Seyni Camara, Malick Fall et Cheikh Tague : « La capacité financière de Wari ne permet pas d’acquérir Tigo »
Si ça ne dépendait que de Seyni Camara, Malick Fall et Cheikh Tague, qui se présentent comme les coactionnaires de Kabirou Mbodje, PDG de Wari, Tigo ne serait pas cédé à cette plateforme numérique. Dans un communiqué diffusé dans la presse, ils invoquent leur doute sur le patriotisme de Mbodje, la capacité financière de son groupe ainsi que ses déboires judiciaires pour disqualifier Wari pour l’acquisition de la société de téléphonie.
« Premièrement, engagent-ils, on pourrait avoir une autre lecture du décret n°2017-1475 du 1er août 2017 qui peut ne pas être considéré comme une injonction de cession, mais plutôt comme un acte d’approbation qui en aucun cas ne dispense les parties prenantes de leurs obligations contractuelles respectives. »
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En clair, même si le décret en question, « approuve » la cession de Tigo à Wari, c’est uniquement sous réserve que l’acquéreur s’acquitte des obligations auxquelles il a souscrit dans le cadre de l’accord conclu avec le vendeur au mois de février dernier. Et sur ce plan, Millicom n’est pas satisfait.
Patriotisme douteux
Dans un communiqué expliquant la cause de l’annulation de la transaction, la société luxembourgeoise a déclaré que Wari n’a pas réglé à temps le prix de la cession (80 miliards de francs Cfa) de l’opérateur de téléphonie. Ce qui justifie sa décision de se tourner vers le consortium Teyliom Telecom, NJJ et Sofima.
Wari n’a pas tardé à réagir. Contestant le revirement de Millicom et menaçant la société d’une plainte.
C’est dans ce contexte que le décret approuvant la cession de Tigo à Wari a été publié. Du côté du groupe de Kabirou Mbodje, on a jubilé, considérant l’aval présidentiel comme une prise de position en leur faveur. Du côté de Tigo, on signale que le décret était dans le circuit avant la brouille entre Wari et Millicom et qu’il a été publié opportunément dans le seul but de tromper l’opinion.
« Kabirou Mbodji, défaillant dans le respect de ses engagements, l’interprète (le décret) en sa faveur et, sans pudeur, tente de toucher la sensibilité du président de la République en louant son patriotisme en guise de remerciement. Il est passé où le sien ? » interroge Seyni Camara, Malick Fall et Cheikh Tague.
« Les Sénégalais ne sont pas dupes et gardent toujours en mémoire la délocalisation inqualifiable de notre cher Wari au Togo, et ce, malgré d’importants dégrèvements fiscaux gracieux de l’État du Sénégal, signalent les « coactionnaires » de Kabirou Mbodje. Yérim Sow a fait fortune à l’étranger, puis est venu sans tambour ni trompette réinvestir au Sénégal. Wari a fait fortune au Sénégal avec le denier de nos compatriotes, puis Kabirou Mbodji est allé la planquer au Togo, mieux encore, avec sa pièce d’identité française. Parlant de préférence nationale, l’opinion saura apprécier qui est vraiment patriote. »
Une puissance financière et casier judiciaire douteux
« Deuxièmement, la capacité financière de Wari ne permet pas d’acquérir Tigo, raison pour laquelle Kabirou Mbodjie court dans tous les sens pour trouver des fonds quels qu’en soient le prix et l’origine, signalent Seyni Camara, Malick Fall et Cheikh Tague. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que des investissements de plusieurs dizaines de milliards de F CFA attendent encore Tigo pour son développement, notamment sur l’acquisition de la licence 4G dont elle ne dispose pas pour le moment. »
Le trio s’interroge : « Quel est avenir de Tigo si son prétendant n’est même pas en mesure d’honorer le prix de cession, qui plus est, Tigo doit traiter avec Wari, une société de droit togolais dont le siège est à Lomé ? » Avant de trancher : » Tigo risque de sombrer, faute d’assise financière, en emportant Wari dans sa chute… «
Le troisième point évoquer par les « coactionnaires » du patron de Wari, c’est le « bilan judiciaire de Kabirou Mbodje et de ses méthodes cavalières en matière de gestion ». Ce qui les pousse à « s’interroger et de s’inquiéter sérieusement quant à la bonne fin du dossier Tigo ».
« Nous rappelons que Kabirou Mbodje, Pdg de Wari, est toujours poursuivi par ses coactionnaires. Il est présentement inculpé pour la deuxième fois pour des faits très graves, notamment pour abus de biens sociaux et augmentation illégale de capital », insistent Seyni Camara, Malick Fall et Cheikh Tague. Qui recommande : « Dans un tel contexte, le secteur des Telecoms devrait jouer la prudence et éviter d’être la « proie » d’un double inculpé. »
Auteur: Seneweb News