UGB : Les étudiants de Sanar inaugurent un monument à la mémoire de feu Fallou Sène et réclament toujours justice pour leur camarade
Sept mois, jour après jour, les étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal n’ont pas oublié leur camarade Fallou Sène, tombé sur le front des gréves. Ce mardi, ils ont inauguré au sein du temple du Savoir, un monument à la mémoire de feu Fallou Sène. Les étudiants réclament toujours justice pour leur camarade.
Ce mardi a été décrété « journée noire » à l’UGB. En présence du directeur du Centre Régional des Œuvres Universitaires Papa Ibrahima Faye, les étudiants ont inauguré la stèle votive de Feu Mouhamadou Fallou Séne tué l’année dernière lors des échauffourées avec les gendarmes dans le campus social. Un silence de cimetière a marqué la cérémonie funeste. Seul le piaillement des oiseaux a parasité ce silence solennel. Tristesse et désespoir se lisaient sur les visages. Vêtus en noir, les étudiants sont venus nombreux commémorer la disparition d’un des leurs. L’occasion a été choisie pour exiger que la lumière dans cette affaire soit faite. « Il a été lâchement tué par un gendarme et le colonel de la Légion Nord avait bien accusé un élément du peloton » a vociféré le Président de séance de la Coordination des étudiants de Saint-Louis. Alioune Gueye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a la mine triste en disant que les paroles du chef de l’Etat, du procureur de Saint-Louis, des ministres et autres autorités sont « traduites en lettre morte ». « C’est pourquoi le dossier n’a pas bougé », a-t-il dénoncé. Toutefois, il menace : « nous allons utiliser des stratégies pour faire face ». À l’en croire toujours : « tous les moyens de lutte vont être utilisés ». La Coordination des étudiants de Saint-Louis n’exclut pas aussi la cessation des cours, la descente sur la route nationale 2.
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Le directeur du CROUS Papa Ibrahima Faye a été très ému dans sa communication face à la presse. Il a compati à la douleur des étudiants. « Fallou Sène était à Sanar pour préparer son avenir mais malheureusement la mort l’a emporté dans des circonstances jamais voulues par la communauté », a-t-il profondément regretté. Formulant des prières pour le repos éternel de l’âme de Fallou Sène, il a également délivré un message fort de solidarité à l’endroit de la communauté estudiantine qui l’a invité à assister à cette journée d’inauguration du monument. C’est au nom de l’esprit de cette solidarité que le Directeur du Crous dit être disponible pour accompagner toujours les étudiants. « Cette disparition doit nous pousser à apprendre à tirer des leçons », a-t-il ajouté. Enfin le directeur du CROUS a rappelé que l’Etat est plus que jamais déterminé à améliorer les conditions des étudiants. « Le CROUS ne ménagera aucun effort pour que les pensionnaires de Sanar soient bien pris en charge » a-t-il insisté. D’ailleurs il a tenu à préciser que des acquis ont été notés dans plusieurs domaines. Il s’agit de l’acquisition d’un 3e restaurant, le bitumage des routes entre autre. Et il révèle enfin : « dès ce vendredi la conduite d’eau sera installée pour augmenter la pression dans les villages universitaires », rapporte ndaractu.net.
Retour sur les faits du 15 Mai 2018
Le 15 mai 2018 reste une journée dure pour la communauté estudiantine sénégalaise en général et celle de Sanar (Saint Louis) en particulier. Secoués par le retard inexcusable de leurs bourses, les résidents de Gaston Berger ont décidé de battre le macadam pour réclamer ce qui leur revient de droit. Ils ont commencé par les Journées Sans Tickets, plus connues sous le nom de JST dans le jargon des étudiants. Ces journées ayant duré, ont obligé le recteur d’alors Bayedalaye Kane à faire appel aux forces de l’ordre à travers une note pour demander assistance et la réglementation du campus social. La note envoyée le 14 Mai, les Gens d’armes ont fait irruption dans le campus le lendemain, c’est à dire le 15. Et, c’est ce jour, le mardi 15 mai 2018 que l’horreur s’est produit. Ils ont commis l’irréparable, arraché un jeune homme de sa famille, ses parents, ses amis, à la fleur de l’âge.
Fustigeant la violation des franchises universitaires, les étudiants se sont ligués pour se défendre contre les forces de l’ordre. C’était le début des échauffourées et après quelques échanges de tirs de grenades lacrymogènes, de jets pierres de l’autre côté, un Gendarme tir le coup mortel qui a atteint directement Fallou Sène, étudiant en deuxième année à la section de français de l’UFR des lettres et sciences humaines. La veille des affrontements, la victime est passé toute la nuit du 14 au 15 mai à célébrer son anniversaire au rythme des « Thiant » du Baye fall en compagnie de ses amis. Natif de Patar dans la région de Diourbel, l’étudiant Fallou Sène était marié et père d’un enfant de moins d’un an.
La mère de la bataille, c’était le paiement tardif des bourses. Ainsi, le Gouvernement au paiement le même jour après la mort du martyr de Sanar. Mais, les étudiants plongés dans l’émoi, la consternation et dans une colère indescriptible vont entamer une grève illimitée qui va durer un mois. Le temple du Savoir est ainsi mis sens dessus, sens dessous, l’Université est plongée dans le chaos total, tout est à terre. Les étudiants n’ont épargné ni campus social ni campus pédagogique. Tous les lieux de l’Université ont été démolis: UFR, rectorat, restaurants, CROUS… ont complètement changé de visage et négativement.
Les étudiants ont entamé par la suite une série de marches pacifiques qui ont pris une tournure nationale. Toutes les Universités se solidarisent pour réclamer justice pour l’étudiant de Saint Louis. Menacé par les étudiants, le recteur Bayedalaye Kane sera vite remplacer par le Pr Ousmane Thiaré et Papa Ibrahima Faye nommé à la tête du CROUS.
Lors de la cérémonie d’inauguration ce mardi 18 décembre à Saint-Louis du monument historique à la mémoire de feu Fallou Sène, les étudiants de l’Ugb ont affiché leur détermination pour que justice soit faite dans cette affaire. Ils dénoncent la passivité du pouvoir qui, décidément ne veut pas mettre la lumière sur cette affaire. D’ailleurs, les étudiants comptent saisir Amnesty International.
Famak – laviesenegalaise.com