Entretien avec Kabirou Mbodje: « Je suis une victime »

L’homme d’affaires sénégalais est visé par la justice française pour trois agressions présumées sur trois femmes au cours de la même nuit au domicile du Franco-Sénégalais. Kabirou Mbodje assure : « Ce complot me cause énormément de tort. Je suis honnête, sans histoire …Je suis une victime ».

Pour la première fois depuis sa mise en examen pour viols, le fondateur de Wari nous a accordé un entretien exclusif. Le Franco-Sénégalais se dit victime d’un complot. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, Kabirou Mbodje admet avoir reçu chez lui trois des plaignantes : deux Marocaines, l’une âgée de 39 ans, l’autre d’une vingtaine d’années, ainsi qu’une Nigériane la vingtaine également. Il nie toutefois les accusations de viol et avoir entretenu des relations sexuelles avec les victimes. “Je n’ai jamais été seul avec elles.

L’ami qui me les a présentées est parti alors que les deux premières avaient déjà quitté l’appartement. Quant à mon amie russe, elle a dormi chez moi”, clame le fondateur de la plateforme de transfert Wari.

Kabirou Mbodje qui traverse difficilement le désert concède, volontiers la faillite de son entreprise, Wari, mais il accuse. « La partie africaine de l’activité est tombée à zéro. On a torpillé un Africain pour privilégier des non-Africains, alors que j’ai énormément œuvré pour l’inclusion financière sur le continent et que j’ai créé des milliers d’emplois », regrette le chef d’entreprise, en dénonçant la responsabilité des hommes politiques africains, des administrations et des institutions continentales.

Ses démêlés avec les pouvoirs publics sont d’ailleurs à l’origine du transfert du siège de Wari de Dakar à Lomé, en 2015. « Racket », « hostilité », « malveillance »… Kabirou Mbodje ne mâche pas ses mots à l’égard du Sénégal. « L’agence de promotion des investissements nous avait, au début, donné des exonérations, mais le fisc est ensuite venu nous demander de payer des impôts. J’étais allé voir le président Macky Sall pour me plaindre », justifie-t-il.

Son courroux à l’égard des autorités sénégalaises s’explique, surtout, par l’échec de sa reprise de l’opérateur télécom Tigo, en 2017. « J’avais signé un accord avec Millicom afin d’acheter leur filiale parce que j’avais compris que c’était vital pour poursuivre le développement de Wari face à la concurrence, notamment celle d’Orange. Le chef de l’État m’a d’abord soutenu. Puis, alors que le financement avec Afreximbank était bouclé, à la dernière minute et sous la pression du Premier ministre de l’époque (NDLR: Mahammed Boun Abdallah Dionne), la banque a modifié un passage du contrat qui indiquait que leur engagement était irrévocable. Et tout a capoté », détaille l’entrepreneur.
 
L’OFNAC en prend pour son grade
Dans sa diatribe contre le Sénégal, l’homme d’affaires n’épargne pas non plus l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) qui avait saisi le  procureur de la République concernant des fraudes fiscales supposément commises par Wari. « Cet organisme est totalement sorti de son rôle. Son travail porte en principe sur des sociétés publiques ou sur des entreprises privées qui travaillent avec l’État. Ce qui n’est absolument pas notre cas », explique-t-il en confirmant avoir aussi porté plainte contre l’Ofnac.


Kabirou Mbodje dénonce un complot. « Ce complot me cause énormément de tort. J’espère que l’enquête le démontrera : je suis un homme honnête, sans histoire et qui ne fait du tort à personne. Je suis une victime », martèle-t-il.


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