Gestion des agences et sociétés de l’état : un pillage organise

Les régimes politiques sénégalais se suivent et se ressemblent. Les rapports des organes de contrôle (Inspection générale d’Etat, Armp, Centif, Cour des comptes, Ofnac où 49 % des assujettis refusent de faire leur déclaration de patrimoine), ne cessent d’épingler des directeurs de sociétés, d’agences et/ou des ministres pour gabegie, fausses factures, détournements de deniers publics entre autres délits économiques qui plombent l’envol du Sénégal.
 Gestion des agences et sociétés de l’état
Quelques rares responsables ont eu à répondre de leur gestion devant la justice voire condamnés, quand d’autres vaquent tout simplement à leur occupation, narguant les populations et la justice. Pour cause, ils ont tourné casaque (transhumance) s’ils ne bénéficient pas d’une protection au plus haut sommet de l’Etat. Sud Quotidien revisite ce pillage, via un système de démocratie représentative : « Qui gagne gouverne ». Quelques exemples avec notamment le Coud, la Poste, Dakar Dem Dikk, le Cosec, suffisent pour s’apercevoir de l’étendue de cette mal gouvernance.
L’OFNAC EPINGLE DR CHEIKH OUMAR ANNE DU COUD
Le Centre des œuvres universitaires de Dakar  (Coud) est un établissement public à caractère administratif (Epa) créé par la loi N°66-23 du 1er Février 1966. Doté de la personnalité juridique et d’une autonomie financière, le Coud a entre autres missions : de favoriser l’amélioration des conditions de vie et de travail des étudiants et élèves des établissements relevant de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ; d’effectuer ou de faire effectuer toutes les études sur les besoins des étudiants et de provoquer la création des services propres afin de les satisfaire ; d’assurer la gestion des divers services de la cité universitaire, propriété de l’université et des fondations. Avec un budget de plus de dix-sept milliards, le Coud, à l’image de la plupart des structures publics, est dirigé par un responsable de l’Alliance pour la République, Dr Cheikh Oumar Anne. Nommé directeur du Coud en 2014 en remplacement d’Abdoulaye Diouf Sarr, actuel ministre de la Gouvernance locale, de l’Aménagement et du développement du territoire et maire de la commune de Yoff, le maire de la commune de Ndioum a été épingle par le dernier rapport de l’Office national de lutte contre la fraude et la Corruption (Ofnac).
UN RAPPORT DE L’ARMP ENFONCE ME MOUSSA DIOP DE DAKAR DEM DIKK
Créé sur les cendres de l’ancienne Société de transport du Cap Vert (Sotrac) le 1er janvier 2001, Dakar Dem Dikk est une société de transport urbain au capital de 1.500.000.000.cfa. Sa mission principale est d’offrir aux populations de la région de Dakar un service de transport répondant aux normes de la modernité. Contrairement aux premières structures citées, Dakar Dem Dikk n’est pas administrée par un membre du parti au pouvoir, mais plutôt par le Secrétaire général du mouvement politique Alternance générationnelle (Ag Jotna), Me Moussa Diop, un allié de la première heure de l’actuel chef de l’État. Membre de la coalition Macky 2012 qui avait porté la candidature de Macky Sall au premier tour de la présidentielle de février 2012, l’avocat politicien a été nommé à la tête de la direction générale de Ddd en remplacement de Dame Diop, responsable de l’Apr dans la ville de Diourbel. Dans son dernier rapport, l’Agence de régulation des marchés publics (Armp) a épinglé sa gestion.
ABDOULAYE DIOP, MAIRE DE SEDHIOU, RETOURNE SA VESTE POUR RESTER BOSS DU COSEC
Créé par la loi n° 75.51 du 03 avril 1975, le Conseil sénégalais des Chargeurs (Cosec) est un établissement public à caractère professionnel. Rattaché au ministère de l’Économie maritime, de la Pêche et des Transports maritimes, cette structure est considérée par la plupart des observateurs de la vie politique sénégalaise comme  stratégique de par la manne financière qu’elle génère. Le Cosec a pour mission principale de définir une politique de promotion et de protection des intérêts des importateurs et exportateurs du Sénégal et d’apporter une assistance directe et multiforme aux chargeurs. À sa tête, se trouve un responsable du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République(Apr), Abdoulaye Diop et non moins maire de la commune de Sédhiou.
