Présidentielle 2024 : Une préparation mentale et politique pour faire passer la candidature de Macky Sall

A moins de 14 mois de l’élection présidentielle de 2024, la question de la candidature ou non du Président Macky Sall à ce scrutin continue d’alimenter le débat politique. Avec des observateurs du champ politique, «L’Observateur» analyse l’approche communicationnelle des partisans du chef de l’Etat, dressant des stratégies pour imposer la candidature de Macky Sall dans l’esprit des Sénégalais.

Dans un entretien accordé au journal américain «New York Times», en marge du Sommet Etats-Unis / Afrique, Macky Sall a maintenu sa ligne – ni oui ni non – sur sa candidature en 2024.

Macky Sall: «il est normal que je sois critiqué dans mon action politique, pas seulement dans mon travail de Président. Il est clair qu’aujourd’hui, il n’y a pas de débat juridique. Maintenant que je sois candidat ou non, c’est ma décision. Et quand je me déciderai, je le ferai savoir au peuple sénégalais.»

Auparavant, c’était au chef du Gouvernement de livrer sa réponse sur la question du 3ème mandat. Interpellé à plusieurs reprises sur la question, le Premier ministre Amadou Bâ, venu présenter sa Déclaration de politique générale (DPG) devant la Représentation nationale, s’est montré fidèle et loyal au patron de l’Alliance pour la République (Apr). Face aux questions embarrassantes des députés de l’opposition, le chef du gouvernement a renvoyé les parlementaires à l’article 27 de la Constitution qui stipule que «le mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs».

«On prépare l’opinion dans l’éventualité d’une candidature»

Mais en répondant à l’opposition, c’est comme si Amadou Ba n’était pas convainquant pour ses partisans de Benno. Et c’est le député-maire de Agnam, Farba Ngom, qui monte au perchoir pour créer une poussée d’adrénaline dans l’opposition. Le «Griot du Président» a rappelé que Macky Sall reste et demeure leur candidat pour la Présidentielle de 2024. Un acte symbolique à moins de 14 mois de la Présidentielle de 2024.

Pour le journaliste-sociologue Pathé Mbodj, c’est tout à fait normal que les partisans du chef de l’Etat continuent de soutenir sa candidature. «C’est dans l’ordre normal des choses. Ils ne peuvent pas dire autre chose. Donc, il ne faudrait pas que ça soit un élément perturbateur qui voudrait dire que le Président serait candidat. C’est comme dire que Karim Wade est le candidat du Parti démocratique sénégalais. Depuis 2012, les partisans du Pds sont invariables sur cette question», rappelle Pathé Mbodj. Pour le journaliste-sociologue, c’est cela la logique partisane, politique ou administrative, mais ça ne veut pas dire que Macky Sall sera candidat.

En revanche, Pathé Mbodj souligne que lorsque Macky Sall dit lui-même, que sa candidature serait légalement recevable, il épouse un peu le continuum de ce que disent ses partisans, mais sans dire qu’il serait candidat. La seule nuance dans cette question, d’après Pathé Mbodj, c’est qu’il y a un pas en avant. Parce que dans le gros de sa déclaration aux Etats-Unis, Macky Sall précise que le moment venu, il dira s’il serait candidat ou pas.

Pathé Mbodj: «Le petit bémol, c’est quand il (Macky) dit: «Ma candidature serait légale». C’est un bon pas. Mais si on veut faire dans le sensationnel, on peut dire que Macky sera candidat. L’autre lecture, c’est que ces sorties pourront aider à amortir le choc. Celui de la candidature ou de la non-candidature. De toute façon, on prépare l’opinion dans l’éventualité d’une candidature. Et c’est sûr qu’en fonction de ce qu’il y a devant avec l’opposition, Macky ne cracherait pas sur un second quinquennat ou un troisième mandat».

«Stratégies politiques pour déstabiliser les plans de ses adversaires»

Pour sa part, l’enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb), Moussa Diaw, souligne que c’est un sérieux problème que les partisans de Macky Sall ont, en refusant de respecter les textes du pays. Car, d’après le Professeur Diaw, aujourd’hui, même si Macky Sall est leur candidat naturel, il ne peut pas se présenter à la prochaine élection présidentielle parce qu’il a fait deux mandats consécutifs.

Pour lui, le problème du mandat a été réglé par la Constitution. «Le reste est une question d’interprétation et c’est de la politique. Certains de ses partisans veulent qu’il continue, mais en sentant qu’il y a une barrière, ils veulent se cacher derrière le Conseil constitutionnel. Mais le Conseil constitutionnel ne peut pas le protéger. Car si on fait une lecture selon ce qu’il (Macky Sall) nous avait présenté comme étant un garant pour éviter toute dérive et manipulation de la Constitution pour rester au pouvoir, il ne peut pas être candidat. A ce niveau, il n’y a même pas débat».

Pour tout ce qui reste, ce sont des stratégies politiques pour déstabiliser les plans de ses adversaires.

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