Présidentielle au Kenya : Uhuru Kenyatta donné vainqueur avec près de 98 % des voix

Le Kenya a vécu, jeudi 26 octobre, une nouvelle présidentielle après l’annulation du scrutin d’août dernier. Cela ne semble pas avoir ramené la sérénité dans le pays, puisque cette deuxième élection a été boycottée par le leader de l’opposition, Raila Odinga. Le vote est marqué par une forte abstention (33 % de participation selon la Commission électorale, l’IEBC), et des incidents ont émaillé la journée. Quatre personnes ont été tuées dans des affrontemements avec la police. Ce vendredi, les premiers chiffres tombent : les médias annoncent une victoire du président sortant. Le scrutin prévu samedi dans les bastions de l’opposition a été à nouveau reporté pour des raisons sécuritaires.

Les médias kényans font les comptes au fur et à mesure que les formulaires de résultats sont mis en ligne par la Commission électorale. Selon la chaîne KTN, le président Uhuru Kenyatta obtiendrait près de 98 % des voix, contre moins de 2 % donc pour son adversaire, Raïla Odinga et quelques dizaines ou centaines de votes pour les autres candidats.

Ces chiffres sont encore provisoires. Seule l’IEBC peut donner les résultats définitifs. Mais ces chiffres sont tout sauf une surprise, puisque l’opposition s’est retirée et que ses supporters ont boycotté en masse, l’objectif étant notamment de délégitimer Uhuru Kenyatta, qu’il soit mal réélu, sachant que la coalition d’opposition NASA entend bien continuer la lutte, « la résistance » comme elle dit, pour un nouveau scrutin sous 90 jours.

Un Kenya coupé en deux

Le pays est divisé, avec d’un côté, des électeurs souhaitant exercer leurs droits, en finir avec ce processus électoral interminable, et relancer une économie en souffrance. De l’autre côté, les partisans de l’opposition, fidèles à leur chef Raila Odinga, refusent catégoriquement de cautionner ce vote. Résultat, dans une partie des bureaux, le scrutin s’est déroulé dans le calme, mais sans grand enthousiasme.

Rien à voir avec la ferveur du mois d’août, où des centaines de personnes avaient parfois attendu toute la nuit pour voter. Cette fois, dans les bastions de la NASA, beaucoup ont boycotté et même bloqué l’accès aux bureaux, à l’aide de barricades, en soudant les portails, voire en y accrochant des animaux morts. Tout cela a entraîné des affrontements violents avec la police. Les forces de sécurité ont tenté de repousser les protestataires pour pouvoir ouvrir plusieurs bureaux.

5 000 bureaux n’ont pas ouvert

Au final, dans ces secteurs, très peu de gens se sont risqués à aller mettre un bulletin dans l’urne, sous peine d’être pris à partie ou blessés dans les violences. Plus de 5 000 bureaux n’ont pas ouvert, selon la Commission électorale, qui a dû reporter l’élection dans les comtés de Kisumu, Migori, Homa Bay et Siaya. Tous ces endroits sont des places fortes de l’opposition.

Jeudi soir, l’IEBC a annoncé une participation de 48 %. Un chiffre rectifié un peu plus tard : 33 % de participation, soit bien loin des quelque 80 % du mois d’août. Un mauvais cadeau pour Uhuru Kenyatta, qui vient de fêter ses 56 ans.

Report sine die du scrutin prévu samedi dans les 4 comtés de l’Ouest

Un révérend a dit que « ce n’était pas acceptable, qu’organiser un vote dans ces quatre comtés allait entraîner un bain de sang à cause des brutalités de la police. Le pouvoir est déterminé à entrer dans une spirale meurtrière, à un moment notre peuple devra se défendre », a déclaré le religieux, avant de dire que « la vie d’un émeutier de Kisumu avait autant de valeur que celle des enfants du ministre de l’Intérieur ou même du président Kenyatta ».

Il a conclu en demandant le retrait des forces de sécurité et au président de la Commission électorale de venir retirer les urnes de la région. L’opposition a donné une conférence de presse en début d’après-midi. La Nasa estime que le pouvoir a militarisé les élections et il demande à l’IEBC d’annuler ce scrutin.

Vendredi après-midi, la Commission électorale a annnoncé le report  du scrutin prévu samedi dans les quatre comtés de l’ouest du pays. En raison des menaces pesant sur le personnel électoral, l’IEBC a décidé de « reporter l’élection qui devait avoir lieu samedi à une date qui sera annoncée dans les jours prochains », a déclaré le président de la Commission électorale Wafula Chebukati

 

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