Scandale financier présumé à la Poste : l’État fait le mort

Le scandale financier présumé à la poste dépasse l’entendement, mais le Chef de l’État n’a toujours pas réagi. Entre piques et répliques, accusations et contre-accusations, la poste agonise. Ses maigres ressources pillées. Le silence du Chef de l’État inquiète. 

 

Le président Macky Sall est attendu pour jouer son rôle d’arbitre. 

Dans une déclaration au vitriol, le Syndicat national des travailleurs des postes et des télécommunications (Sntpt) accuse le directeur général et pca de Postefinances d’être «l’instigateur des marchés fantaisistes » qu’il attribuerait à des fournisseurs et entrepreneurs «avant de les parrainer au Centre financier pour des prêts irréguliers ». 


«Ce mercredi 1er décembre 2021, le directeur général de La Poste, par ailleurs pca de la filiale Postefinances, Monsieur Abdoulaye Bibi Baldé, a signé une note de service relevant Monsieur Saliou Fédior de ses fonctions de directeur général de Postefinances. Cette décision illégale, injuste et injustifiée, prise par le pca sans la convocation du conseil d’administration, seul habilité à nommer un dg ou à mettre fin à ses fonctions, est d’autant plus troublante qu’elle intervient dans un contexte particulier dans la marche de l’entreprise » , renseigne le Sntpt.


En effet, «sur la base de rapports d’inspection et d’audit effectués à l’agence Malick Sy et au Centre financier de Dakar un déficit de plus d’un milliard sept cent millions (1,7 milliards) Fcfa est décelé. En toute responsabilité, le directeur général de Postefinances a introduit une plainte pour détournement de deniers publics contre les agents mis en cause. Cette posture est des plus normale et traduit une volonté ferme de faire la lumière sur ce scandale financier sans précédent. Au lieu d’être encouragé et soutenu par monsieur Abdoulaye Bibi Baldé, le dg de Postefinances reçoit des menaces, des diabolisations, des accusations gratuites pour tenter de le dissuader dans sa détermination à aller jusqu’au bout », déplore le Sntpt.


Pour les membres, «s’il en est ainsi, c’est certainement parce que ces dossiers cachent bien une mafia scandaleuse autour d’une délinquance financière impliquant des personnes insoupçonnées. En agissant de la sorte, avec désinvolture et au mépris de toute la légalité, Abdoulaye Bibi Babldé avoue sa complicité active dans ce « tong-tong » des maigres ressources de La Poste dans un contexte où la situation financière est à l’asphyxie. Non content d’avoir instauré une gestion clanique et gabegique, il est le parrain de la mafia à Postefinances par une prévarication des deniers publics. Si des fournisseurs, entrepreneurs et autres hommes d’affaires sont cités dans ce détournement, il demeure évident qu’ils ont certainement profité de sa couverture personnelle pour accéder à ces fonds indus. Pire, il est l’instigateur des marchés fantaisistes qu’il attribue à ces mêmes fournisseurs et entrepreneurs avant de les parrainer au Centre financier pour des prêts irréguliers », accuse le Sntpt rappelant que c’est Abdoulaye Bibi Baldé «lui-même qui a choisi le chef dudit Centre contre l’avis de l’ex-dg, évincé, lui aussi, pour sa décision de mettre fin aux services du chef d’agence de Malick Sy, admis à la retraite depuis longtemps et maintenu par les soins d’Abdoulaye Bibi Baldé par le renouvellement de son contrat de prestataire ».


Ainsi, «ce scandale grotesque n’est que la conséquence inéluctable des pratiques grossières instituées depuis des années et perpétuées dans des proportions inimaginables par l’actuel directeur général. Fidèle à sa ligne syndicale qui promeut la transparence dans la gestion et l’équité dans le traitement des travailleurs, le Sntpt exige, sans aucune concession possible, que toute la lumière soit faite et les responsabilités situées. Il dénonce les agissements d’Abdoulaye Bibi Baldé qui ne sont mus que par sa volonté d’étouffer cette affaire sous la pression suffocante de personnes impliquées dans le dossier. Mais son entreprise loufoque sera vaine. Qu’il se le tienne pour dit : le Sntpt suit avec intérêt la procédure engagée et déploiera tous les moyens à sa disposition pour que la vérité éclate », mettent en garde les syndicalistes.
Au demeurant, «les travailleurs de La Poste interpellent le Président de la République sur la gestion désastreuse de Abdoulaye Bibi Baldé avec son lot de manigances préjudiciables, de manipulations perfides et de boulimie financière insolente ». Car, selon eux, «La Poste a tant souffert de l’incompétence et de l’inconscience professionnelle du directeur général Abdoulaye Bibi Baldé ; il est temps de sonner la fin de la récréation et d’insuffler un vent frais porteur d’espoir ».

 

Avec Libération

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