CULTURES URBAINES : Vidéoclips, un succès made in Sénégal

Depuis quelques années, les clips musicaux sénégalais connaissent un engouement sans précédent, tant au plan national qu’à l’échelle internationale. Derrière cette réussite se cache un travail de longue haleine de la part des artistes, réalisateurs et producteurs, qui rivalisent de créativité pour offrir des produits de haute qualité.

Vidéoclips, un succès made in Sénégal
Des vidéos qui cartonnent sur la toile. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le clip officiel « Deuk bi yeungou » du groupe Safara a atteint plus de 17,2 M de vues sur YouTube en neuf mois avec une réalisation signée Mao Sidibé. Le clip de l’artiste Mia Guissé, disponible sur le marché il y a moins de deux semaines, a atteint, en temps record, la barre des 2 millions 700K vues sur YouTube. De même, « Wurus » de Wally Seck a réalisé 2 millions de vues seulement 48 heures après sa mise en ligne, 8 mai 2022. Avec l’arrivée, au Sénégal, de plateformes de streaming comme Spotify, les artistes locaux bénéficient d’une plus grande visibilité.

Le rappeur Dip Doundou Gis en est l’illustration, car c’est l’artiste qui a le plus de vues sur cette plateforme. Ces performances illustrent l’engouement du public pour les clips musicaux sénégalais. De fait, la production de clips vidéo est devenue l’un des secteurs les plus dynamiques de la croissance des cultures urbaines au Sénégal.

Selon Amdy Dynastie, réalisateur de clips et président-directeur général de Dynastie Studio, « le succès de ces vidéos est dû à plusieurs facteurs : la qualité de la production musicale, la réalisation avec l’écriture, la mise en scène, le jeu d’acteurs, la photographie et le choix des compositions.

Ainsi, nous avons aujourd’hui une génération de public qui consomme beaucoup plus de contenu numérique, ce qui amplifie la portée des clips vidéo sur internet ». Réalisateurs, stylistes, décorateurs, maquilleurs… toute une chaîne de professionnels qui s’active pour offrir des productions de qualité.

Un travail artistique et scientifique 

A en croire Abdoulaye Mancou Ba dit Abdou Iris, manager du label de production Abdou Iris Audiovisuel, « la réussite d’un clip vidéo nécessite le respect de la chaîne de valeur : une logistique performante et un personnel adapté », car si « un projet (est) bien fait, son succès fera du bruit », explique-t-il.

De l’avis du créateur de contenus hybrides Abdoulaye Ndao dit Laye Pro, la réalisation d’un clip vidéo de qualité nécessite au moins trois étapes principales.

La première étape, dite de préproduction, est une phase de réflexion et de conception. C’est à ce stade que l’on définit l’histoire, écrit le scénario, développe les intentions visuelles et l’univers créatif. C’est également le moment de faire le casting, de choisir les décors et de travailler avec les stylistes. Cette phase représente environ 80% du travail total.

La deuxième phase est celle de la production proprement dite. Une fois le concept établi, il faut se rendre sur le terrain, avec les équipements et compétences nécessaires, pour mettre en pratique ce qui a été préparé en amont.

Enfin, la troisième étape qui est celle de la postproduction. Il s’agit alors de peaufiner les couleurs et de procéder au montage final du clip.

Des réalisateurs qui se démarquent

Dans le maillon de production figure en bonne place le réalisateur. Et parmi ceux qui se sont fait un nom, il y a Bilal Mbengue et Lèye Guèye du Reverse Studios, qui ont collaboré avec l’artiste Dip Doundou Gis sur son clip «Apocalyptique».

Amdy Dynastie, quant à lui, a réalisé de nombreux clips pour des artistes comme Papeush, Amadeus ou encore 4Leuz. Il souligne l’importance de « la qualité de la production musicale, suivie de la réalisation avec l’écriture, la mise en scène, le jeu d’acteur, la photographie et le choix des compositions ».

Présent dans le milieu audiovisuel depuis une décennie, Laye Pro réalise des contenus publicitaires, des films institutionnels, des documentaires et des clips. «Saloum Saloum», l’un de ses projets, se concentre sur la réalisation de contenus locaux mettant en avant le Sénégal. Il a notamment réalisé la photo officielle du président de la République, en 2012, et a travaillé sur des projets avec des entreprises comme Netflix, la NBA, les jeux Olympiques… Laye Pro a réalisé le clip «Naanal Ndox» en partenariat avec le groupe de production d’eau minérale Kirène et plusieurs artistes sénégalais. Ce clip a remporté cinq prix à l’édition 2024 des Pictures Awards, une compétition qui récompense les meilleures créations en Afrique, notamment deux distinctions en or, une en argent et deux en bronze.

Un succès qui s’exporte depuis sa fondation en 2012

Iris Audiovisuel, une entreprise familiale, s’est imposée comme une référence incontournable dans le domaine de la production audiovisuelle. Cette entreprise sénégalaise a su marier innovation technologique, respect des valeurs et promotion culturelle pour offrir des prestations de qualité. Le succès et la qualité des productions d’Iris Audiovisuel ne passent pas inaperçus. Cette année, la société a été récompensée au Burkina Faso par le prestigieux Kundé d’or, le premier des prix décernés aux meilleurs artistes musiciens burkinabé et africains. Ce trophée, attribué pour un clip mettant en scène les icônes de la musique burkinabé Alif Naaba et Kayawoto, est une reconnaissance du talent de toute l’équipe.


Auteur : Ibrahima NGOM - laviesenegalaise.com
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.