SENEGAL – Affaire des lieux de culte, mosquées et églises : le paradoxe Sénégalais

On est décidément dans une période complexe. Une période si paradoxale que l’on peut demander ceci jusqu’à ce que la chose demandée soit accordée, pour ensuite la décliner, comme si jamais on ne l’a voulue.


Il y a de cela peu de temps, le Sénégalais demandait à ce qu’on laisse les mosquées ouvertes. Car, qui sait, les mosquées sont peut-être être des réceptacles de lumière et de bénédiction et laisser les gens y accéder pourrait permettre aux musulmans de décrocher, à travers les prières collectives, assez de miséricorde pour le Coronavirus. Ça a fait du bruit. Il y en a même qui se sont indignés qu’on laisse ouvertes les marchés plus rassembleurs de monde, tout en fermant les mosquées qui n’en amassent que peu. Et, voilà que nous arrivons à un moment où « il faut apprendre à vivre avec le virus » tel préconisé par Macky Sall, le président de la République. Ce virus qui, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « pourrait ne même pas disparaître ».

Dans ce contexte d’évolution alors, Macky Sall décidé de réouvrir Églises et Mosquées. Al hamdou lillahi pour certains, Alléluia pour d’autres: et qu’importe, on peut rejoindre les lieux de culte. Ainsi, la force invisible de la prière permettra-t-elle de vaincre « l’ennemi invisible ». Et que voit-on? Des communiqués, le premier émis par l’Eglise. Ceux de la famille omarienne et de la grande mosquée de Dakar viendront en appoint. Pour dire: « en raison de l’évolution de la pandémie et du nombre de cas qui augmentent de jour en jour. D’ailleurs, le Grand Imam de Dakar, El Hadji Alioune Moussa Samba, rappelle tous les musulmans que la mesure de suspension temporaire des prières à la Grande Mosquée de Dakar reste maintenue. « Il en est de même pour la mosquée Ihsaan de Saint-Louis. Les lieux de culte donc disent la même chose, à savoir que « les raisons évoquées pour la fermeture » des uns comme des autres « restent aujourd’hui plus valables que jamais ».

Ne peut-on pas à partir de là dire que ce même peuple qui demandait l’accès aux lieux de culte décline la liberté d’y aller? Oui, peut-être. Ce dont on est sûr c’est que le Président à proposé le chemin du retour vers les minarets, que son gouvernement a disposé et que le peuple s’est interposé. 

Cependant, quelque part une fidélité à l’esprit de l’Islam préconise la préservation de la vie humaine. « Priez chez vous », dit le muezzin à la place de « venez à la prière » (à la mosquée, comprenons) en des temps tels que celui du Covid-19. Les opposants, et cela ne surprend guère, voient en la décision du Président un aveu d’impuissance face à un « ennemi vicieux ».

La même décision a inspiré ceci aux commentateurs dans les réseau sociaux : Prési nous ouvre les portes de la mosquée, de la rue, de la mort par conséquent (après le discours de Macky Sall à la RTS, les réseaux sociaux se sont enflammés de commentaires de la sorte). Le docteur en communication Sahite Gaye, peut-être, verra se confirmer la théorie de la double injonction contradictoire dont il parlait au début des mesures du couvre-feu. Il voyait dans la stratégie de communication du gouvernement, avec les mesures édictées, une manière de pousser le peuple à l’auto-confinement. Si ce n’est pas vérifié, il reste indéniable qu’avec l’épisode des lieux de culte, l’autodiscipline s’est invitée dans la stratégie du peuple, le principal concerné par la lutte. On a le droit de faire ceci, mais on ne le fait pas, par souci de conservation de sa vie. Prier à la mosquée ou à l’église est louable, mais, il faut être en vie pour le faire. Autant dire que la moquette de la mosquée ou la banquette de l’église ne valent pas un lit d’hôpital qui peut conduire à l’éternelle chambre tombale.

 

 

 

      Moussa  Seck –  laviesenegalaise.com

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