Shopping : A l’Europe, Google répond qu’il n’y a pas de problème de concurrence

Google affirme à la Commission européenne qu’il n’a pas de pouvoir de vie ou de mort sur les comparateurs de prix, qui seraient simplement délaissés par les internautes. En fait, l’entreprise pointe l’importance d’Amazon dans la recherche et la décision d’achat, niant toute position dominante au passage.

« Améliorer la qualité n’est pas anti-concurrentiel, partie II. » C’est le titre de la seconde réponse de Google à la Commission européenne, qui accuse la société d’avoir causé le déclin de comparateurs de prix en Europe, au profit de son service Shopping. Comme l’an dernier, le groupe américain répond qu’il n’y a pas de souci de concurrence, quand bien même l’institution européenne lui a envoyé de nouveaux griefs en juillet dernier.

En fait, la Commission reproche à Google de mettre en avant son service de comparaison de prix dans ses résultats de recherche, au détriment des autres. L’institution bruxelloise estime que cette mise en avant systématique a marginalisé les concurrents, avec une incidence directe sur leur trafic, donc leurs revenus. De même, elle craint que les internautes n’aient simplement plus accès aux meilleures offres. Un point de vue largement défendu par les acteurs derrière l’Open Internet Project, qui contribuent beaucoup au dossier.

Google se dit marginal dans la recherche de produits

Après un délai supplémentaire de trois semaines accordé par la Commission, la réponse de Google à ses accusations est nette : il n’est pas le principal acteur de la recherche et de la comparaison de prix en ligne. Cette place reviendrait à Amazon, largement cité par le moteur de recherche dans son billet de blog. Le groupe américain estime la Commission européenne déconnectée des réalités de la vente en ligne.

Même s’il répond à 90 % des recherches en Europe, il n’aurait qu’une importance toute relative dans l’e-commerce, selon ses propres dires. Par exemple, Google affirme qu’en Allemagne, un tiers des recherches de produits commencent sur Amazon, contre moins de 15 % sur son moteur et 6,7 % sur un comparateur de prix. La transition vers l’Internet mobile, et les applications des cybermarchands, contribueraient à ce mouvement de marginalisation des intermédiaires.

Pour Google, les internautes préfèrent ses publicités

« La preuve est évidente : les utilisateurs peuvent et cliquent où ils le souhaitent, tout comme ils naviguent sur les sites de leurs choix. Tous ces services — les moteurs de recherche, les sites de comparaison de prix, les plateformes marchandes, et les marchands — se font concurrence en matière d’achat en ligne » appuie l’entreprise, visiblement sûre de son fait.

Google centre tout son argumentaire sur l’importance d’Amazon dans les recherches et les comparaisons de fonctions. La régie publicitaire pointe aussi l’émergence d’acteurs comme Facebook, qui offrent de nouveaux canaux pour accéder au consommateur. Qu’il mette en avant son service de comparaison de prix n’aurait donc qu’un effet limité sur la concurrence.

« Il n’existe tout simplement pas de corrélation significative entre l’évolution de nos services de recherche et la performance des sites de comparaison de prix » martèle la société. D’ailleurs, à la demande de la Commission européenne d’afficher les publicités de comparateurs concurrents sur ses pages de recherche, Google répond que les internautes préfèrent ses propres réclames.

Elles n’auraient d’ailleurs pas d’effet prouvé sur le trafic des sites, quand bien même ceux-ci descendent dans l’affichage des pages de résultats. Une affirmation classique de sa part, qui ne suffira peut-être pas à convaincre Bruxelles. Elle estime par ailleurs que les plaintes de quelques acteurs (dont l’OIP) sur des chutes de trafic ne sont pas représentatives du marché.

La réponse aux griefs sur Android dans la semaine

« En somme, nous ne pouvons être d’accord avec ce dossier qui manque de preuves et limiterait notre capacité à améliorer nos produits, simplement pour satisfaire l’intérêt d’un petit nombre de sites » conclut le groupe. Bien entendu, il dit continuer à discuter avec la Commission. Celle-ci devrait d’ailleurs difficilement se contenter d’une telle fin de non-recevoir à ses griefs, s’étant approchée d’une décision de sanction en mai, avant de compléter son dossier avec de nouvelles preuves de mauvaises pratiques en juillet.

Sur le fond, Google maintient sa ligne. L’entreprise affirme simplement que le schéma de recherche « Google, puis comparateur de prix, puis cybermarchand » n’est plus pertinent, donc que les craintes de la Commission sur la concurrence sont caduques. En fait, Google serait simplement l’un des nombreux sites qui « font face à Amazon, de loin le plus grand acteur sur ce secteur ».

C’est aussi aujourd’hui que la société américaine a répondu aux griefs de la Commission sur AdSense for Search, s’étendant bien moins sur le sujet. Elle dit avoir répondu à l’institution, sans plus de détails. Pour mémoire, le groupe est accusé d’empêcher des sites d’afficher les publicités de régies concurrentes sur des pages de recherche comprenant déjà les siennes. D’ici le 11 novembre, le groupe doit également répondre aux accusations d’abus de position dominante via ses services sur Android, auxquels sont liées de nombreuses obligations pour les constructeurs.

Guénaël Pépin,

Journaliste jamais sans sa fibre, spécialiste du marché des télécoms, dénicheur d’initiatives et de replays innovants.

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