Gambie: un ex-membre des escadrons de la mort condamné à la perpétuité en Allemagne

Bai Lowé, un ancien « jungler », c’est-à-dire un membre des escadrons de la mort qui semaient la terreur à l’époque, a été condamné ce jeudi 30 novembre à la prison à perpétuité. Il a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité pour avoir participé à plusieurs assassinats.
L’un de ces crimes avait particulièrement provoqué un tollé : celui du journaliste Deyda Haydara, fondateur du journal The Point et correspondant de l’AFP (Agence France Presse) et de Reporters Sans Frontières à l’époque. Il a été abattu par balles le 16 décembre 2004. Bai Lowe, lui, était le chauffeur qui a conduit les « junglers », le surnom donné aux hommes de main de l’ancien président Yahya Jammeh, jusqu’à lui.

Réfugié en Allemagne depuis une décennie, Bai Lowe avait été interpellé à Hanovre en mars 2021. Durant le procès, il a nié avoir participé à l’assassinat du journaliste ainsi qu’aux trois autres crimes jugés devant le tribunal fédéral de Celle, dans le nord de l’Allemagne.
Bai Lowe n’était pas l’auteur principal mais cette condamnation à perpétuité est un pas de plus sur un long chemin pour le fils de Deyda Hydara. « Ça fait presque vingt ans qu’on a commencé cette lutte pour avoir une justice. On sait que le commanditaire des tueurs de mon père, c’était Jammeh, qui, on l’espère, finira bientôt devant un tribunal », a dit Baba Hydara à la sortie du tribunal ce jeudi.
Et en condamnant Bai Lowe, les juges ont reconnu que l’ancien président gambien, aujourd’hui en exil en Guinée-Équatoriale, était le commanditaire. C’est la première fois que cela est dit dans un tribunal par un juge. Pour Baba Hydara, c’est la grande avancée de ce procès en Allemagne.

De son côté, l’organisation Reporters sans frontières a qualifié ce verdict « d’historique », et estime qu’il « constitue une avancée majeure pour la famille de Deyda dans sa quête de justice, et un jour historique pour toute la presse gambienne, dont il fut un infatigable défenseur ».
Premier du genre pour des crimes gambiens, ce procès a pu se tenir en vertu de la compétence universelle qui permet de juger les crimes les plus graves, même dans un autre pays.

Et grâce à cette compétence universelle, deux autres procès sont en cours. Celui de l’ancien ministre gambien de l’Intérieur, Ousmane Sonko, en Suisse. Et celui de Michael Sang Correa, aux États-Unis. En Gambie, en février dernier, a été annoncée la mise sur pied d’un tribunal pour juger les crimes commis sous la présidence de Yahya Jammeh, qui a dirigé le pays de juillet 1994 à janvier 2017, soit pendant plus de vingt-deux ans.

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