. Si certaines localités se montrent très fermes à l’endroit des récalcitrants sur l’interdiction de circuler, d’autres sont encore tolérants et compréhensifs pour accueillir en cachette leurs proches, nous renseigne une source.
Malgré l’interdiction de voyager d’une région vers une autre, un habitant de Ourossogui informe que les voyages clandestins se poursuivent. Certains viennent de Dakar tandis que d’autres affluent de Touba. Notre source signale que des passagers « sont transportés par des véhicules de l’administration qui ont l’autorisation de circuler librement ». Une situation qui a créé un sentiment de peur chez les populations qui, jusque-là n’entendent les échos du Coronavirus que dans les médias. D’ailleurs, on a appris que les autorités de la région ont mis en quarantaine une famille venue d’une autre localité dans un hôtel à Ourossogui.

Contacté par téléphone, le Gouverneur de Matam, Mouhamadou Moctar Watt confirme que les gens se déplacent inéluctablement. Selon le chef de l’exécutif régional, « quelques soit la stratégie mise en place, aucune région ne peut rendre ses frontières étanche ». A en croire l’autorité administrative, « les gens contournent les voies normales pour emprunter des pistes et divers moyens de transport pour quitter une région vers une autre. « Cela se passe dans toutes les régions du Sénégal et ce n’est même pas un sujet d’intérêt » a soutenu l’administrateur civil qui informe que leur comité de veille essaie toujours d’adapter leurs dispositifs sécuritaires. Mais, s’étonne-t-il, « de l’autre côté, les gens trouvent également d’autres solutions de contournement ».

Il rappelle que la région de Matam déroule son plan de veille depuis le 19 février, soit avant même l’apparition du premier cas de Covid-19 au Sénégal. Cependant, les autorités se disent réalistes et sans illusion. Car, même si la région de Matam n’a toujours pas de cas positifs, la donne peut changer à tout moment compte tenu de la propagation du virus, qui a traversé des frontières de la Chine à Wuhan, épicentre de la maladie jusque dans les villes et villages les plus reculés en Afrique.

Un hôtel réquisitionné, des gens placés en quarantaine

Selon certaines indiscrétions, une famille qui est arrivée récemment dans la région est mise en quarantaine par les autorités. Interpelé sur cette question, le Gouverneur clarifie. Il déclare que tous les gens qui franchissent illégalement les limites de leur région, s’ils viennent de zone à contaminations communautaires, ils sont de facto mis en quarantaine pour une durée de deux semaines avant de les libérer ou procéder à des prélèvements pour d’éventuels examens virologiques. Il s’agit là, d’une mesure de police administrative. Pour ce faire, le Gouverneur informe avoir réquisitionné un hôtel se trouvant à la sortie de Ourossogui, sur la Route nationale 2, en allant vers Kanel.
Il faut signaler que la région a déjà eu des cas suspects qui se sont révélés négatifs. En effet, lorsque des cas suspects sont signalés, l’autorité demande de procéder sans délais à des prélèvements.

Le dialogue pour faire respecter les mesures barrières

A Ourossogui, ville économique et très attractive qui doit cette chance à sa position géographique, on nous informe que les marchés et autres boutiques sont envahis tous les jours par des clients. Cependant, le Gouverneur fait savoir que des dispositions ont été prises. Prônant le dialogue, Mouhamadou Moctar Watt dit avoir fait convoquer les commerçants dont les magasins sont pris d’assaut par des clients. « On a discuté avec les commerçants pour leur demander de faire respecter les gestes barrières, tels que le port du masque, la distanciation « physique » entre les personnes et ne recevoir à l’intérieur des boutiques qu’un nombre restreint de clients », a-t-il rapporté.

Distribution des masques, « priorité aux agents de santé »

Pour faute de masques, des éléments de la croix rouge qui s’étaient portés volontaires pour réglementer l’arrivée des voyageurs à l’entrée principale de la ville de Ourossogui, ont fini par abdiquer. Ils estiment que sans masques ils sont exposés à la maladie. Ainsi, des Agents de Sécurité de Proximité (ASP) ont été appelés en remplacement. Le port du masque devenu obligatoire sur l’étendue du territoire ne fait pas encore des émules, car, il n’y en a pas encore suffisamment, nous renseigne-t-on. Même si des acteurs politiques ont promis d’envoyer des lots, il faut préciser que pour l’heure, priorité est donnée aux agents de santé qui ne doivent pas être exposés puisqu’ils sont les soignants des malades.

Distribution de l’aide d’urgence alimentaire

Matam a reçu une première cargaison d’environs 1400 tonnes de riz, mais il reste encore et les populations s’impatientent. En ce début du mois de Ramadan, les familles à faibles revenus attendent de recevoir leur part de cette aide du Gouvernement, qui vise à atténuer les effets du Covid-19. Dans le cadre de la distribution, le Gouverneur rassure les populations. Même s’il ne donne pas une date précise de la distribution des vivres pour les bénéficiaires, le chef de l’exécutif régional affirme que celle-ci se fera suivant trois principes que sont la célérité, la proximité, la transparence. S’agissant de la transparence, le Gouverneur dit compter sur le contrôle citoyen afin de ne faire bénéficier qu’aux ayants droit. Il appelle les populations à la patience car, soutient-il la distribution de cette quantité de riz requiert une importante logistique.
En attendant, les populations sont appelées à plus de vigilance pour maintenir le cap de « zéro cas de Covid-19 ». Un défi loin d’être mince.



Djiby DEM

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