Présidentielle du 24 février – Idrissa Seck mise beaucoup sur Khalifa Sall

Idrissa Seck mise beaucoup sur Khalifa Sall qu’il avait soutenu aux Législatives. Visite aux jeunes de Taxawu senegaal, réclamation en faveur de l’ex-maire de Dakar… C’est que pour la bataille de la deuxième place, il doit au moins grignoter dans l’électorat de Sall. Parce qu’il aura fort à faire avec les autres candidats, notamment Ousmane Sonko.

Acte 2 de Idy-Macky

Macky Sall fera encore face à Idrissa Seck. En 2012, les deux candidats s’étaient affrontés, mais pour la deuxième place. La guerre «fratricide» va reprendre quoique le leader de Rewmi ait décidé de ne plus attaquer le candidat sortant. Il y aura forcé- ment revirement parce que sa crédibilité en dépend. En 2007, Idrissa Seck avait battu campagne mais n’avait pas été mordant face à Abdoulaye Wade qui l’avait pourtant embastillé. Un gentleman agreement ou pacte de non-agression qui aurait été ficelé entre le «père» et le «fils» et qui justifiait les va-et-vient de Seck au Palais. La stratégie avait dérouté ses nombreux sympathisants presque acquis à sa cause et qui, dans les urnes, lui auraient retiré leur confiance. Un comportement électoral qui avait sans doute joué dans le score de 15% de Seck et qui a été déterminant dans la réélection de Wade. Et c’était bien un certain Macky Sall qui était le directeur de campagne du candidat Wade. 2019 aura encore un air de revanche entre Seck et Sall. Sauf qu’entre-temps, Idrissa Seck a beaucoup perdu et s’est fait oublier. Depuis sa marche avortée du 19 avril, jour du vote de la loi sur le parrainage, il était devenu moins visible. Il n’avait refait l’actualité que par son Bakka ou Makka. Il était donc moins présent aux côtés de la plateforme de l’opposition, notamment dans les manifestations du Front de résistance nationale (Frn). Même s’il a souvent délé- gué son numéro 2, Déthié Fall. Le leader de Rewmi n’a refait surface qu’avec la mise en place du C25, le regroupement des candidats recalés et admis de l’opposition. A défaut d’un Idy quatrième Président, qu’il a rangé pour Idy 2019, il y aura dans tous les cas des «retrouvailles» Sall-Seck. C’est qu’entre-temps, il y a une nouvelle donne.

Idy-Sonko

Idrissa Seck aura peut-être à faire avec le leader de Pastef pour la deuxième place. Et ce ne sera pas chose facile puisque son absence sur le terrain, dans les médias, la baisse de ses scores dans son fief, Thiès, dont il est le président du Conseil départemental mettent, a priori, un bémol à son statut de favori face au leader de Pastef. S’il est vrai que ce dernier n’a eu qu’un député, et à l’aide du plus fort reste, il a, en revanche, entretemps, évolué dans les intentions de vote. Cependant, seul le test du 24 février dévoilera la représentativité de Sonko. Encore que pour les Législatives de 2017, le leader de Rewmi n’a gagné que la commune -pas le département- sous la bannière d’une coalition, Manko taxawu senegaal (Mts), dirigée par Khalifa Sall. Sous ce rapport, il est difficile de déterminer son apport individuel dans cette coalition. En attendant, en l’absence de Karim Wade et Khalifa Sall dont les candidatures ont été déclarées irrecevables par le Conseil constitutionnel, Idrissa Seck devra démentir les pronostics. Ce n’est point sa dernière carte peut-être, mais pour une troisième tentative (2007, 2012 et 2019), il y a forcément un destin incertain qui se joue dans ce scrutin. Mais tout dépend aussi de la balance que choisiront Abdoulaye Wade et son Pds et bien sûr Khalifa Sall. Logiquement, Seck pourrait compter sur l’ex-maire de Dakar avec qui il s’était allié aux Législatives, tout comme Malick Gakou. Il a déjà lancé une offensive de charme en direction de l’électorat de Sall. C’est l’objet de sa visite au siège de Manko taxawu senegaal après l’arrestation des jeunes khalifistes suite à la publication de la liste provisoire des candidats écartant leur leader. «Nous sommes là dans le cadre du collectif C25 pour d’abord compatir à la douleur des responsables et militants de khalifa Sall qui ont été réprimés avec une violence inouïe. C’est la preuve que la volonté de ceux qui sont au pouvoir, c’est d’éliminer leurs adversaires. Ils le tenteront par tous les moyens : la manipulation de la justice, les lois scélérates, des techniques et mesures administratives. C’est pourquoi il faut une union forte de l’opposition pour empêcher le candidat sortant d’arriver à ses fins», avait-il déclaré en wolof.

Les «khalifistes» entre Idy et Sonko

L’ancien Premier ministre ira encore plus loin en déposant une réclamation pour la validation de la candidature de Khalifa Sall. Mais les 7 «Sages» qui ont rejeté sa demande estiment que Idrissa Seck «n’invoque aucun grief qui lui aurait été causé par la décision du Conseil constitutionnel et qui ne pourrait retirer aucun avantage d’un succès éventuel de sa réclamation», qu’elle «ne justifie pas d’un intérêt à agir». C’est que «l’intérêt à agir» du président du Conseil départemental de Thiès, c’est de prendre à témoin les «khalifistes» qu’il est allé jusqu’au bout pour soutenir leur leader. C’est une opération de charme bien pensée et calculée. Il pourrait en être récompensé. Mais en politique, parfois, la logique c’est celle dictée par la realpolitik. Surtout que le débat s’était posé chez les «khalifistes» sur un Plan B. Bamba Fall et Youssoupha Mbow avaient «voté» pour le leader de Rewmi. Mais Barthelemy Dias et d’autres ne partageraient pas cette carte. Encore que les dernières apparitions du maire de Mermoz-Sacré Cœur avec Sonko, comme au marché Sandaga, semblent le rapprocher de celui-ci.

Hamath Kane – LeQuotidien

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