Sadiq Khan, un musulman élu maire de Londres. Le parti travailliste a revendiqué ce vendredi 6 mai la victoire de son candidat Sadiq Khan à la mairie de Londres. Il devient ainsi le premier édile musulman d’une grande capitale occidentale.
Un nouveau maire pour Londres. Alors que les résultats officiels du scrutin organisé jeudi sont attendus dans la soirée, le candidat travailliste Sadiq Khan (44% des suffrages) devance de 9 points le conservateur Zac Goldsmith (35%).
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A 45 ans, Sadiq Khan succède à l’excentrique conservateur Boris Johnson, un partisan d’une sortie de l’Union européenne à qui l’on prête l’ambition de devenir Premier ministre.
Député de Tooting, un quartier populaire du sud de Londres, ancien avocat au tempérament énergique, ancien ministre, Sadiq Khan a promis de répondre aux problèmes les plus criants de la capitale, dont la population a augmenté de 900.0000 habitants en huit ans pour atteindre 8,6 millions : logements inabordables, transports saturés et pollution.
Pendant la campagne électorale londonienne, face aux violentes attaques des conservateurs, qui l’ont accusé d’accointance avec les extrémistes islamistes, il s’est dit “déçu” mais a évité la surenchère. Il s’est contenté de rappeler qu’il a toujours dénoncé le radicalisme, a voté pour le mariage homosexuel – ce qui lui a valu des menaces de mort – et a fait campagne pour sauver son pub de quartier.
“Je dois tout à Londres”
Sadiq Khan peut savourer sa victoire: ce fils d’un chauffeur de bus pakistanais devient le troisième maire de Londres depuis la création de cette fonction en 2000 et le premier maire musulman d’une grande capitale occidentale.
Pourtant, il y a quelques mois encore, il disait n’avoir “jamais imaginé” être choisi pour concourir à ce poste. Contrairement à la plupart de la classe politique britannique, il a fréquenté le lycée public de son quartier, pas franchement réputé, et l’université de North London.
De cette éducation publique et gratuite, il se dit très reconnaissant. “Je dois tout à Londres”, répète l’homme aux origines très modestes.
De la boxe contre ceux qui le traitent de “Paki”
Sadiq Khan est né en 1970 dans une famille pakistanaise récemment immigrée au Royaume-Uni. Il a grandi dans un lotissement HLM à Tooting, quartier populaire du sud de Londres, avec ses six frères et sa soeur. Son père était chauffeur de bus, sa mère couturière.
A l’école, il veut d’abord étudier les sciences pour devenir dentiste. Mais un de ses professeurs a repéré son don pour les joutes oratoires et l’oriente vers des études de droit. Il sera donc avocat, spécialisation droits de l’Homme, ce qui lui vaut de présider pendant trois ans l’ONG Liberty.
Dans la rue aussi, Sadiq Khan est accrocheur : enfant, il fait de la boxe pour pouvoir plus facilement rabattre le caquet de ceux qui osent le traiter de “Paki”, insulte raciste envers les personnes d’origine pakistanaise.
A 15 ans, il adhère au parti travailliste. Il est élu conseiller municipal de Wandsworth, dans le sud de Londres, en 1994, jusqu’en 2006. En 2005, il abandonne sa carrière d’avocat pour se faire élire député de Tooting, où il vit toujours, avec sa femme Saadiya, avocate, et ses deux filles adolescentes.
Trois ans plus tard, Gordon Brown lui offre le poste de ministre chargé des communautés, puis celui des Transports l’année suivante. Il devient le premier musulman à siéger au cabinet d’un Premier ministre britannique.
Désormais maire de Londres, à ceux qui le voient désormais en position de briguer la tête du Labour et dans la foulée le poste de Premier ministre, il affirme ne pas avoir cette ambition. Maire de Londres, “c’est une fin en soi”, a-t-il affirmé.
Avec AFP via Afrique360