23 juin 2011 – 23 juin 2022 : le Sénégal a-t-il avancé sur le plan démocratique ?

Il y a 11 ans, la mobilisation du Peuple devant l’Assemblée nationale avait contraint le Président Abdoulaye Wade à retirer son projet de loi sur le ticket présidentiel. 23 juin 2022, le Sénégal a-t-il vraiment avancé sur le plan démocratique ?

La question d’une troisième candidature occupe toujours l’actualité, les acteurs politiques ne s’accordent pas sur les règles du jeu démocratique, la tension entre le pouvoir et l’opposition est à son paroxysme avec comme symbole les 3 morts enregistrés lors de la manifestation réprimée du 17 juin dernier…. Le Sénégal commémore aujourd’hui la journée du 23 juin 2011.

C’était le fameux jeudi où le Président Abdoulaye Wade voulait instaurer un ticket présidentiel, avec en toile de fond l’élection du président de la République avec plus de 25%. Si la rue, massée à la Place Soweto, devant les grilles de l’Assemblée nationale, s’y était opposée, sonnant le début de la fin du régime libéral, la démocratie sénégalaise n’a pas semblé évoluer malgré la dizaine de morts qui avait marqué la contestation populaire jusqu’à la chute de Wade. Ce dernier avait décidé de retirer le projet de loi face à la pression. Mais l’opposition d’alors, devenue la majorité présidentielle depuis le 25 mars 2012, a presque maintenu le statut quo dans le processus électoral. L’arrêté Ousmane Ngom du 20 juillet 2011, très décrié, est toujours en vigueur. Par conséquent, il est interdit de manifester en centre-ville comme à la Place de l’Indépendance, la Place Washington en encore la Place Soweto.

Le parrainage, réforme majeure du régime de Macky Sall pour filtrer les candidatures, est la principale pomme de discorde entre acteurs politiques. Les expériences dans la mise en œuvre de ce système de rationalisation, lors de la Présidentielle de 2019 et pour ces élections législatives du 31 juillet prochain, ont davantage creusé le fossé entre les aspirants aux destinées du pays. Si elle n’était pas le motif de la mobilisation populaire du 23 juin 2011, la question du 3ème mandat rappelle que les leçons de cette journée ne sont pas retenues.

Aujourd’hui, le Président Macky Sall, qui a maintes fois martelé que ce quinquennat est son dernier mandat, semble revenir petit à petit sur ses propos.
Récemment, son ministre des Affaires étrangères, Me Aïssata Tall Sall, lors d’une réunion avec ses pairs de la sous-région, a refusé d’approuver une disposition de la Cedeao demandant l’introduction de la limitation des mandats présidentiels dans les Constitutions des Etats membres. 11 ans après le 23 juin, le système politique connaît les mêmes problèmes. C’est à se demander s’il y a des leçons apprises. A moins de 40 jours des Législatives, les acteurs politiques s’accordent sur leurs désaccords. Une partie de l’opposition compte saboter l’organisation des élections si sa liste nationale ne passe pas. Le président de la République réplique que ce scrutin va se tenir. La date du 23 juin 2011 était présentée comme une victoire de la démocratie. Mais 11 ans après, a-t-on vraiment évolué ?

Auteur : Babacar Guèye Diop

Source Avec Le Quotidien
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