France – Le contrôleur de la CENA Souleymane Sakho renvoyé de la circonscription consulaire de Lyon

Le consul général de Lyon obtient la tête d’un contrôleur de la CENA

Le fait est, sans doute, inédit. Le consul général de Lyon, Ibrahima Mbodji, vient de faire renvoyer, par simple courrier, Souleymane Sakho, un contrôleur de la CENA  (Commission électorale nationale autonome). Il est reproché au mis en cause d’avoir pris part, à Villeurbanne, à un meeting de la coalition Yewwi Askan Wi. Pour Yaw l’acte posé par le consul général relève de la «manipulation et du mensonge », la CENA, elle, fait dans « l’abus de pouvoir ».


Souleymane Sakho n’est plus contrôleur de la CENA dans la circonscription consulaire de Lyon. Il a été débarqué de cette position le 19 juillet dernier par le président de la CENA établi à Paris, a appris laviesenegalaise.com de sources sûres. Souleymane Sakho est, selon son patron de Paris, tombé sous le coup de l’article 10 alinéa… Cette disposition du code électoral est claire : « Ne peuvent être membres de la CENA les membres d’un groupe de soutien à un parti, à une liste de candidats ou à un candidat ».Souleymane Sakho n’est plus contrôleur de la CENA dans la circonscription consulaire de Lyon

Tout est parti de la lettre de dénonciation que le consul général de Lyon, Ibrahima Mbodji, éminent membre de l’Apr, a adressée au président de la CENA de Paris. Dans ledit courrier, M. Mbodji affirme que le désormais ex-contrôleur Souleymane Sakho « a pris part, le samedi 16 juillet 2022 à Villeurbanne, au meeting organisé par les candidats de la coalition Yewwi Askan Wi ». Et le consul général de poursuivre dans sa missive de dénonciation que « Monsieur Souleymane Sakho est récusé pour avoir failli à son serment prononcé le 7 mars 2022 » en sa présence.
Le mis en cause ne nie pas, selon une source qui lui est proche, sa présence au meeting de Yaw. Mais, précise-t-il, Souleymane Sakho y était pour rencontrer un ami venu de Paris. Ce dernier lui avait donné rendez-vous au lieu « fatal » de Villeurbanne. Son imprudence aurait été d’entrer dans la salle de réunion où, semble-t-il, il a été photographié pour étayer, sans doute, la thèse du consul général.
Informé de la mesure, Abdou Sonko, coordonnateur de la section Auvergne-Rhône-Alpes (région de Lyon) est monté au créneau par une déclaration virulente sur sa page Facebook. Dans son propos, Abdou Sonko annonce que la coalition Yewwi Askan Wi « rejette avec la dernière énergie ces accusations » et prend pour « mensonge et manipulation » le courrier d’Ibrahima Mbodji. « Monsieur Souleymane Sakho ne fait nullement partie d’un groupe de soutien de nos coalitions », écrit Sonko. Interrogeant l’acte posé par le président de la CENA de Paris, Abdou Sonko la considère comme un abus de pouvoir. En quoi, dira-t-il, Souleymane Sakho peut intenter un recours. La CENA étant, à ses yeux, indépendante du gouvernement, du ministère de l’Intérieur, de celui des Affaires étrangères, « aucune autorité ne peut récuser ou demander le renvoi d’un membre de la CENA », soutient-il précisant que cette prérogative est une exclusivité du président de la CENA. Du coup, le renvoi de Souleymane Sakho relève « d’un défaut de compétence et de base légale ».
Par ailleurs, le coordinateur de la section Pastef de Lyon trouve qu’accuser Yaw d’abriter dans ses comités de soutien des membres de la CENA « c’est agresser la coalition ». Il ajoute que l’acte posé par le consul général vient détruire le laborieux gentlemen agreement qui prévalait dans la classe politique. « Le vivre ensemble vient d’être cassé par le consul général pour des raisons purement politiciennes », accuse Sonko. « Finalement, Benno Bokk Yaakaar ne reculera devant rien quand il s’agit d’attaquer ou d’agresser leurs adversaires afin de défendre leurs intérêts quoi qu’il en coûte, quelles que soient les conséquences », dénonce-t-il.
La tension s’est donc ravivée entre le pouvoir et l’opposition à moins d’une semaine des Législatives. Tension inutile pour certains, car l’opposition est confortablement majoritaire à Lyon. A la dernière élection présidentielle (2019), Ousmane Sonko était arrivé largement en tête devant Macky Sall.
En tout cas, la CENA « perd » un monument de Lyon. Souleymane Sakho, assureur notoirement connu, est à Lyon depuis bientôt 50 ans. « Il aurait même pu être consul général si cette fonction n’avait pas été aussi politisée », témoigne ce Sénégalais établi dans la ville il y a quelque 10 ans. 

 

Un agent de la CENA que nous avons contacté confirme le limogeage de Monsieur Souleymane Sakho et apporte des précisions. «Le consul n’a pas le pouvoir de faire renvoyer un contrôleur de la Cena. Il n’a fait que signaler le fait et la Cena a pris ses responsabilités après avoir mené son enquête. L’intéressé a reconnu avoir participé à un meeting politique, ce que la Cena juge tout à fait contraire au principe de neutralité et d’impartialité auquel sont soumis l’institution et tous ceux qui la représentent. Ce n’est pas la première fois que cela se produit et à chaque fois la Cena a eu la même attitude».

 


Rachid BARRO


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