Ancien responsable du Parti démocratique sénégalais (Pds) et ex-promoteur du mouvement politique «Deloo ndioukal Gorgui» qu’il avait créé en son temps pour contribuer à la réélection du président Abdoulaye Wade en 2012, Abdoulaye Diop a été nommé à la tête de la direction générale du Cosec depuis le 10 juin 2010, en remplacement de l’ancien maire de Ndioum, Amadou Kane Diallo. Mais, le 25 mars 2012, après l’événement de la deuxième alternance politique, il décide de changer de fusil d’épaule en ralliant l’Alliance pour la République de Macky Sall en avril, soit un mois seulement après la chute du régime libéral de Wade. Le 29 Juin 2014, le néo responsable de l’Apr parvient toutefois à remporter les élections locales sous les couleurs de sa nouvelle formation politique, l’Apr et devient ainsi le 7e maire de l’ancien comptoir commercial et chef-lieu de la région de Casamance jusqu’à la fin du 19éme siècle. Un an après, il est coopté par le président de la République et président de l’Alliance pour la République pour faire son entrée dans le Secrétariat exécutif national (Sen)de l’Apr.
LONASE : UNE VACHE LAITIERE SOUS LA COMMANDE D’AMADOU SAMBA KANE
Dans ce magma de dysfonctionnements relevés dans la gestion des agences et sociétés publiques, la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) n’est pas exempt de tout reproche. A preuve, cette société créée, conformément à la loi 87-43 du 28 décembre de 1987, et qui dispose du monopole de l’exploitation des jeux, loteries et assimilées sur l’étendue du territoire national, est en vérité une  sorte de vache laitière pour les divers régimes en place. Avec un chiffre d’affaires de 50 milliards de francs CFA et un bénéfice de 630 millions de francs CFA en 2015, la Loterie nationale sénégalaise est dirigée par un responsable politique du parti au pouvoir. Amadou Samba Kane, maire de la commune de Hamady Hounaré a succédé à la direction générale de la Lonase à l’ancien responsable du Parti démocratique sénégalais (Pds), Baïla Wane qui a déjà eu à souffrir des affres de Rebeuss, à cause de sa gestion de la structure. De 2008 à 2013, la Loterie nationale sénégalaise est ainsi citée par tous les rapports d’audits annuels réalisés par l’Autorité de régulation des marchés publics au Sénégal (Armp), chargée de veiller au respect des principes de base liés à la passation de marchés publics.
LES FAUX BONS DE COMMANDE DU DG DE LA POSTE
Le rapport de l’Ofnac avait relevé là aussi des pratiques de faux et usage de faux, suite à une enquête menée sur les acquisitions de fournitures de bureaux, dans le fonctionnement du groupe «POSTEFINANCES» dirigé par le responsable politique de l’APR à Thiès, Pape Siré Dia.  Les membres de la Commission de réception des matières avaient procédé, rappelle-ton, à de fausses certifications établissant l’effectivité de la réception de certaines matières. L’enquête avait relevé que les quantités déclarées comme reçues ne correspondaient pas à la réalité des matières livrées.  Qui plus est, «les membres de cette Commission le savaient au moment de l’établissement du procès-verbal de réception», pouvait-on lire dans le rapport de l’ex-Directrice de l’Ofnac, Nafi Ngom Keïta. Toujours d’après les services de Mme Ngom, de faux bons de commande avaient été confectionnés pour faire croire que des matières avaient été normalement distribuées à des agences et services de «POSTEFINANCES». Ces accusations avaient été balayées d’un revers de la main par le directeur de la Poste Pape Siré Dia. Au niveau du COUD, M. Anne fera la même sortie avant de bénéficier du bouclier des syndicalistes.

 

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