Arnaques sur les offres d’emploi : Quand des jeunes diplômés deviennent des proies faciles des faussaires

Favorisées par les réseaux sociaux, les fausses offres d’emploi sont légion sur internet. Souvent identiques à de véritables offres d’emploi et très attractives, elles arrivent à emballer plus d’un particulièrement les jeunes chercheurs d’emploi. Dans ce reportage réalisé par un journaliste de votre site laviesenegalaise.com, des victimes de cette mauvaise pratique racontent leur mésaventure avec des fortunes diverses. Le tout sous le regard avisé d’un spécialiste des recrutements.


Dans ce contexte de chômage accru au niveau des jeunes, des diplômés à la recherche d’un emploi ou de stage se font souvent arnaquer par des faussaires qui opèrent soit sur Internet, soit par l’entremise de personnes malintentionnées qui sont basées hors du pays. Etudiant en Master 2 au département d’anglais de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, Moustapha Faye prépare ses examens de rattrapage. Acculé, d’une part, par la précarité liée à sa vie d’étudiant et d’autre part, par l’angoisse d’un futur qui semble s’assombrir davantage, il a voulu sauter sur cette opportunité alléchante que son «ami» lui a fait miroiter. La perche serait venue, via cet ami, d’une entreprise multinationale dénommée «Cosmos Global Industries», installée en Mauritanie. Le traitement salarial et les conditions de travail étant alléchants, l’originaire de Kaolack pensait, en fin, toucher le Graal. «Un salaire de base de 300 mille FCFA, un passeport, un compte bancaire, un permis de travail, tous internationaux, m’ont été proposés», se rappelle-t-il.
Cependant, en dépit de l’offre épatante, le jeune de la trentaine doit payer les frais de ces documents administratifs sans lesquels il ne pourra pas occuper le poste à pourvoir. Et pour ce faire, il lui a été demandé de verser la rondelette somme de 550 mille FCFA. Un montant colossal difficile à réunir pour un simple étudiant issu d’une famille modeste. Toutefois, devant tous les avantages escomptés, il était décidé à remuer ciel et terre pour réunir les fonds nécessaires. «Entre sollicitations auprès de proches, des amis et des parents, j’ai tout essayé. J’ai même contacté des amis qui travaillent dans des services de microfinance pour essayer de contracter un prêt bancaire», confesse-t-il tout en ajoutant qu’il lui manquait toujours les pièces justificatives pour bénéficier d’un prêt.


Selon lui, il avait épuisé tous les moyens possibles pour se procurer de l’argent exigé. C’est ainsi qu’un parent est venu à la rescousse. Plus lucide, l’homme providentiel s’est engagé à payer l’argent à condition que des preuves suffisantes lui soient fournies. «C’est par la suite que j’ai exigé de l’entreprise via mon ami des éléments susceptibles d’identifier la compagnie pour convaincre mon bailleur. J’ai demandé une notification officielle de l’offre d’emploi par mail dans lequel il y aura l’identité et l’adresse de l’institution internationale », informe-t-il.


Jusqu’ici aveuglé par cette offre d’emploi mirobolante à ses yeux, Moustapha Faye a commencé à dessiller les yeux après avoir lu le mail envoyé par l’entreprise. Selon lui, le mail en question était farci de fautes au point de susciter sa méfiance. «Autant de légèretés indignes d’une firme multinationale. En plus, il n’y avait aucune réponse à mes demandes. Comme un tilt, j’ai, désormais, senti germer en moi les débuts d’un doute», se souvient-il non sans ajouter que malgré ses relances incessantes, ni son ami, ni l’entreprise n’étaient en mesure de lui fournir ne serait-ce qu’une image comme par exemple le logo de la structure en question.


Si cet étudiant a échappé in extremis, d’autres sont moins chanceux ou chanceuses. C’est selon. Par ailleurs, une étudiante rencontrée accuse certains prétendus cabinets et certaines agences de formation et de placement de plus en plus nombreux à Dakar. Awa Doumbia, une étudiante en sociologie à l’UCAD, en a fait les frais avec ses amies. Une somme substantielle leur a été demandée par le responsable de cette boîte pour une formation suivie de placement dans des centres d’appels partenaires. «On s’est toute décarcassé pour verser l’argent demandé. La formation n’a duré que 3 jours. Après on nous a demandé d’attendre un coup de fil nous informant de notre recrutement dans un centre d’appel comme promis à l’avance», dit-elle avant d’ajouter que jusqu’ici aucun retour de la part de ce fameux cabinet de recrutement.


De plus, certaines offres d’emplois largement relayées dans les réseaux sociaux sont un hameçonnage ou phishing. Une technique utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer une usurpation d’identité. Mbaye Diop, étudiant en Lettres modernes, dit avoir une fois postulé à une offre d’emploi qui lui a été envoyé par WhatsApp. Après avoir renseigné toutes ses données personnelles à travers le lien, on lui subtilisait son crédit téléphonique à chaque fois qu’il en rechargeait.


Amy Cira LO, spécialiste des recrutements

«Attention aux offres d’emploi trop vagues du genre «Grande société en cours d’installation recrute 30 commerciaux»

Diplômée de l’ESLSCA Business School Paris en 2000 et en cours de certification de coach professionnel, Amy Cira LO est la fondatrice et directrice du cabinet International Staffing Company, spécialisé dans le recrutement, la formation et la mise à disposition de personnel. Selon elle, les faussaires parviennent à peaufiner des offres d’emploi séduisantes qui réunissent tous les critères dont rêve un chômeur : un emploi ne nécessitant, parfois, aucune expérience professionnelle et aucun diplôme particulier, un salaire élevé et des avantages multiples. En plus, dit-elle, pour donner l’impression que l’offre tentante est bien réelle, les arnaqueurs n’hésitent pas à envoyer des emails qui ressemblent à des courriels officiels de sociétés dont l’identité a été usurpée. Dans ces messages électroniques et appels simulés, ajoute l’experte, les faux recruteurs en profitent pour demander aux victimes de fournir leurs données personnelles qui pourraient être utilisées pour une usurpation d’identité ou d’essayer de leur soutirer directement de l’argent en leur proposant de payer une somme pour une formation préalable à l’embauche ou les besoins de la procédure.


Face à cette situation, Madame Cira Lo recommande aux chercheurs d’emploi la prudence. D’abord, poursuit-elle, il faut faire attention aux offres d’emploi trop vagues du genre «Grande société en cours d’installation recrute 30 commerciaux» avec un numéro de portable renseigné comme contact. Donc «une offre d’emploi qui ne comprend pas assez de renseignements sur les conditions de travail (type de contrat, lieu), des détails sur les profils recherchés et sur la fiche de poste est à bannir», prévient-elle. «Il faut aussi rester attentif aux adresses mail privées exemple : ……@gmail.com, …..@yahoo.fr, les grandes enseignes qui recrutent n’utilisent pas leurs adresses privées pour collecter les candidatures», alerte Madame Lo.


Papa Faye – laviesenegalaise.com

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.