LA DERNIERE ANALYSE POLITIQUE DE MAME LESS CAMARA : « La vraie rupture, c’est ce que Sonko a dans son projet »

La dernière analyse politique de Mame Less Camara remonte au 28 février 2019. On est au lendemain de la Présidentielle. Les résultats ne sont pas toujours connus alors que d’ordinaire, les premières tendances lourdes sont connues le même jour.  Dans la fièvre de l’attente des résultats, nos confrères de Seneweb ont interrogé Mame Less Camara. « Sonko est le candidat de l’alternative, alors que Idrissa Seck est le candidat de l’alternance. La vraie rupture, c’est ce que Sonko a dans son projet ». Analyse Less. Coup de projecteur sur le rétroviseur. Mame Less Camara

La quasi-totalité de la classe politique a réagi à la disparition du journaliste Mame Less Camara. Son professionnalisme, son envergure intellectuelle et son intégrité ont été unanimement salués. Le leader de Pastef, Ousmane Sonko n’est pas en reste. « La disparition de Mame Less Camara, un homme dont l’attitude et le discours étaient très appréciés, est une perte énorme pour la presse sénégalaise. Je n’ai pas eu l’honneur de le connaître, mais sa posture m’a toujours fasciné », a dit Sonko dans une publication sur les réseaux sociaux. Cette réaction est loin d’être gratuite. Car, les derniers propos du défunt au sujet du jeu politique passent pour de précieux éloges à l’endroit de Sonko. On est le 28 février 2019, lendemain de la Présidentielle. Les résultats ne sont pas toujours connus alors que d’ordinaire, les premières tendances lourdes sont connues le même jour.  Dans la fièvre de l’attente des résultats, nos confrères de Seneweb ont interrogé Mame Less Camara. A la question de savoir ce qui expliquait le coude à coude entre Sonko et Idrissa Seck alors que l’ancien Premier ministre Idrissa Seck avait le soutien de presque l’ensemble des recalés (Ndrl : au filtre du parrainage), le leader de Pastef quasi « seul », Mame Less Camara dit : « Sonko est le candidat de l’alternative, alors que Idrissa Seck est le candidat de l’alternance. La vraie rupture, c’est ce que Sonko a dans son projet ». Less ajoute : « Idrissa est le continuateur du même système que Sonko n’a cessé de fustiger ». Perspicace dans l’analyse, Mame Less Camara explique : « Il (Ndrl : Idrissa Seck) va hériter de tous ceux qui veulent que les choses changent en restant comme elles étaient. Sonko pourrait mettre en mal tout ce dans quoi le système politique actuel s’arrime depuis la colonisation ». Et comme s’il envoyait au président de Pastef un conseil, Less prodigue : « Si Sonko reste fidèle à ses annonces depuis un an maintenant, il va chambouler, c’est une vraie révolution, un nouveau parcours, avec de nouveaux hommes, de nouvelles méthodes, de nouvelles institutions peut-être et un autre type de relations internationales, notamment avec les anciens pays colonisateurs, un autre type de rapport avec les richesses nationales qu’un système mondialisé a déjà confisqué avant même qu’on ne les découvre. Il y a déjà la mainmise du Système sur l’or, le pétrole… »

Poursuivant l’analyse, Mame Less ajoute : « De Senghor à Macky Sall, c’est le même système que Ousmane Sonko veut détruire, mettre en cause, et à la place, il dit : “arrêter les changements qui ne sont que des effets de surface et faisons l’alternative”. Il y a une autre voie. Comme dit la chanson de Awadi : “…un autre monde est possible…”. Mais ce monde-là, il faut le construire en détruisant l’ancien monde qui est celui du Sénégal depuis l’indépendance jusqu’ici ».

Dans cette même interview, Mame Less Camara a jeté un regard critique sur le débat politique en Afrique qui n’existe, à l’en croire, « que dans la capitale et quelques grandes villes ». La raison ? « Les médias sont agglutinés littéralement dans ces villes et très souvent, leur portée est assez limitée autour de ces villes. C’est là qu’on voit assez souvent une remise en cause des pouvoirs ou la vie est plus dure. C’est ce qui fait que l’adversité la plus rude est rencontrée par les pouvoirs au sein des centres urbains. Alors que dans les centres ruraux, une certaine tradition s’avère plus tolérante vis-à-vis des écarts du pouvoir que dans les centres urbains ». En quoi il est salutaire de voir l’émergence de plus en plus marquée de médias régionaux comme dans certains pays développés.

Indépendant et intègre, Mame Less, interpellé sur la fameuse déclaration de l’ex-Pm Mohammad Boun Abdallah Dionne déclarant Macky Sall vainqueur avec 57%, dira : « Concernant le Premier ministre, je crois qu’il ne faut pas en rajouter. Tout le monde, y compris dans son propre parti, a réprouvé cette façon cavalière de venir dans l’audiovisuel public pour, contre tous les usages et contre toute forme d’élégance, abuser de sa position gouvernementale, pour décider du résultat d’un processus électoral. Comme on dit, il se tire une balle dans le pied, parce que si son candidat est proclamé vainqueur, lui donnera à l’opposition, le prétexte de dire : on le savait, le Premier ministre l’avait déjà proclamé. C’est donc une maladresse ». L’avenir lui a donné raison.

 

Félix DIAGNE – laviesenegalaise.com

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