TENDANCE : Barbes ou barbichettes, la nouvelle propension chez les jeunes

Tendance juvénile, effet de mode, la barbe est devenue un adjuvant dans le look jeune. Dans les bureaux, les transports en commun ou la rue, les jeunes s’affichent fièrement en barbe ou en barbichette. Cette tendance massive, au grand bonheur des barbishops, est le signe distinctif de bon nombre de gosses qui ont réussi à l’imposer comme critère d’élégance, à l’image des cambrures callipyges qui obsèdent les femmes.Barbes ou barbichettes, la nouvelle propension chez les jeunes

La barbe jusque-là symbole de stigmatisation notamment en occident, refleurit de plus belle au menton de nombre de jeunes. Entretenir et bien tailler sa barbe est, aujourd’hui à la mode. Un petit tour chez le coiffeur du coin, histoire de se faire beau sous le menton. Les lignes de la mode bougent. « La barbichette a ravi la vedette aux lèvres roses des hommes, aux muscles saillants ou aux pantalons serrés », constate Abass Tall, gérant de boutique de mode à Keur Massar Nord. « C’est la revanche de l’accessoire », lâche Aliou Touré qui tient un salon de coiffure dans la banlieue dakaroise. « Comme on dit le diable est dans les détails et c’est le détail qui intéresse les femmes, désormais peu attirées par la constitution physique », persiste Aliou Touré.

La virilité sous le menton.

C’est clair, les femmes aiment les hommes barbus. Sur les réseaux sociaux, foisonnent des publications malicieuses du genre « un homme sans barbe est une princesse ». Pour Ndèye Penda Diop, étudiante en 1ère année de droit à l’université Cheikh Anta Diop (Ucad), « un imberbe n’est pas son genre et ça ne fait pas trop homme ». Pékh atteste : « Quand la barbe pousse plus vite, je me sens plus viril ». Barbu, Modou Anta Sock tient beaucoup à ses poils.

D’aucuns vont jusqu’à dire que sans barbe, on se sentir seul ! En plus d’être une mode, c’est un atout de séduction. Bassirou, jeune marchand ambulant, féru des séries sénégalaises, livre son verdict : « la barbe est à la mode, même dans le monde du septième art, c’est un élément-clé pour construire son image et réussir son casting. Je vois que bon nombre de nos acteurs principaux dans les séries sont des barbus », alerte-t-il.

Mame Marame Dièye est un imberbe. Il voit la barbe autrement. De l’avis de cet ingénieur topographe, les poils sur les joues ne peuvent être considérés comme un critère de virilité. « La virilité sous le menton, ironise-t-il, c’est une farce de mauvais goût ». Kiné Nguer balaie en touche. « La barbe détermine la visibilité corporelle, elle fait le beau gosse, et participe à la constitution physique qui fait craquer bon nombre de femmes », argumente-t-elle. Voilà pourquoi Kiné dit n’avoir d’yeux que pour les hommes barbus. « Je veux un mec en mode boule à zéro avec une barbe bien taillée », confie-t-elle. Awa Diouf abonde dans le même sens. « Une barbe rasée ôte à l’homme tout son sex-appeal », prévient-elle. Toutefois, cette tendance à soigner sa barbe a un prix.

L’économie de la barbe

Il faut, en effet, tout un arsenal de produits pour l’entretenir. Les barbes étant de vrais nids de microbes, il y a de quoi être assidu dans les salons de beauté pour garder son charme. Huile de barbe, gel de rasage et l’huile de rasage à barbe sont essentiels nécessaires à son hygiène et à son plein épanouissement. Une barbe bien ciselée, taillée soigneusement peut aider à dissimuler les petits défauts et à mettre en évidence les qualités d’un visage masculin. C’est la conviction de Ndèye Sidibé, gérante d’une boutique de cosmétique. A l’en croire, l’huile exclusivement destinée à l’usage de la barbe freine les démangeaisons de début de pousse, calme les irritations de la peau et rend la barbe douce et brillante.

Selon la jeune femme âgée d’une trentaine d’années, la recette des huiles est destinée à entretenir la barbe contre les microbes et à la faire pousser. L’effet de mode a boosté le commerce des produits destinés aux soins de la barbe. Ndèye Sidibé admet que c’est un business lucratif. « Pas mal de clients viennent lui demander des conseils sur les produits cosmétiques qui font pousser rapidement la barbe. Les gammes complètes pour soin peuvent coûter jusqu’à 18000 FCFA ». Sa clientèle : des femmes viennent en acheter pour leurs conjoints ou copains.  

« Ma copine m’a offert, récemment, un coffret cadeau soin de la barbe parce qu’elle sait à quel point je tiens à la propreté de ma barbe », témoigne Modou Anta Sock.

Il reste que tous les barbus n’ont pas la même religion. Chez le jeune Blow man, pas de doute, c’est pour attiser le regard des belles filles. Mais, la croyance populaire prend les barbus pour des musulmans rigoristes, des « ibadou rahman ». Elle est alors la manifestation d’une orientation religieuse. Un point de vue que tempère Oustaz Moussa Ndiaye. « Le coran ne comporte ni obligation, ni recommandation concernant le port de la barbe. Il s’agit d’une prescription contenue dans une tradition religieuse ». Il ajoute : « Plusieurs hadiths font référence, notamment ceux rapportés par Al-Bukhari (Sahih al-Bukhari) et Muslim (Sahih Muslim) où il est clairement soutenu ‘différenciez-vous des associateurs : taillez vos moustaches et laissez pousser vos barbes’ ». D’aucuns vont jusqu’à flétrir ceux qui ont la manie de s’amuser avec leur barbe. « C’est une pratique déconseillée par les jurisconsultes musulmans car pouvant entraîner la pauvreté, selon l’avis des docteurs de la loi rapportée par Serigne Souhibou fils d’Ahmadou Bamba, dans son célèbre ouvrage traitant de soufi et de jurisprudence islamique xurratul Ayni », fait savoir Modou Mamour responsable moral d’un dahira mouride.

 

Ibrahima NGOM – laviesenegalaise.com

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