Aminata Touré remet en cause la loi d’amnistie et vise Macky Sall

Mimi Touré est ferme et catégorique. L’ancienne Garde des Sceaux, ministre de la Justice sous Macky Sall et opposante aux derniers mois du patron de l’Alliance pour la république (Apr), estime que les responsabilités doivent être situées à propos des événements qui ont opposé l’ancien régime et le Pastef. «Si la responsabilité de Macky Sall est engagée, il doit répondre de ses acte», affirme-t-elle lors d’une émission radiophonique.

Invitée ce dimanche à donner son point de vue sur plusieurs questions d’actualités lors du Grand Jury (Rfm), l’actuelle opposante à l’ancien Président de la République et membre de la coalition DiomayePrésident, critique et s’oppose à la loi d’amnistie effaçant les faits datant de février 2021 à février 2024. «Je pense que la loi d’amnistie doit être rapportée. La justice doit être rendue à tous ces morts, blessés, ces personnes illégalement emprisonnées et on doit situer les responsabilités. Aujourd’hui je considère qu’il faut rapporter cette loi d’amnistie car je pense à la soixantaine de morts qu’il y a eu. C’est ma position », a‐t‐elle confié amère au micro de Babacar Fall.

A l’en croire, la vie de ces concitoyens ne doit pas passer par pertes et profits. Les coupables et tous les commanditaires, doivent répondre de leurs actes sans état d’âme ni discernement. «Si les responsabilités de l’ancien Chef d’Etat, Macky Sall, sont engagées, il doit répondre de ses actes», a déclaré Mimi Touré. Et d’ajouter : «S’il est responsable il devra répondre. C’est aussi simple. On verra ce que la justice dira sur ces poursuites. Mais il faut que les Sénégalais sachent comment ces jeunes qui manifestaient, ont été tués et par qui. C’est un devoir de vérité».

Pour elle, le Président Macky Sall ne doit bénéficier d’aucun privilège si et seulement si, il est avéré que sa responsabilité pénale est engagé dans les bavures policières.

Se voulant plus claire, elle a rappelé des cas d’école en Argentine et en Guinée Conakry. «Vous savez, des décennies après, les argentins ont poursuivi Pinochet. Dadis Camara est en train de faire face à la justice de Guinée. La vie humaine est sacrée. Je suis contre cette loi qui efface ces crimes commis sur des jeunes innocents qui ne faisaient que manifester», s’est‐elle insurgée.

Pour autant, dans l’esprit de la lettre, l’ancien Garde des Sceaux a estimé que le Sénégal ayant ratifié plusieurs protocoles de défense des droits l’homme sanctionnant l’égalité de tous les citoyens devant la justice et un procès équitable, il est illusoire, selon elle, d’emprisonner à‐tout‐va ce, pour éviter de tomber dans le piège d’une justice des vainqueurs.

Dans l’idée d’éviter le surpeuplement carcéral, Mimi Touré a estimé que l’installation d’un juge des libertés dans le cadre des réformes à apporter dans la justice, va régler, en partie, cette question cruciale qui se pose depuis des lustres avec acuité. Estimant que la justice joue son rôle pour la régulation de la société en dépit de ce qu’on pourrait reprocher aux juges et magistrats, l’ancien Garde des Sceaux se porte en défenseure de la justice. Mieux, elle soutient que le président de la République ne doit pas quitter le Conseil supérieur de la magistrature. «Personne ne peut forcer le procureur à exécuter des ordres du ministre de la Justice», a‐t‐elle fait savoir.

Source Avec (Liberation)
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