Youssouph Mbow, proche de Khalifa Sall invite les magistrats à éviter «d’être les valets du pouvoir »

Dans un entretien avec le journal Le Quotidien, Youssouph Mbow, proche de Khalifa Sall, répond à Souleymane Téliko. Il dit : «A l’avenir, il faut refuser d’être les valets de qui que ce soit».

Le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko, a plus que réconforté les partisans de Khalifa Ababacar Sall par rapport aux violations des droits de ce dernier. C’est la conviction du secrétaire général du mouvement Rassure, proche de l’ex-maire de Dakar. Joint par téléphone, Youssouph Mbow invite les magistrats à éviter «à l’avenir d’être les valets de quelque pouvoir que cela puisse être».

Selon Youssouph Mbow, «le juge Souleymane Téliko a fait plus que nous conforter. C’est peut-être aujourd’hui qu’il le dit, mais nous, nous avons toujours dit dès le départ que Khalifa Ababacar Sall, en réalité, était un prisonnier politique. Nous n’avons jamais changé d’avis. La Cour de justice de la Cedeao nous a confortés depuis longtemps dans les violations flagrantes des droits de Khalifa Ababacar Sall que nous avions soulevées. Pour nous, l’affaire Khalifa Ababacar Sall était une cabale politique parce que même la commande, c’est-à-dire que le rapport de l’Ige, n’a jamais demandé de poursuites pénales. Il a plutôt fait des recommandations dont le pouvoir a fait fi. Ils ont transmis le dossier à la justice, le procureur de la Répu­blique, d’une manière expéditive, à travers cette conférence de presse tristement célèbre, a décidé de décerner un mandat de dépôt. Tout cela, ce sont des faits aujourd’hui qui nous ont toujours confortés dans notre position que Khalifa Ababacar Sall est victime d’une cabale politique. Maintenant, si le président de l’Union des magistrats sénégalais revient sur certains errements du procès en reconnaissant que certains de ses droits ont été violés, je dis que c’est tant mieux pour eux de le comprendre. Mais le problème, ce n’est pas seulement de le dire. Il faudra maintenant, à l’avenir, mettre cela en pratique, c’est-à-dire refuser d’être le valet de quelque pouvoir que cela puisse être. Je considère que l’affaire Khalifa Sall est passée, mais l’enseignement majeur qu’il faudra en tirer, c’est que ça ne doit plus jamais se reproduire. Cela montre juste que dans ce pays, la manière dont la justice fonctionne est à revoir. Et il ne s’agira pas de se battre contre monsieur X, ou monsieur Y. Non, il s’agira pour nous tous de veiller à ce que la justice fonctionne d’une manière équitable et indépendante. Je le dis d’ailleurs aux gens du pouvoir. Ils n’ont même pas intérêt à ce que cela se produise parce qu’il y a toujours un retour de bâton. On ne sait jamais. Abdoulaye Wade a instrumentalisé la justice et, lorsqu’il a quitté le pouvoir, qui en a été la première victime ? C’est son fils. Aujourd’hui, Macky Sall le sait. Demain, s’il quitte le pouvoir, ça pourrait être sa propre famille. Voilà pourquoi on ne doit pas jouer avec la justice. Et je ne suis pas pour l’impunité pour les hommes politiques. Je suis pour que les hommes politiques rendent compte, mais il faudra tous les mettre au même pied, ne pas faire ce qu’on peut appeler une «justice sélective» : les dossiers sur lesquels on met le coude et d’autres qu’on transmet et que le procureur de la République, d’une manière expéditive, traite et décerne des mandats de dépôt à tout-va.»

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