Report de l’élection présidentielle au Sénégal : Macky Sall justifie sa décision

Dans une annonce inattendue quelques heures avant le début de la campagne électorale, le président sénégalais Macky Sall a confirmé le report du scrutin présidentiel initialement prévu pour le 25 février prochain.

S’exprimant dans un discours à la Nation ce samedi, le chef de l’État sortant a invoqué une crise institutionnelle, activant ainsi les dispositions de l’article 52 de la constitution.
L’article 52 stipule que le président peut exercer des pouvoirs exceptionnels en cas de menace grave et immédiate sur les institutions de la République, l’indépendance nationale, l’intégrité du territoire ou l’exécution des engagements internationaux, entraînant une interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions.
Motifs invoqués par le président Sall
Macky Sall a évoqué un « conflit ouvert sur fond d’une supposée affaire de corruption de juges ». Il a également fait référence à la controverse entourant une candidate dont la bi-nationalité a été révélée après la publication de la liste définitive par le Conseil constitutionnel, violant ainsi l’article 28 de la Constitution exigeant que tout candidat à la présidence soit exclusivement de nationalité sénégalaise.
Le président sortant a exprimé ses préoccupations quant aux conditions actuelles, déclarant que ces troubles pourraient sérieusement compromettre la crédibilité du scrutin, en semant les graines d’un contentieux pré et post-électoral. Il a souligné que le pays ne peut se permettre une nouvelle crise, faisant référence aux événements de mars 2021 et de juin 2023.
Macky Sall a affirmé son refus d’intervenir dans le conflit entre le pouvoir législatif et judiciaire en tant que président garant du fonctionnement régulier des institutions et respectueux de la séparation des pouvoirs. Malgré cette nuance, il a signé un décret abrogeant la convocation du corps électoral et a réitéré son engagement à ne pas participer aux élections.
Vers un bras de fer entre le Conseil constitutionnels et les députés ?
Le président a annoncé son intention d’engager un dialogue national ouvert pour réunir les conditions d’une élection libre et inclusive. Cette décision intervient après la proposition d’une commission d’enquête parlementaire visant à examiner les conditions d’élimination du candidat du Pds, Karim Wade, de la course présidentielle.
Bien que le Conseil constitutionnel ait exprimé sa volonté de poursuivre le processus électoral malgré les allégations de corruption de deux de ses membres, l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) a réaffirmé le principe de séparation des pouvoirs, indiquant que les magistrats ne répondront pas à la commission d’enquête parlementaire. En réaction, le groupe parlementaire a déposé une proposition de loi, validée par le bureau de l’Assemblée nationale, visant à reporter le scrutin.

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