Quand Mamadou Fall Kane de Cos-Petro Gaz prend le contre-pied du Président Macky Sall

Invité du Jury du dimanche (JDD), en face du journaliste Mamoudou Ibra Kane, le Secrétaire permanent adjoint du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-petrogaz), Mamadou Fall Kane, parlant de l’enquête de la BBC, évoquait « un scandale à 10 milliards de versions ». Il en a rajouté une! 

En effet, Monsieur Mamadou Fall Kane a déclaré face à Mamoudou Ibra Kane qu’«il n’y aura pas de renégociation des contrats pétroliers et gaziers» du Sénégal. En disant cela, il ne s’est peut être pas rendu compte qu’il rame à contre-courant du Président Macky Sall qui avait déjà plaidé depuis 2018, la renégociation des contrats portant sur les ressources naturelles.

« Le moment est venu de renégocier tous ces contrats portant sur les ressources naturelles en Afrique » avait déclaré Macky Sall à l’occasion de l’ouverture, en mai 2018, de la 3e Assemblée générale de l’Association des autorités anti-corruption d’Afrique (AAACA) à Dakar. Pour le chef de l’Etat, c’est une condition préalable du développement du continent à un moment où plus que jamais, les pays africains ont besoin de tirer pleinement profit de leur potentiel en la matière afin de mieux soutenir leur stratégie de croissance au service de leurs citoyens, des propos rapportés par afrique.latribune.fr.

« On vous dira que l’obstacle c’est la stabilité juridique des contrats. Mais si nous ne nous arrêtons pas à un moment donné, l’Afrique continuera à voir ses ressources naturelles partir. Et nous n’aurons plus que le trou béant abandonné après l’exploitation de nos mines, de nos carrières, de notre pétrole et de notre gaz. (…). Donc, il faut des renégociations pour toutes ces conventions. C’est un grand combat. Il faut aussi que l’Afrique harmonise ses législations ». Macky Sall

« C’est un combat! » a certes reconnu le président Sall qui n’a pas manqué de rappeler les obstacles juridiques que cela va engendrer. Cependant, a-t-il estimé, si les pays africains s’engagent à faire front commun, cela est possible et l’enjeu en vaut la peine. « On va vous dire que la Côte d’Ivoire est plus ouverte que le Sénégal en matière de promotion ou bien que le Niger offre telle situation. Evidemment, si nous sommes en compétition entre nous, nous subirons malheureusement la loi de l’offre et de la demande », a laissé entendre le chef de l’Etat sénégalais.

Le Sénégal va montrer l’exemple

Sur la même lancée, le président sénégalais a indiqué que l’enjeu, c’est aussi que l’Afrique doit se battre pour lutter contre l’érosion fiscale. « J’ai fait ce plaidoyer pour que l’OCDE travaille à faire en sorte que la richesse paie les taxes là où elle et produite », a ajouté Sall qui a souligné avoir déjà engagé un plaidoyer en ce sens depuis plusieurs années auprès des principales instances panafricaines et internationales.

« Je mène un combat maintenant depuis 5 ans au G7, au G20 et à l’UA pour dire que l’Afrique doit aussi se battre farouchement contre l’évasion fiscale. Les compagnies internationales agissent sous le couvert du droit international, des codes miniers, des codes pétroliers qui ont été érigés en des contextes où on demandait à l’Afrique de s’ouvrir à l’investissement international, et qu’il fallait tout donner gratuitement. Il n y a quasiment pas de fiscalité ou très peu de fiscalité ». Macky Sall

Afin de donner l’exemple, le président Macky Sall a lancé une large concertation nationale pour une « gestion transparente des ressources naturelles » du pays qui se prépare à entrer dans le hub des producteurs de gaz et de pétrole. A cette concertation nationale, le président Sall avait invité « la société civile, l’opposition et les forces vives de la nation qui devraient trouver les moyens de gérer les ressources gazières et pétrolières, dans l’intérêt exclusif des populations sénégalaises ».


Dimanche, invité de l’émission « Jury du dimanche » sur Iradio, le Secrétaire permanent adjoint du Cos-Petro Gaz a pris le contrepied du chef de l’État. « Il n’est pas envisageable. Il n’y aura pas renégociation de quoi que ce soit, parce qu’il y a la protection juridique des investissements. Les contrats ont été bien signés et sont en ligne », a déclaré Mamadou Fall Kane.

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